Ma destinée s’égrène en notes de fado
Volées à cet aveugle assis à Serzedo,
Sur une chaise verte, auprès des tourterelles
Étourdies au soleil, qui font danser leurs ailes.
mercredi 31 décembre 2014
mardi 30 décembre 2014
Ubiquité
Être ici, être là ? Je me délocalise
Et mon espace-temps s’en va comme une brise,
Un parfum de néant grimpe au-dessus des toits,
Dedans les yeux fermés, dehors sans avoir froid.
Et mon espace-temps s’en va comme une brise,
Un parfum de néant grimpe au-dessus des toits,
Dedans les yeux fermés, dehors sans avoir froid.
lundi 29 décembre 2014
Mots doux
Je t’écris cette lettre en choisissant les mots
Non convenus de nous, ceux d’un zélé grimaud,
Comme les fleurs aux temps que nous fûmes complices,
En un bouquet des champs, heureux qui comme Ulysse…
Non convenus de nous, ceux d’un zélé grimaud,
Comme les fleurs aux temps que nous fûmes complices,
En un bouquet des champs, heureux qui comme Ulysse…
dimanche 28 décembre 2014
Poignards
Tu lances les couteaux sans que ta main ne tremble
Autour de l’homme en croix qui te regarde et semble
Accueillir chaque fois le fer avec humeur
Comme si tu voulais lui transpercer le cœur.
Autour de l’homme en croix qui te regarde et semble
Accueillir chaque fois le fer avec humeur
Comme si tu voulais lui transpercer le cœur.
samedi 27 décembre 2014
Passée
Les traces de tes pas dans cette neige fondent,
Un soleil d’ambre gris lentement les fait rondes :
Es-tu venue, partie ? Quand s’efface le sens,
Il reste le désir, l’écho de ta présence.
Un soleil d’ambre gris lentement les fait rondes :
Es-tu venue, partie ? Quand s’efface le sens,
Il reste le désir, l’écho de ta présence.
vendredi 26 décembre 2014
La dernière statue
Devant le château rouge onze statues se tiennent,
Attendant la douzième en deux files anciennes.
Au pied, le jardinier, dans un sarrau de lin,
Pousse une feuille morte. Il se nomme Merlin.
Attendant la douzième en deux files anciennes.
Au pied, le jardinier, dans un sarrau de lin,
Pousse une feuille morte. Il se nomme Merlin.
jeudi 25 décembre 2014
Vivres
Des saveurs de l’automne au temps des premiers froids,
Les pommes sont restées, les noisettes, les noix
Dans les caisses de bois empilées sans manière.
Au-dehors le vent souffle et le gel vient derrière.
Les pommes sont restées, les noisettes, les noix
Dans les caisses de bois empilées sans manière.
Au-dehors le vent souffle et le gel vient derrière.
mercredi 24 décembre 2014
Santon
Un peu d’argile blanche en âme façonnée,
Quelques vives couleurs au visage données
Puis un passage au four sous l’ardente chaleur,
Enfin dans une étable attendant le Sauveur.
Quelques vives couleurs au visage données
Puis un passage au four sous l’ardente chaleur,
Enfin dans une étable attendant le Sauveur.
mardi 23 décembre 2014
Descente
La cage d’escalier court après les paliers,
Quelques pavés de verre essaient de l’égayer.
Je descends tout léger sans que je les effleure :
En rêve les volées de marches sont des leurres…
Quelques pavés de verre essaient de l’égayer.
Je descends tout léger sans que je les effleure :
En rêve les volées de marches sont des leurres…
lundi 22 décembre 2014
Libres mots
Les mots sont indociles et peuvent au détour
D’une phrase attendue, donner au troubadour
Une fugue jolie que son luth accompagne,
Au ciel alors les mots et les notes se joignent.
D’une phrase attendue, donner au troubadour
Une fugue jolie que son luth accompagne,
Au ciel alors les mots et les notes se joignent.
dimanche 21 décembre 2014
Réponse
Lorsque tu as dit non, le ciel s’est fait montagne
Et les pierres ont chu, lacérant la campagne.
Alors, je suis allé trembler dans un fossé.
Le corps est aux abois, le cœur est cabossé.
Et les pierres ont chu, lacérant la campagne.
Alors, je suis allé trembler dans un fossé.
Le corps est aux abois, le cœur est cabossé.
samedi 20 décembre 2014
Sillons
Les blés pointent du sol, je sens comme une aubaine
À venir. Les corbeaux sages sont dans la plaine.
À ces terres blessées par les labours d’hiver
Je pense, et la vie va, ses amours, ses revers.
À venir. Les corbeaux sages sont dans la plaine.
À ces terres blessées par les labours d’hiver
Je pense, et la vie va, ses amours, ses revers.
vendredi 19 décembre 2014
Des oies
Sur les ailes des oies, je me suis envolé
Jetant sur notre monde un regard affolé,
Le gris plombé des cieux, les sanies de la terre,
Entre deux, la beauté qui vole sans se taire !
Jetant sur notre monde un regard affolé,
Le gris plombé des cieux, les sanies de la terre,
Entre deux, la beauté qui vole sans se taire !
jeudi 18 décembre 2014
Bois ardent
Sous le chêne branchu, du temps des fiançailles,
Il s’en fallut de peu que l’un, l’autre défaille,
Adossés, enlacés, puisant dans ses rameaux,
La force de s’aimer bien au-delà des mots.
Il s’en fallut de peu que l’un, l’autre défaille,
Adossés, enlacés, puisant dans ses rameaux,
La force de s’aimer bien au-delà des mots.
mercredi 17 décembre 2014
Être soi
Les sables colorés sur le jade qui brûle
Au froid lent des glaciers, finement s’articulent.
Un gong étend l’espace aux pieds du pèlerin
Qui perçoit que le but est d’aller à son train.
Au froid lent des glaciers, finement s’articulent.
Un gong étend l’espace aux pieds du pèlerin
Qui perçoit que le but est d’aller à son train.
mardi 16 décembre 2014
La nuit d’après
Retour dans un brouillard, essuie-glaces loquaces,
Il fait nuit bien trop tôt, je suis pris dans la nasse.
On s’est dit au revoir, on a fait comme si.
Je reviendrai demain. Chaque heure est un sursis.
Il fait nuit bien trop tôt, je suis pris dans la nasse.
On s’est dit au revoir, on a fait comme si.
Je reviendrai demain. Chaque heure est un sursis.
lundi 15 décembre 2014
Casse
La voiture est broyée sous la patte hydraulique
Et dans l’air gras, j’entends les cris volumétriques.
Auprès, les étourneaux volent en bataillon,
Des carcasses de fer parfois s’ouvre un hayon.
Et dans l’air gras, j’entends les cris volumétriques.
Auprès, les étourneaux volent en bataillon,
Des carcasses de fer parfois s’ouvre un hayon.
dimanche 14 décembre 2014
À la soupe
La soupe chaude fume et ses croûtons de pain
Se noient tout en douceur. Je prends mon calepin,
Note : « Un naufrage encor ». Je pêche à la cuillère,
À point, je les saisis, dures, tendres chimères.
Se noient tout en douceur. Je prends mon calepin,
Note : « Un naufrage encor ». Je pêche à la cuillère,
À point, je les saisis, dures, tendres chimères.
samedi 13 décembre 2014
Orbes
Le galbe se déploie dans l’alliance des sphères,
Un instant j’en perçois la beauté singulière,
Épanouissement vers la forme achevée,
Je laisse aller mon corps, dans la vague, lavé.
Un instant j’en perçois la beauté singulière,
Épanouissement vers la forme achevée,
Je laisse aller mon corps, dans la vague, lavé.
vendredi 12 décembre 2014
Collapsus
La matière se tend du vide qu’elle recèle
Entre les deux états, nue, la raison chancelle,
Emportée par le flot des béances du cœur,
La conscience de n’être et de naître la peur…
Entre les deux états, nue, la raison chancelle,
Emportée par le flot des béances du cœur,
La conscience de n’être et de naître la peur…
jeudi 11 décembre 2014
Blason d’or
Les heaumes sont enfouis dans la prairie des morts.
Juste à deux pas, on dit qu’un preux chevalier dort.
Y fleurit chaque année cette couronne vive :
Un cercle de lotiers, jaune au cœur, sang de rive.
Juste à deux pas, on dit qu’un preux chevalier dort.
Y fleurit chaque année cette couronne vive :
Un cercle de lotiers, jaune au cœur, sang de rive.
mercredi 10 décembre 2014
Histoire d’amour
Un rouage qui casse, une ultime saccade,
Un automate meurt de battre la chamade
En fixant pour toujours la ballerine Eva
De la boîte à musique, aux amours, adieu-va !
Un automate meurt de battre la chamade
En fixant pour toujours la ballerine Eva
De la boîte à musique, aux amours, adieu-va !
Impermanence
La masse d’eau s’étire en ciel de traîne gris,
Grande bête liquide, indolente soierie,
Qui doucement dérive au bord de la cascade
Et se métamorphose en farouches naïades.
Grande bête liquide, indolente soierie,
Qui doucement dérive au bord de la cascade
Et se métamorphose en farouches naïades.
lundi 8 décembre 2014
Cœur du monde
Ainsi mon corps balance au centre du jardin,
Roseraie mariale, arcane où tout soudain
Le labyrinthe perd ce que la pensée gagne,
Autour le monde bruit de mille herbes compagnes.
Roseraie mariale, arcane où tout soudain
Le labyrinthe perd ce que la pensée gagne,
Autour le monde bruit de mille herbes compagnes.
dimanche 7 décembre 2014
Distillation
Les frimas sont venus sur les rameaux fragiles
Et sur un lent tempo, la sève se faufile.
À veine épanouie, mon sang joliment court,
Sur le papier, la plume, à l’encre fait la cour.
Et sur un lent tempo, la sève se faufile.
À veine épanouie, mon sang joliment court,
Sur le papier, la plume, à l’encre fait la cour.
samedi 6 décembre 2014
Effet de serre
Kerūb était juché sur la plus haute tour,
Immobile chimère attendant Son retour,
Lige, entre les statues figées, de la Déesse
Océane, au dégel, revenant vengeresse.
Immobile chimère attendant Son retour,
Lige, entre les statues figées, de la Déesse
Océane, au dégel, revenant vengeresse.
vendredi 5 décembre 2014
Dissonance
Je suis assez féru des mélodies bancales
Au bord d’un contre-poing qui cogne où ça fait mal,
Du comma sacrifié, du tempo malvenu,
De la voix qui s’éraille au sanglot retenu.
Au bord d’un contre-poing qui cogne où ça fait mal,
Du comma sacrifié, du tempo malvenu,
De la voix qui s’éraille au sanglot retenu.
jeudi 4 décembre 2014
Pat
Échiquéenne route aux bras entrelacés
Qui coûte à l’un ou l’autre une défaite assez,
Par pièce interposée, sur ses cases j’avance
En rêvant qu’entre nous se réduit la distance…
Qui coûte à l’un ou l’autre une défaite assez,
Par pièce interposée, sur ses cases j’avance
En rêvant qu’entre nous se réduit la distance…
mercredi 3 décembre 2014
Simulacre
Dans le salon cossu, les agapes sont lasses,
Accord en fat mineur des premiers de la classe,
Imitant la vraie vie, sans ressentir de faim.
Dehors, le vent maraude et cherche les défunts.
Accord en fat mineur des premiers de la classe,
Imitant la vraie vie, sans ressentir de faim.
Dehors, le vent maraude et cherche les défunts.
Porte des songes
De l’éveil à l’oubli, cet instant si fugace,
Où le rêve brasille encore, en messe basse,
Ébranle ma raison, laisse passer le flux
D’une sagesse dense au bord de l’absolu.
Où le rêve brasille encore, en messe basse,
Ébranle ma raison, laisse passer le flux
D’une sagesse dense au bord de l’absolu.
lundi 1 décembre 2014
Vers de terre
Ils jaillissent d’en bas, ces mots de langue osée,
Se condensent, vêtus de gouttes de rosée,
Je te les donne dans une poignée de terre,
Aimant cet élément, le plus élémentaire…
Se condensent, vêtus de gouttes de rosée,
Je te les donne dans une poignée de terre,
Aimant cet élément, le plus élémentaire…
dimanche 30 novembre 2014
Tropisme
La lumière est trop vive à vouloir s’étaler
En nappe coruscante ; il faut sans cesse aller
Non pas vers la noirceur mais passer le mirage,
Aller se noyer dans l’eau fraîche des ombrages.
En nappe coruscante ; il faut sans cesse aller
Non pas vers la noirceur mais passer le mirage,
Aller se noyer dans l’eau fraîche des ombrages.
samedi 29 novembre 2014
Grands pas
Josh aux grands pas s’en vient, son bâton plein de runes,
Avec son vieux velours, sa veste de fortune.
Il enseigne aux enfants des contes singuliers
Qui longtemps dans le noir les tiendront éveillés.
Avec son vieux velours, sa veste de fortune.
Il enseigne aux enfants des contes singuliers
Qui longtemps dans le noir les tiendront éveillés.
vendredi 28 novembre 2014
Au fond des bois
Les chenilles de bois s'allongent sur la terre
En colonnes sans âme (il faut jauger les stères)
Or dans les interstices un lérot s'est niché :
Tout près, Dame belette est à l'affût, juchée.
En colonnes sans âme (il faut jauger les stères)
Or dans les interstices un lérot s'est niché :
Tout près, Dame belette est à l'affût, juchée.
jeudi 27 novembre 2014
L’entre-mots
Entre les mots gravés, sais-tu lire les choses,
Une virgule, un point, une espace qui ose,
Et sais-je si le sens s’accroche au vide autant
Qu’au plein ? Le doux vélin me touchera longtemps.
Une virgule, un point, une espace qui ose,
Et sais-je si le sens s’accroche au vide autant
Qu’au plein ? Le doux vélin me touchera longtemps.
mercredi 26 novembre 2014
Nuit et jour
La nuit pourpre distille en secret les émois
Qui du jour ont volé le temps de vous à moi.
Le désir me disperse et la nuit me concentre
Au point que rarement, dans le mystère, j’entre.
Qui du jour ont volé le temps de vous à moi.
Le désir me disperse et la nuit me concentre
Au point que rarement, dans le mystère, j’entre.
mardi 25 novembre 2014
À pied
Nous courrions à la fraîche entre les brumes d’or,
Cadencés par le souffle et tes hanches, au bord
Des chemins de fortune, au gré de nos silences,
Et nos foulées vivaient à pleine connivence.
Cadencés par le souffle et tes hanches, au bord
Des chemins de fortune, au gré de nos silences,
Et nos foulées vivaient à pleine connivence.
lundi 24 novembre 2014
Discernement
Le parc est entouré d’un mur de briques jaunes,
Une fissure y court et derrière une faune
Étrange s’y ébat, qu’à peine je perçois :
La réalité passe et ne va pas de soi.
Une fissure y court et derrière une faune
Étrange s’y ébat, qu’à peine je perçois :
La réalité passe et ne va pas de soi.
dimanche 23 novembre 2014
Terminus
Au quai du Sans retour, assise, je t’ai vue,
Ton grand chagrin d’amour en guise de vertu,
Mais tu tremblais un peu dans ton manteau de laine
Alors j’ai su que le chagrin cachait la peine.
Ton grand chagrin d’amour en guise de vertu,
Mais tu tremblais un peu dans ton manteau de laine
Alors j’ai su que le chagrin cachait la peine.
samedi 22 novembre 2014
Corruption
La bête fauve a su qu’hier était demain,
Par le dire et le faire elle prend les humains,
Qu’ils vivent au pays, qu’ils gisent sous la terre,
En chasse elle est toujours, la bête qui altère.
Par le dire et le faire elle prend les humains,
Qu’ils vivent au pays, qu’ils gisent sous la terre,
En chasse elle est toujours, la bête qui altère.
vendredi 21 novembre 2014
Pierre de vie
Calcaire, chair blafarde enroncée dans le flanc
De la colline au chêne et son tapis de glands,
Je t’écoute en dedans, tes fissures m’importent,
Ta minéralité de veine n’est pas morte.
De la colline au chêne et son tapis de glands,
Je t’écoute en dedans, tes fissures m’importent,
Ta minéralité de veine n’est pas morte.
jeudi 20 novembre 2014
Le bonheur des oiseaux
Dans la maison de Louise un oiseau n’eut d’azur
Que ses yeux doux tandis qu’elle soignait ses blessures.
La gent vole-menu s’en vint de toute part :
Qui aime sans retour, de nos jours, est si rare…
Que ses yeux doux tandis qu’elle soignait ses blessures.
La gent vole-menu s’en vint de toute part :
Qui aime sans retour, de nos jours, est si rare…
mercredi 19 novembre 2014
Forge
Sur la bigorne, ils ont battu l’age et le soc,
Des mains calleuses du curé bénits ad hoc,
Qui se souvient du fer rougi, de l’eau qui fume ?
Épaisse, au fond, gît la mémoire de l’enclume.
Des mains calleuses du curé bénits ad hoc,
Qui se souvient du fer rougi, de l’eau qui fume ?
Épaisse, au fond, gît la mémoire de l’enclume.
mardi 18 novembre 2014
Résonance
Le tissu tombe lourd de la voûte absidale,
À deux pas du néant de la région nodale
Où le silence est plein, quand se fond le décor,
Sans un tressaillement des âmes ni des corps.
À deux pas du néant de la région nodale
Où le silence est plein, quand se fond le décor,
Sans un tressaillement des âmes ni des corps.
lundi 17 novembre 2014
Spicilège
Il note tous les jours dans son gros calepin
Le premier vol des grues, la venue d’un copain.
Parfois c’est un croquis jeté sur une page,
Inspiré par la joie d’un troupeau de nuages.
Le premier vol des grues, la venue d’un copain.
Parfois c’est un croquis jeté sur une page,
Inspiré par la joie d’un troupeau de nuages.
dimanche 16 novembre 2014
Haut vol
Dans la forêt des piliers gris, les sons s’enlacent
En assurant aux gens de peu des guerres lasses.
Au-dessus d’eux, les lustres lancent des éclairs
Mais l’ombre danse : on ne voit pas les monte-en-l’air.
En assurant aux gens de peu des guerres lasses.
Au-dessus d’eux, les lustres lancent des éclairs
Mais l’ombre danse : on ne voit pas les monte-en-l’air.
samedi 15 novembre 2014
Destins
Comme un dernier rempart, la topiaire s’étale,
Et nul n’y dit la fleur à l’or de ses pétales,
Une trogne soutient la berge d’un bras mort,
Vieux saule dont la feuille a l’argent du remords.
Et nul n’y dit la fleur à l’or de ses pétales,
Une trogne soutient la berge d’un bras mort,
Vieux saule dont la feuille a l’argent du remords.
vendredi 14 novembre 2014
Juste après
Tendresse à quatre mains, les corps encor sommeillent,
Un sourire esquissé sur ses lèvres le veille.
À l’entour, le soleil en douce se répand
Trop tard pour le réveil, le temps est en suspens.
Un sourire esquissé sur ses lèvres le veille.
À l’entour, le soleil en douce se répand
Trop tard pour le réveil, le temps est en suspens.
jeudi 13 novembre 2014
Élégie
Je t’écris tout reclus du fond d’ici ma Blanche,
Affligé de n’avoir pas mes mains sur tes hanches.
J’ai la fièvre l’hiver, je frissonne l’été,
Le feu sous la bouilloire a des reflets bleutés.
Affligé de n’avoir pas mes mains sur tes hanches.
J’ai la fièvre l’hiver, je frissonne l’été,
Le feu sous la bouilloire a des reflets bleutés.
mercredi 12 novembre 2014
Arrière-cour
La cour est en velours quand tu vas y marcher
Dans tes baskets usées, ton blue-jean écorché.
La cour est au soleil quand je te vois sourire,
Ailleurs, il pleut ? Ici, les nuées se déchirent.
Dans tes baskets usées, ton blue-jean écorché.
La cour est au soleil quand je te vois sourire,
Ailleurs, il pleut ? Ici, les nuées se déchirent.
mardi 11 novembre 2014
Délai
Déjà les mortes-eaux s’étalent paresseuses.
À peine le soleil s’élève que, oiseuses,
Elles s’ancrent au ciel sans jamais s’égarer.
Le capitaine attend pour nous désamarrer.
À peine le soleil s’élève que, oiseuses,
Elles s’ancrent au ciel sans jamais s’égarer.
Le capitaine attend pour nous désamarrer.
lundi 10 novembre 2014
Passages
Assis au beau milieu de quelques pans en ruine,
À peine je saisis les murmures des djinns,
Une ambiance féconde, une pierre en sursis,
Les murs ne durent pas, les embrasures si.
À peine je saisis les murmures des djinns,
Une ambiance féconde, une pierre en sursis,
Les murs ne durent pas, les embrasures si.
dimanche 9 novembre 2014
Maraudage
On part sur quelque chose, on n’arrive sur rien,
Du poème à la prose, un vide sibérien.
Les rafales de vent s’engouffrent dans la ville
Où s’envolent les mots, je me perds immobile.
Du poème à la prose, un vide sibérien.
Les rafales de vent s’engouffrent dans la ville
Où s’envolent les mots, je me perds immobile.
samedi 8 novembre 2014
Affectation
Je passai par la porte en bois de palissandre,
En espérant vous voir, sans causer un esclandre,
Et perçus au détour d’une aile du manoir
Vos pas qui sonnaient faux, talons hauts et bas noirs.
En espérant vous voir, sans causer un esclandre,
Et perçus au détour d’une aile du manoir
Vos pas qui sonnaient faux, talons hauts et bas noirs.
vendredi 7 novembre 2014
Féerie
Les éclats du fragon se projettent au sol,
En taches lumineuses, incessants écus fols,
Quand ta main va touchant les feuilles vernissées,
Les figures se changent en fugues opiacées.
En taches lumineuses, incessants écus fols,
Quand ta main va touchant les feuilles vernissées,
Les figures se changent en fugues opiacées.
jeudi 6 novembre 2014
Je t’ai vue
Tu avais la tête penchée, toute menue,
Un sourire encore accroché, mais si ténu.
Tu voyais ton monde partir, filer en douce :
Un rosier ne fait pas fleurir ses jeunes pousses.
Un sourire encore accroché, mais si ténu.
Tu voyais ton monde partir, filer en douce :
Un rosier ne fait pas fleurir ses jeunes pousses.
mercredi 5 novembre 2014
Tour de plaine
Les vanneaux sont épars sur les billons qui roulent,
Ils sillonnent les champs tandis que l’eau s’écoule,
Étalant son miroir sous le ciel rose et gris.
La terre est amoureuse et mon âme guérit.
Ils sillonnent les champs tandis que l’eau s’écoule,
Étalant son miroir sous le ciel rose et gris.
La terre est amoureuse et mon âme guérit.
mardi 4 novembre 2014
Ombres et lumières
L’abat-jour de soie peinte orbite lentement
Autour de l’éclat vif d’un monofilament.
S’y révèlent sans fin des visions de sirènes :
Que Daphné fuie l’amour et qu’Ondine s’éprenne.
Autour de l’éclat vif d’un monofilament.
S’y révèlent sans fin des visions de sirènes :
Que Daphné fuie l’amour et qu’Ondine s’éprenne.
lundi 3 novembre 2014
Aux cèdres
Racines parfumées qui pointent vers le ciel,
Le creux de ton bois crie contre les décibels
Des tronçonneuses qui déciment sans conscience,
Au nom du lucre et d’une sotte gouvernance…
Le creux de ton bois crie contre les décibels
Des tronçonneuses qui déciment sans conscience,
Au nom du lucre et d’une sotte gouvernance…
dimanche 2 novembre 2014
Synesthésie
Je perçois tous les mots, en gris, vert, rouge sang
Frémissement d’un pré, pose d’un chat persan,
L’écarlate beauté d’un fin cuir damascène.
Il faut à leur diaprure oser la mise en scène.
Frémissement d’un pré, pose d’un chat persan,
L’écarlate beauté d’un fin cuir damascène.
Il faut à leur diaprure oser la mise en scène.
samedi 1 novembre 2014
Ocarina
De ses mains sur l’argile un volume jaillit
Humide et frissonnant, tout juste recueilli
De la terre et de l’eau. Puis le feu le transmute,
Enfin l’air le ranime et la musique flûte.
Humide et frissonnant, tout juste recueilli
De la terre et de l’eau. Puis le feu le transmute,
Enfin l’air le ranime et la musique flûte.
vendredi 31 octobre 2014
Insouciance
La mer chante et ruisselle, effleurant les rochers.
Le fou vole un baiser, sans qu’elle soit fâchée.
Le dragon de papier dans le ciel se prélasse.
Un oiseau frôle un chat sans qu’il se mette en chasse.
Le fou vole un baiser, sans qu’elle soit fâchée.
Le dragon de papier dans le ciel se prélasse.
Un oiseau frôle un chat sans qu’il se mette en chasse.
jeudi 30 octobre 2014
Chaîne et trame
À genoux, dans le noir, j’ai vu de sombres flammes
Étirant sans frémir les ombres, fines lames,
Et je n’avais pas peur, en cet instant retors,
Des fils entrelacés de la Vie, de la Mort.
Étirant sans frémir les ombres, fines lames,
Et je n’avais pas peur, en cet instant retors,
Des fils entrelacés de la Vie, de la Mort.
mercredi 29 octobre 2014
Râga
La porte aux cent-huit clous sertis de gemmes rares
Avive les échos des joueurs de sitar.
Autour le jade vert fait silence aux pieds nus.
Toujours la porte est close et l’espace inconnu.
Avive les échos des joueurs de sitar.
Autour le jade vert fait silence aux pieds nus.
Toujours la porte est close et l’espace inconnu.
mardi 28 octobre 2014
Attraction
L’éboulis silencieux, figé, dans la clameur
Joyeuse du torrent, chaotique dormeur,
S’étend, ses rochers nus, comme un grand corps instable,
Un rien peut l’éveiller, juste ce grain de sable…
Joyeuse du torrent, chaotique dormeur,
S’étend, ses rochers nus, comme un grand corps instable,
Un rien peut l’éveiller, juste ce grain de sable…
Soleil d’octobre
Volubile inconnue, croisée quai de la Seine,
Au parfum de vanille et tailleur vert, obscène.
Au-dessus, le ciel bas, les mouettes s’en vont
Qu’un enfant chasse à coup de bulles de savon.
Au parfum de vanille et tailleur vert, obscène.
Au-dessus, le ciel bas, les mouettes s’en vont
Qu’un enfant chasse à coup de bulles de savon.
dimanche 26 octobre 2014
Au fil des jours
Le fil de laine allait entre ses vieilles mains,
Tels des cailloux jetés pour montrer le chemin
De la vie à la mort, jamais de ligne droite,
Un pull, c’est un trésor, quand il sort de la boîte…
Tels des cailloux jetés pour montrer le chemin
De la vie à la mort, jamais de ligne droite,
Un pull, c’est un trésor, quand il sort de la boîte…
samedi 25 octobre 2014
Haut sommeil
Voyez un chat dormir, l’éternité s’éclaire,
Il a suivi la ligne invisible des sphères,
Intimement lové dans une stase d’or.
Il est à l’univers ce que l’âme est au corps.
Il a suivi la ligne invisible des sphères,
Intimement lové dans une stase d’or.
Il est à l’univers ce que l’âme est au corps.
vendredi 24 octobre 2014
Imitation de J.C.
Que d’un signet de soie tu me montres la page
Après tous ces hivers, relève du mirage.
Ouvrant le petit livre, au repère sautant,
Je lis ces quelques mots : « La grâce est hors du temps ».
Après tous ces hivers, relève du mirage.
Ouvrant le petit livre, au repère sautant,
Je lis ces quelques mots : « La grâce est hors du temps ».
jeudi 23 octobre 2014
En chemin
Sur le mur en béton la glycine se fane,
Un merle importuné longuement me chicane.
Impassibles, mes pieds font eux seuls le chemin,
Je suis ailleurs, nomade entre hier et demain.
Un merle importuné longuement me chicane.
Impassibles, mes pieds font eux seuls le chemin,
Je suis ailleurs, nomade entre hier et demain.
mercredi 22 octobre 2014
Épanchement
Doux-amer est le fruit qui de cet arbre tombe
Au pied duquel, aimées, nous sommes les colombes
Aux ailes éployées, d’où perle un peu de sang :
Le plomb nous a percées, l’âme va jaillissant.
Au pied duquel, aimées, nous sommes les colombes
Aux ailes éployées, d’où perle un peu de sang :
Le plomb nous a percées, l’âme va jaillissant.
mardi 21 octobre 2014
Cascade
Elle choit rugissante en colonnes brouillées
Qui rebondissent denses, brumes affouillées.
Le soleil y folâtre et joue de ses diaprures
Et mes larmes se noient dans l’humide nature.
Qui rebondissent denses, brumes affouillées.
Le soleil y folâtre et joue de ses diaprures
Et mes larmes se noient dans l’humide nature.
lundi 20 octobre 2014
Angélus
Le foin dans sa rondeur, inonde la charrette.
Au-dessus, Maribelle est toute guillerette,
Enivrée par l’odeur de la flouve du pré :
Du temps, de la fatigue, elle s’est désencombrée.
Au-dessus, Maribelle est toute guillerette,
Enivrée par l’odeur de la flouve du pré :
Du temps, de la fatigue, elle s’est désencombrée.
dimanche 19 octobre 2014
Débarquement
Deux soldats vont, rugueux, sur le chemin de ronde.
En contre-bas s’étend la terre brune et blonde
Et rien de ce pays n’arrête leur regard :
Plus loin, sur l’océan, la meute des drakkars…
En contre-bas s’étend la terre brune et blonde
Et rien de ce pays n’arrête leur regard :
Plus loin, sur l’océan, la meute des drakkars…
samedi 18 octobre 2014
Espace-temps
Au cercle de tes bras je suis toujours venu,
Parfois dans la misère et le plus souvent, nu.
Dans cet espace, amie, fort vêtu de confiance,
Il n’y a plus de temps, quand cesse la distance.
Parfois dans la misère et le plus souvent, nu.
Dans cet espace, amie, fort vêtu de confiance,
Il n’y a plus de temps, quand cesse la distance.
vendredi 17 octobre 2014
Étale
La vague, à se mouvoir, se lasse dans l’espace
Immense de la mer. Qui la voulait vorace,
Engloutissant d’un coup les peines et les deuils,
Doit chercher plus avant la pointe d’un écueil.
Immense de la mer. Qui la voulait vorace,
Engloutissant d’un coup les peines et les deuils,
Doit chercher plus avant la pointe d’un écueil.
jeudi 16 octobre 2014
Lucre
Exhumée par hasard, une statue sans tête
A fini dans le coffre d’une banque helvète
Et les glyphes secrets, gravés sur le pourtour,
Pour des siècles encor seront muets aux sourds.
A fini dans le coffre d’une banque helvète
Et les glyphes secrets, gravés sur le pourtour,
Pour des siècles encor seront muets aux sourds.
mercredi 15 octobre 2014
Après la peine
Tu remontes ton col, la bise est assassine,
Un bonjour en passant près des voisins, voisines.
Oh, ton petit sourire a du mal à cacher
Ta blessure de cœur… Viens, il nous faut marcher.
Un bonjour en passant près des voisins, voisines.
Oh, ton petit sourire a du mal à cacher
Ta blessure de cœur… Viens, il nous faut marcher.
mardi 14 octobre 2014
Nitescence
Ignoré, ce bleu nuit, qui jette en contre-jour
De superbes faisceaux en drapés de velours,
M’étreint, dans la noirceur de la voûte modeste,
Échoué sur un banc, pâle. Ite missa est.
De superbes faisceaux en drapés de velours,
M’étreint, dans la noirceur de la voûte modeste,
Échoué sur un banc, pâle. Ite missa est.
lundi 13 octobre 2014
Lady M
Sur un mouchoir brodé, j’ai lu tes initiales
En fil bleu sur le blanc du tissu de percale.
L’as-tu laissé pour moi, dans l’ultime dessein
Qu’une larme s’y pose, en guise de blanc-seing ?
En fil bleu sur le blanc du tissu de percale.
L’as-tu laissé pour moi, dans l’ultime dessein
Qu’une larme s’y pose, en guise de blanc-seing ?
dimanche 12 octobre 2014
Ghillie Callum
C’est l’heure où le soleil effleure après l’effroi
La bruyère écarlate et les épées en croix.
Métal et sang mêlés scintillent en cadence :
En défiant la Mort, le vainqueur ivre danse.
La bruyère écarlate et les épées en croix.
Métal et sang mêlés scintillent en cadence :
En défiant la Mort, le vainqueur ivre danse.
samedi 11 octobre 2014
Gare
Je t’ai revue ce soir, tu descendais du train.
Les gens passaient autour, à mes yeux, incertains,
L’amour flottait dans l’air comme une brume morte.
Un pauvre avait la main tendue devant la porte.
Les gens passaient autour, à mes yeux, incertains,
L’amour flottait dans l’air comme une brume morte.
Un pauvre avait la main tendue devant la porte.
vendredi 10 octobre 2014
Silice
Même ainsi, le désert, sable au milieu du sable,
Use de ses flots secs tous les pavés du diable.
Au-dehors, la fureur est toujours élégante
Et laisse juste aux grains l’heur de gravir la pente.
Use de ses flots secs tous les pavés du diable.
Au-dehors, la fureur est toujours élégante
Et laisse juste aux grains l’heur de gravir la pente.
jeudi 9 octobre 2014
Dame de cœur
Pris le parti d’aimer, plume sur le vélin
Qui court après son encre et toi, dont les câlins
S’estompent, clair-obscur, pas perdus qui me hantent
Au creux de nos deux cœurs, le rien nous réenchante.
Qui court après son encre et toi, dont les câlins
S’estompent, clair-obscur, pas perdus qui me hantent
Au creux de nos deux cœurs, le rien nous réenchante.
mercredi 8 octobre 2014
Métal hurlant
Le chiffon va et vient sur le chrome rétif.
Les tubes, les carters, tout doit être agressif.
Rien ne se fait tout seul, il faut que je m’échine.
Un seul rêve à tenir, celui de la Machine.
Les tubes, les carters, tout doit être agressif.
Rien ne se fait tout seul, il faut que je m’échine.
Un seul rêve à tenir, celui de la Machine.
mardi 7 octobre 2014
Ne pas oublier
Sous une boîte à clous, dans l’atelier noirci,
J’ai trouvé ce papier, pense-bête en sursis,
Que délicatement, je déplie, je délivre
Avec ses quelques mots, jetés : « Penser à vivre ».
J’ai trouvé ce papier, pense-bête en sursis,
Que délicatement, je déplie, je délivre
Avec ses quelques mots, jetés : « Penser à vivre ».
lundi 6 octobre 2014
Chalands
Les fleurs des bégonias jonchent les vieilles marches,
Une vitrine brille encore sous les arches,
À l’affût, sous le masque, on devine les gens,
Leur âme tricotée dans la laine d’argent.
Une vitrine brille encore sous les arches,
À l’affût, sous le masque, on devine les gens,
Leur âme tricotée dans la laine d’argent.
dimanche 5 octobre 2014
Urbanités
Les papiers, les cartons, les vieux sacs dans la cour
Oscillent sous le vent tourbillonnant des tours.
Sous terre, les égouts charrient des flots fétides
Et, tout proche, un corbeau me fixe, l’œil lucide.
Oscillent sous le vent tourbillonnant des tours.
Sous terre, les égouts charrient des flots fétides
Et, tout proche, un corbeau me fixe, l’œil lucide.
samedi 4 octobre 2014
Dominicales
Les flaques de soleil, comme des ailes blanches
Autour des jupes jouent ; c’est la foire, un dimanche.
À l’ombre d’une arcade, un tzigane au banjo
Taquine un air de jazz, manouche ou bien gadjo.
Autour des jupes jouent ; c’est la foire, un dimanche.
À l’ombre d’une arcade, un tzigane au banjo
Taquine un air de jazz, manouche ou bien gadjo.
vendredi 3 octobre 2014
Terre
Je marche sur le sol avec indifférence,
Oubliant que mes pieds voisinent sa puissance.
Il se peut que bientôt je réside en dessous.
Lové dans quelque trou, j’aurai mon corps dissous.
Oubliant que mes pieds voisinent sa puissance.
Il se peut que bientôt je réside en dessous.
Lové dans quelque trou, j’aurai mon corps dissous.
jeudi 2 octobre 2014
Reflets de l’eau
Tu te tiens accroupie sur le vieux ponton d’if
Et regardes le lac où flotte un grand esquif,
Sereine, sous ta robe effleurée par la brise,
Emportée dans ton rêve au bord de l’aube grise.
Et regardes le lac où flotte un grand esquif,
Sereine, sous ta robe effleurée par la brise,
Emportée dans ton rêve au bord de l’aube grise.
mercredi 1 octobre 2014
Ekāgratā
La sphère est creuse ou pleine au gré du souffle lent
Qui pousse la conscience à voir ou noir ou blanc,
Puis l’être se dilate et la dualité
Disparaît dans un vide plein d’éternité.
Qui pousse la conscience à voir ou noir ou blanc,
Puis l’être se dilate et la dualité
Disparaît dans un vide plein d’éternité.
mardi 30 septembre 2014
Rémouleur
Vieux,
dans la ville basse, il allait aiguisant
Les
lames, les rasoirs, il avait cent-dix ans.
Pour
rectifier un fil, il avait la manière
Et
la faux fut tranchante à son heure dernière.
lundi 29 septembre 2014
À portée de chat
Oui la rousseur des chats de l’automne m’importe
Et s’ils viennent miauler, insistant à ma porte,
Au fond d’une écuelle, à portée des gloutons,
Je prépare une soupe avec des rogatons.
Et s’ils viennent miauler, insistant à ma porte,
Au fond d’une écuelle, à portée des gloutons,
Je prépare une soupe avec des rogatons.
dimanche 28 septembre 2014
Diphonique
Le chant s'étire en doubles notes, de concert,
Qui saisit l'âme et la conduit dans le désert.
Les voix s'enlacent, tourbillonnent sans limite
Et je comprends le plein silence de l'ermite.
Qui saisit l'âme et la conduit dans le désert.
Les voix s'enlacent, tourbillonnent sans limite
Et je comprends le plein silence de l'ermite.
samedi 27 septembre 2014
Matinale
Ce matin, des géants sont venus dans la brume,
En bas, dans la vallée, telle une armée posthume,
Inquiéter les humains près du fleuve qui dort.
Le pêcheur n’a rien dit, le plomb ne fait pas l’or.
En bas, dans la vallée, telle une armée posthume,
Inquiéter les humains près du fleuve qui dort.
Le pêcheur n’a rien dit, le plomb ne fait pas l’or.
vendredi 26 septembre 2014
Artisan
Ses mains sont le creuset d’une vieille mémoire,
Elles ont façonné le bois comme l’ivoire
Et la matière prend ce savoir, puis se fait
Aimer dans l’inconnu de la cause à l’effet.
Elles ont façonné le bois comme l’ivoire
Et la matière prend ce savoir, puis se fait
Aimer dans l’inconnu de la cause à l’effet.
jeudi 25 septembre 2014
Signet
Chaussé de verres loupe à monture en laiton,
Sans hâte, il avalait un roman-feuilleton,
Sachant que le destin ferait tôt correspondre
Une part de lui-même aux Mystères de Londres.
Sans hâte, il avalait un roman-feuilleton,
Sachant que le destin ferait tôt correspondre
Une part de lui-même aux Mystères de Londres.
mercredi 24 septembre 2014
Dagues
Les armes présentées, le velours cramoisi
Laissent planer autour un froid qui me transit.
Tout brille et les sillons dans l’acier noir rutilent :
Est-ce le sang gravé des serments imbéciles ?
Laissent planer autour un froid qui me transit.
Tout brille et les sillons dans l’acier noir rutilent :
Est-ce le sang gravé des serments imbéciles ?
mardi 23 septembre 2014
Du ciel et de la terre
Où se cache le feu qui rougit le feuillage
Après les pousses tendres, vertes du jeune âge ?
Est-il encor au cœur des racines, ténu ?
L’automne sans émoi va feindre l’ingénue.
Après les pousses tendres, vertes du jeune âge ?
Est-il encor au cœur des racines, ténu ?
L’automne sans émoi va feindre l’ingénue.
lundi 22 septembre 2014
Levée
Le sol est éreinté par les engins de fer,
Les goudrons, les fumées, les pavés de l’enfer
Et pourtant, sur la croûte noire du bitume,
Un brin d’herbe surgit, d’entre les bancs de brume.
Les goudrons, les fumées, les pavés de l’enfer
Et pourtant, sur la croûte noire du bitume,
Un brin d’herbe surgit, d’entre les bancs de brume.
dimanche 21 septembre 2014
Géotropisme
Mille gouttes de pluie parallèlement roulent
En cortège lassé, sur le verre, puis coulent,
Abandonnant leur corps à des filets tordus
Qui finissent clapots de rigoles perdues.
En cortège lassé, sur le verre, puis coulent,
Abandonnant leur corps à des filets tordus
Qui finissent clapots de rigoles perdues.
samedi 20 septembre 2014
Si près
Quand, au fond de tes yeux, je vois les grands jardins,
Les saules caressés par de fiers paladins,
Je sais que nulle part ailleurs je ne peux vivre
Ou mourir, c’est pareil, l’amour seul nous délivre.
Les saules caressés par de fiers paladins,
Je sais que nulle part ailleurs je ne peux vivre
Ou mourir, c’est pareil, l’amour seul nous délivre.
vendredi 19 septembre 2014
Interlude
Une boîte à musique est posée sur le bar
Toi de l’autre côté, me sonde du regard.
Je l’ouvre doucement, le cours du temps s’efface :
Un couple de danseurs dans ce vide s’enlace.
Toi de l’autre côté, me sonde du regard.
Je l’ouvre doucement, le cours du temps s’efface :
Un couple de danseurs dans ce vide s’enlace.
jeudi 18 septembre 2014
Soulan
Harassante montée, la pente me défie,
Le goût de fer inonde la topographie.
Soudain, c’est la fraîcheur d’un lavoir qui ruisselle
Et ses fleurs et ses pierres belles m’ensorcellent.
Le goût de fer inonde la topographie.
Soudain, c’est la fraîcheur d’un lavoir qui ruisselle
Et ses fleurs et ses pierres belles m’ensorcellent.
mercredi 17 septembre 2014
Sub-néant
Dans les espaces fins du monde où je me perds,
Il est d'étranges flux qui lentement prospèrent,
Amniotiques élans de fausses vérités
Nourris de quelque source, entropique Léthé.
Il est d'étranges flux qui lentement prospèrent,
Amniotiques élans de fausses vérités
Nourris de quelque source, entropique Léthé.
mardi 16 septembre 2014
Accore
Mes pieds, mes mains crispés dans le sable mouillé,
Je regarde la mer aux vagues effeuillées,
Grise de tant d’années sans cesse sur la plage,
À voix basse parlant aux rochers des naufrages.
Je regarde la mer aux vagues effeuillées,
Grise de tant d’années sans cesse sur la plage,
À voix basse parlant aux rochers des naufrages.
lundi 15 septembre 2014
Jeu de mains
Les mains sont pour tenir ou pour laisser passer,
L’eau file entre les doigts des mains même enlacées.
Lasses, les mains rêvant de retenir paraissent,
Au soir, si vides sans la joie d’une caresse.
L’eau file entre les doigts des mains même enlacées.
Lasses, les mains rêvant de retenir paraissent,
Au soir, si vides sans la joie d’une caresse.
dimanche 14 septembre 2014
Trajectoires
Les feuilles malmenées par le vent de l’automne,
Une à une se font la belle et puis se donnent
À la terre gisant dont la litière dort,
Au cahier d’un enfant, pressées comme un trésor.
Une à une se font la belle et puis se donnent
À la terre gisant dont la litière dort,
Au cahier d’un enfant, pressées comme un trésor.
samedi 13 septembre 2014
Sidéral
Les tôles rivetées sur des poutrelles brunes
Ont sur leur flanc, gravées, de singulières runes,
Arcanes incrustés dans l’épaisseur du temps :
Le vaisseau des confins de l’espace m’attend.
Ont sur leur flanc, gravées, de singulières runes,
Arcanes incrustés dans l’épaisseur du temps :
Le vaisseau des confins de l’espace m’attend.
vendredi 12 septembre 2014
Solfège
Sur le bord escarpé d’une roche de gneiss,
Une chatte vadrouille, élite chasseresse :
Un, deux, trois coups de patte et la souris se meurt
Quand sonne la sirène à deux tons du steamer.
Une chatte vadrouille, élite chasseresse :
Un, deux, trois coups de patte et la souris se meurt
Quand sonne la sirène à deux tons du steamer.
jeudi 11 septembre 2014
Les lointains
Sur la vieille carriole, épaule contre épaule
Et nos mains réunies, sous les branches qui frôlent
Incidentes nos dos, nous fixons le chemin
Parcouru, la poussière apaisée des humains.
Et nos mains réunies, sous les branches qui frôlent
Incidentes nos dos, nous fixons le chemin
Parcouru, la poussière apaisée des humains.
mercredi 10 septembre 2014
Où est la vérité ?
Pierre, feuille, ciseaux, les regards puis les mains
S’affrontent dans la cour, c’est un jeu trop humain.
C’est l’harmattan qui gagne et sa poussière brûle.
Au loin, l’enfant fiévreux voit les djinns qui reculent.
S’affrontent dans la cour, c’est un jeu trop humain.
C’est l’harmattan qui gagne et sa poussière brûle.
Au loin, l’enfant fiévreux voit les djinns qui reculent.
mardi 9 septembre 2014
Va-et-vient
Les tentures moirées sinuent dans l’ombre dense,
Au souffle chuchoté des âmes dans l’errance
Et je suis assis là, dans ce fauteuil banal,
À regarder l’horloge au battement létal.
Au souffle chuchoté des âmes dans l’errance
Et je suis assis là, dans ce fauteuil banal,
À regarder l’horloge au battement létal.
lundi 8 septembre 2014
Sang d’encre
Le temps est incertain, qui se dilate et tord
Les sillages de vie, les visages des morts,
Qu’une larme posée sur l’encre encore humide
Aille brouiller les mots, passant du plein au vide.
Les sillages de vie, les visages des morts,
Qu’une larme posée sur l’encre encore humide
Aille brouiller les mots, passant du plein au vide.
dimanche 7 septembre 2014
Sens dessus dessous
Tu as des brins de laine et des bouts de ficelles
Étalés sur le sol, sur un fond de marelle :
Ils sont autant de traits dont le sens est caché…
Mais tu sautes légère en un beau déhanché.
Étalés sur le sol, sur un fond de marelle :
Ils sont autant de traits dont le sens est caché…
Mais tu sautes légère en un beau déhanché.
samedi 6 septembre 2014
Louvoiement
« N’espère-rien », voilà le nom de ce navire ;
À l’arrière gravé : « Jamais je ne chavire ».
Aux allures de près, les marins sont têtus,
Sur le grand océan, la vie n’est qu’un fétu.
À l’arrière gravé : « Jamais je ne chavire ».
Aux allures de près, les marins sont têtus,
Sur le grand océan, la vie n’est qu’un fétu.
vendredi 5 septembre 2014
Pavane
L’air aux oiseaux transis des brumes d’émeraude
A résonné de toi, qui de souffrance rôdes
Aux lisières des corps, ondoyés de frissons.
Nous vivons notre mort à chaque instant, dansons !
A résonné de toi, qui de souffrance rôdes
Aux lisières des corps, ondoyés de frissons.
Nous vivons notre mort à chaque instant, dansons !
jeudi 4 septembre 2014
Naturaliste
Tu caches tes couleurs au fond d’une escarcelle.
À ton pas de rôdeur, tu guettes la sarcelle.
Après long temps d’affût, ton carnet se remplit
D’observations serrées et d’esquisses jolies.
À ton pas de rôdeur, tu guettes la sarcelle.
Après long temps d’affût, ton carnet se remplit
D’observations serrées et d’esquisses jolies.
mercredi 3 septembre 2014
Gyroscope
Le sabot dort, tournant follement sur sa pointe,
Équilibré si bien que nul ne voit la feinte,
Abandonnant le fouet, l’enfant, saisi, s’est tu.
La magie de l’instant vaut toutes les vertus.
Équilibré si bien que nul ne voit la feinte,
Abandonnant le fouet, l’enfant, saisi, s’est tu.
La magie de l’instant vaut toutes les vertus.
mardi 2 septembre 2014
Discontinuité
La serveuse m’apporte un grand diabolo-menthe
Et je reste sans voix, la vue qui se fragmente.
Les veines du faux marbre, en rythme avec les bulles,
Entraînent l’univers, tout se désarticule.
Et je reste sans voix, la vue qui se fragmente.
Les veines du faux marbre, en rythme avec les bulles,
Entraînent l’univers, tout se désarticule.
lundi 1 septembre 2014
Cœur de pierre
« J’ai tout mon temps », dit-il, en regardant la pierre,
Un monolithe noir au bord de la carrière.
Au burin sans répit, les yeux bandés de cuir,
Il tailla sa vénus… qui du bloc put s’enfuir.
Un monolithe noir au bord de la carrière.
Au burin sans répit, les yeux bandés de cuir,
Il tailla sa vénus… qui du bloc put s’enfuir.
dimanche 31 août 2014
Profondeurs
Je me replie si loin, dans les ombres laissées
Par les arches d’Escher, un univers blessé.
Le silence est de mise. En soi. Le cœur s’apaise.
Il faut creuser. La cendre, et plus au fond, la braise.
Par les arches d’Escher, un univers blessé.
Le silence est de mise. En soi. Le cœur s’apaise.
Il faut creuser. La cendre, et plus au fond, la braise.
samedi 30 août 2014
Cohérence
Dans les notes, dans les tours, j’ai l’accord qui vibre.
Tu pianotes, le contour de ton corps est libre.
Au-dedans, comme au-dehors, un même tempo
Débordant, mais sans effort, bat ma non troppo.
Tu pianotes, le contour de ton corps est libre.
Au-dedans, comme au-dehors, un même tempo
Débordant, mais sans effort, bat ma non troppo.
vendredi 29 août 2014
Belle Mort
Tu as cette façon d’avancer sur les flots
Sans te soucier du temps, sans que t’effleure l’eau
Qui fait que la mer gronde ou l’alizé soupire,
Et je me noie sans bruit, que tu ne fasses pire…
Sans te soucier du temps, sans que t’effleure l’eau
Qui fait que la mer gronde ou l’alizé soupire,
Et je me noie sans bruit, que tu ne fasses pire…
jeudi 28 août 2014
Dieu
Il ne fait qu’être, éternel, seul, sans être né.
Il peut tout, sauf aimer d’amour, désincarné.
Il nous a fait, voulant combler cette lacune.
Le Père est Un, saura-t-Il trouver sa chacune ?
Il peut tout, sauf aimer d’amour, désincarné.
Il nous a fait, voulant combler cette lacune.
Le Père est Un, saura-t-Il trouver sa chacune ?
mercredi 27 août 2014
Dialectique
Je sème volontiers de l’encre et de la feuille
Un long cortège de glyphes, portant le deuil
De toutes les pensées que je n’ai jamais eues.
Sur un fond blanc, les signes noirs sont mieux perçus.
Un long cortège de glyphes, portant le deuil
De toutes les pensées que je n’ai jamais eues.
Sur un fond blanc, les signes noirs sont mieux perçus.
mardi 26 août 2014
Sept mondes
Dans la caverne bleue de schiste des Hopis,
Veille le gardien rouge, aux portes, sans répit
Du quatrième monde, et la pyrite jette
Une lueur malsaine : un démon, tapi, guette.
Veille le gardien rouge, aux portes, sans répit
Du quatrième monde, et la pyrite jette
Une lueur malsaine : un démon, tapi, guette.
lundi 25 août 2014
Mémoire de table
Dans la cuisine en bas, la table à des reflets
Rouges des vins qu’elle a bu, des vins aigrelets.
C’était il y a longtemps, ses rides me sont belles,
Usure du bois tendre ou dur, mademoiselle.
Rouges des vins qu’elle a bu, des vins aigrelets.
C’était il y a longtemps, ses rides me sont belles,
Usure du bois tendre ou dur, mademoiselle.
dimanche 24 août 2014
Jeu de corolle
La fleur de coronille est rouge à ton ruban
De cou, telle une braise, dont le feu nimbant
La douce carnation de ta peau qui palpite,
Expire lentement… Je ne t’ai pas séduite.
De cou, telle une braise, dont le feu nimbant
La douce carnation de ta peau qui palpite,
Expire lentement… Je ne t’ai pas séduite.
samedi 23 août 2014
Stroboscope
Au fond d’un bus de nuit, qui va vers un ailleurs,
Je me suis endormi sur une épaule, une heure
Ou deux, d’une fille aux cheveux comme un rempart.
Elle n’a pas bougé, sous la clarté des phares.
Je me suis endormi sur une épaule, une heure
Ou deux, d’une fille aux cheveux comme un rempart.
Elle n’a pas bougé, sous la clarté des phares.
vendredi 22 août 2014
Jour sombre
Dans le bleu de ton ciel que vaine tu arbores,
Un lourd nuage gris s’étire et puis dévore,
Opaque, l’âme claire au-delà qui n’a plus
La force de grimper tout au-dessus des nues.
Un lourd nuage gris s’étire et puis dévore,
Opaque, l’âme claire au-delà qui n’a plus
La force de grimper tout au-dessus des nues.
jeudi 21 août 2014
Reviviscence
Sur le chemin des morts, entre les vieilles pierres,
Une fleur a pointé quatre pétales, fière.
Au cœur de sa corolle, une étamine épand
Quelques grains de pollen dans l’azur, en suspens.
Une fleur a pointé quatre pétales, fière.
Au cœur de sa corolle, une étamine épand
Quelques grains de pollen dans l’azur, en suspens.
mercredi 20 août 2014
Téléonomie
En structures lassées, les cellules s’empilent
Aliénant le hasard ou la mort, face ou pile.
Au plus lent des courants, la forme donne à voir
L’intelligence nue qui pousse dans le noir.
Aliénant le hasard ou la mort, face ou pile.
Au plus lent des courants, la forme donne à voir
L’intelligence nue qui pousse dans le noir.
mardi 19 août 2014
Attracteur étrange
Ailes dans le chaos, le papillon badine
Au milieu des courants denses des origines
Et la lumière ici des couleurs de son corps
Vit en pure harmonie sur les pétales d’or.
Au milieu des courants denses des origines
Et la lumière ici des couleurs de son corps
Vit en pure harmonie sur les pétales d’or.
lundi 18 août 2014
Azet
Sans cesse, devant soi, la pente tergiverse
En lacets, vers le col embrumé qui transperce
Au rythme de son fil la montagne levée,
Tandis que loin dessous s’étirent deux vallées.
En lacets, vers le col embrumé qui transperce
Au rythme de son fil la montagne levée,
Tandis que loin dessous s’étirent deux vallées.
dimanche 17 août 2014
Convergence
Le soir s’étire en bleus filés, la brise pousse
En ondelettes de frissons, les feuilles rousses.
Amère, tu te mets au bord de la jetée.
Tu es une brindille sèche en fin d’été.
En ondelettes de frissons, les feuilles rousses.
Amère, tu te mets au bord de la jetée.
Tu es une brindille sèche en fin d’été.
samedi 16 août 2014
Échange
Ils se sont retrouvés, sous les arcades roses
Elle, venue du Siam, lui de Châteauneuf-d’Oze
Ils avaient à se dire tant, mais le silence,
Entre eux, fut le partage attendu le plus dense.
Elle, venue du Siam, lui de Châteauneuf-d’Oze
Ils avaient à se dire tant, mais le silence,
Entre eux, fut le partage attendu le plus dense.
vendredi 15 août 2014
Didgeridoo
Déjà le son se mêle aux esprits aériens,
Ton souffle suit mon souffle et le bois ne vaut rien
S’il n’est pas dans l’histoire exacte de la Terre.
Au sein du temps, le temps du rêve désaltère.
Ton souffle suit mon souffle et le bois ne vaut rien
S’il n’est pas dans l’histoire exacte de la Terre.
Au sein du temps, le temps du rêve désaltère.
jeudi 14 août 2014
Trous noirs
Dimensions contractées, le zéro se révèle
Et moissonne le monde en multiples javelles.
Au sein des blonds épis, se cache, un autre grain
Qui ne germe que mis dans un fractal écrin.
Et moissonne le monde en multiples javelles.
Au sein des blonds épis, se cache, un autre grain
Qui ne germe que mis dans un fractal écrin.
mercredi 13 août 2014
Apocalypse
Avec ou sans, peut-être, et le sang coule encore…
Une rumeur grossit, chimères, manticores
Ont envahi le monde et chassent les humains :
Les refuges détruits, il reste le Chemin.
Une rumeur grossit, chimères, manticores
Ont envahi le monde et chassent les humains :
Les refuges détruits, il reste le Chemin.
mardi 12 août 2014
Uchronie
Sa valise est posée sur le dessus de lit.
Elle devait partir demain, pas aujourd’hui.
Je sens mon cœur faillir comme un drap qu’on essore :
Un mauvais rêve juste, et là-bas point l’aurore.
Elle devait partir demain, pas aujourd’hui.
Je sens mon cœur faillir comme un drap qu’on essore :
Un mauvais rêve juste, et là-bas point l’aurore.
lundi 11 août 2014
Déclin
Le sieur de Cré n’a pas l’aloi qui sonne bon.
Son château se délabre au lierre vagabond,
Ses gens sont trop âgés pour faire la besogne.
Au temps des mortes eaux, bien vaine est la vergogne.
Son château se délabre au lierre vagabond,
Ses gens sont trop âgés pour faire la besogne.
Au temps des mortes eaux, bien vaine est la vergogne.
dimanche 10 août 2014
Vieille guerre
La glace translucide enserrait une chose
Incertaine, aux couleurs de jade et de vieux rose
Et, le soleil aidant, la banquise céda,
Révélant la dépouille horrible d’un soldat.
Incertaine, aux couleurs de jade et de vieux rose
Et, le soleil aidant, la banquise céda,
Révélant la dépouille horrible d’un soldat.
samedi 9 août 2014
Manifestation
Des poudres, des onguents posés là, sur la maie
D’ébène, un tien reflet sur le lustre, charmaient
Quelques fibres encor sensibles de mon être.
Alors je te voyais, si vive, à la fenêtre.
D’ébène, un tien reflet sur le lustre, charmaient
Quelques fibres encor sensibles de mon être.
Alors je te voyais, si vive, à la fenêtre.
vendredi 8 août 2014
Récursivité
La reine des voleurs de rêves s’est tuée
D’avoir volé celui d’un homme situé
Juste au bord d’un donjon, quand soudain, face à face
Elle s’est égarée dans les yeux d’un rapace…
D’avoir volé celui d’un homme situé
Juste au bord d’un donjon, quand soudain, face à face
Elle s’est égarée dans les yeux d’un rapace…
jeudi 7 août 2014
Point de jonction
Une croix de bois, dans un vieux rocher, scellée :
Seule tu m’attends, quelques gouttes d’eau, perlées
Sur tes avant-bras, frissonnant un peu, tu vois
Mon courage aller, puis derrière, moi, vers toi.
Seule tu m’attends, quelques gouttes d’eau, perlées
Sur tes avant-bras, frissonnant un peu, tu vois
Mon courage aller, puis derrière, moi, vers toi.
mercredi 6 août 2014
Poulet
Rien qu’une fois, pour voir, assise à cette table,
Avec ton foulard bleu, ta bouche désirable,
Autour les gens lassés qui vaquent sans émoi,
Rien qu’une fois, pour voir, tendrement, souris-moi.
Avec ton foulard bleu, ta bouche désirable,
Autour les gens lassés qui vaquent sans émoi,
Rien qu’une fois, pour voir, tendrement, souris-moi.
mardi 5 août 2014
Essaim
L’automate est légion, l’esprit comme un puzzle,
Distribué sans que nul ne décide seul.
La conscience s’éveille en un million de points :
Quelle étrange beauté qu’un espace disjoint.
Distribué sans que nul ne décide seul.
La conscience s’éveille en un million de points :
Quelle étrange beauté qu’un espace disjoint.
lundi 4 août 2014
En proportion
Estelle avait raison, l’univers est tout rond
Dans ses grandes largeurs, ses soleils, ses neutrons,
Mais dans l’immense Tout manifesté, l’échelle
Idéale est donnée par les rondeurs d’Estelle.
Dans ses grandes largeurs, ses soleils, ses neutrons,
Mais dans l’immense Tout manifesté, l’échelle
Idéale est donnée par les rondeurs d’Estelle.
dimanche 3 août 2014
Fusion
Que j’aille vite ou lentement, l’instant s’échappe.
Un sentiment de n’être pas réel me frappe.
Une gouttelette en rattrape une autre le
Long du bol bleu : l’instant n’est vrai que quand il pleut.
Un sentiment de n’être pas réel me frappe.
Une gouttelette en rattrape une autre le
Long du bol bleu : l’instant n’est vrai que quand il pleut.
samedi 2 août 2014
Crépuscule
La nuit tombe en douceur. Tout près, les barbastelles
Effleurent l’air sans bruit, dans une tarentelle
Inaudible mais belle, et je suis dans le noir
À rêver de ces vols, être confiant sans voir.
Effleurent l’air sans bruit, dans une tarentelle
Inaudible mais belle, et je suis dans le noir
À rêver de ces vols, être confiant sans voir.
vendredi 1 août 2014
Réflexion
Le baquet d’eau, sous le lavoir, sans une ride
Est un miroir, montrant le ciel d’un jour torride.
Elle est debout, sans respirer, tout près du bord,
Pour que la grâce du moment perdure encor.
Est un miroir, montrant le ciel d’un jour torride.
Elle est debout, sans respirer, tout près du bord,
Pour que la grâce du moment perdure encor.
jeudi 31 juillet 2014
Qui fera ?
Dans les os de métal, les ouvriers chuchotent :
On ne peut dire que la machine est manchote.
Aux cycles répétés des assemblages morts,
La chair tremble, qu’importe, le robot d’abord.
On ne peut dire que la machine est manchote.
Aux cycles répétés des assemblages morts,
La chair tremble, qu’importe, le robot d’abord.
mercredi 30 juillet 2014
Scène guerrière
Songez aux roues de bois qui vont à la bataille,
Aux flèches empennées, aux lourds glaives de taille
Et la terre en dessous qui accueille le sang
Puis les morts étonnés, la chair tôt pourrissant.
Aux flèches empennées, aux lourds glaives de taille
Et la terre en dessous qui accueille le sang
Puis les morts étonnés, la chair tôt pourrissant.
mardi 29 juillet 2014
Des limites
Les bulles irisées paressent, délicates,
À peine déposées, sans peur, elles éclatent.
Sont-elles donc perdues, leur résille crevée ?
Ou ne pouvons-nous plus vraiment les observer ?
À peine déposées, sans peur, elles éclatent.
Sont-elles donc perdues, leur résille crevée ?
Ou ne pouvons-nous plus vraiment les observer ?
lundi 28 juillet 2014
Chatte perchée
Subtile, élégamment perchée sur un muret,
La siamoise me toise avec désintérêt.
Les feuilles du figuier maculent son pelage
En jeux d’ombre et lumière, irrésolu partage.
La siamoise me toise avec désintérêt.
Les feuilles du figuier maculent son pelage
En jeux d’ombre et lumière, irrésolu partage.
dimanche 27 juillet 2014
Ballons volent
Elles filaient sans bruit, toutes ces montgolfières
En troupeau pâturant de paisibles clairières.
Aux nuages, plus hauts, titans aux vastes cœurs,
Mutines elles lançaient de si jolies couleurs.
En troupeau pâturant de paisibles clairières.
Aux nuages, plus hauts, titans aux vastes cœurs,
Mutines elles lançaient de si jolies couleurs.
samedi 26 juillet 2014
Petite voix
Dans la cour encerclée par de vieux murs de briques,
Une voix tinte claire, un filet de musique.
Une porte est ouverte : au sol tu t’es posée,
L’enfant, qui tiens la note en perle de rosée.
Une voix tinte claire, un filet de musique.
Une porte est ouverte : au sol tu t’es posée,
L’enfant, qui tiens la note en perle de rosée.
vendredi 25 juillet 2014
Hypermnésie
Tu te souviens de tout, tu retiens les secondes,
Aucune ne t’échappe et tu comptes la ronde
Infinie des aiguilles noires sur l’émail
De l’horloge du bar. Un accroc dans le skaï.
Aucune ne t’échappe et tu comptes la ronde
Infinie des aiguilles noires sur l’émail
De l’horloge du bar. Un accroc dans le skaï.
jeudi 24 juillet 2014
Proximité
Il marchait, dans la ville en regardant le ciel,
Taxi jaune, humeur grise, instinct résiduel.
Il s’assit sur un banc, puis regarda les arbres :
Au-dessous, juste un nom, deux dates dans le marbre.
Taxi jaune, humeur grise, instinct résiduel.
Il s’assit sur un banc, puis regarda les arbres :
Au-dessous, juste un nom, deux dates dans le marbre.
mercredi 23 juillet 2014
Ici et là
De cette démesure, hors évaluation,
Non quant à son excès, mais par sa prétention
À n’être que l’infime espace, la membrane
Entre les univers, puis-je percer l’arcane ?
Non quant à son excès, mais par sa prétention
À n’être que l’infime espace, la membrane
Entre les univers, puis-je percer l’arcane ?
mardi 22 juillet 2014
Silence des feuilles
Le soleil cogne dur, j’encaisse sans rien dire.
Il monte, je me tasse, et ma peau qui transpire
À ce point me rapproche fort du végétal,
Feuilles et peau livrant le liquide vital.
Il monte, je me tasse, et ma peau qui transpire
À ce point me rapproche fort du végétal,
Feuilles et peau livrant le liquide vital.
lundi 21 juillet 2014
Ergot
En ces ruines blotties, les herbes, mes compagnes,
Entament leur saison de graines, de cocagne.
Une pierre gravée, cachée par les chiendents,
Prévient: « Pays maudit, tout au mal des ardents ».
Entament leur saison de graines, de cocagne.
Une pierre gravée, cachée par les chiendents,
Prévient: « Pays maudit, tout au mal des ardents ».
dimanche 20 juillet 2014
Ciel bas
Cette couleur indigo, quand tu m’as menti,
Donnait tout autour de toi, sous ton air gentil,
L’imminence d’un orage et les hirondelles,
Agacées, frôlaient les murs de notre ruelle…
Donnait tout autour de toi, sous ton air gentil,
L’imminence d’un orage et les hirondelles,
Agacées, frôlaient les murs de notre ruelle…
samedi 19 juillet 2014
Fugue
Courir au gré des flux et reflux de l’espace
En oubliant la mort juste au-dessous, rapace,
Au souffle des foulées, longer le gouffre noir,
Et soudain, dans la pluie de l’être, se mouvoir.
En oubliant la mort juste au-dessous, rapace,
Au souffle des foulées, longer le gouffre noir,
Et soudain, dans la pluie de l’être, se mouvoir.
vendredi 18 juillet 2014
Lacis d’eau
Je suis resté, devant cet étrange fil d’eau,
Dont les torons se lient au rythme d’un rondo,
Muscles nés du chaos, forgés de transparence,
Aux frissons retenus de violoncelle, en transe.
Dont les torons se lient au rythme d’un rondo,
Muscles nés du chaos, forgés de transparence,
Aux frissons retenus de violoncelle, en transe.
jeudi 17 juillet 2014
Franges sonores
Deux heures du matin, le blues prend la guitare.
À côté, le joueur d’harmonica démarre
Et soudain, les volutes fines du tempo
Caressent la blue note en effleurant la peau.
À côté, le joueur d’harmonica démarre
Et soudain, les volutes fines du tempo
Caressent la blue note en effleurant la peau.
mercredi 16 juillet 2014
Réseaux
Les lignes sont gravées dans un ciel de turquoise.
Un papillon posant son infini, me croise.
Au rêve de son art, une ombre fuit le sol.
Je fixe sans ciller les premiers tournesols.
Un papillon posant son infini, me croise.
Au rêve de son art, une ombre fuit le sol.
Je fixe sans ciller les premiers tournesols.
mardi 15 juillet 2014
Le sable boit
Je vis de souvenirs, les souvenirs me vident,
Un sang de sève brut s’en va, me fait livide.
Outre monde je suis, dans l’immense désert
Du sens, à rechercher un ultime geyser…
Un sang de sève brut s’en va, me fait livide.
Outre monde je suis, dans l’immense désert
Du sens, à rechercher un ultime geyser…
lundi 14 juillet 2014
Roches
La vie des pierres est lente, et leur âme est ténue,
Le cœur des pierres bat dessous leur peau grenue,
Mais pour les recevoir, il faut faire une place
Ample comme un baiser, brisant la carapace.
Le cœur des pierres bat dessous leur peau grenue,
Mais pour les recevoir, il faut faire une place
Ample comme un baiser, brisant la carapace.
dimanche 13 juillet 2014
Recours
Les dogues sont lâchés dans les prés d’herbe bleue.
Pieds nus, la fille fuit. C’est un matin frileux.
Qui pourrait la sauver ? La dernière dryade
Attend, sereine, au pied de la claire cascade.
Pieds nus, la fille fuit. C’est un matin frileux.
Qui pourrait la sauver ? La dernière dryade
Attend, sereine, au pied de la claire cascade.
samedi 12 juillet 2014
Strates
Par le reflux, mon corps a laissé vain l’estran
De l’esprit chancelant : où se vivre, en entrant
Dans les replis de l’âme ? Un univers se lance
À chaque instant vécu, quelle est la vraisemblance ?
De l’esprit chancelant : où se vivre, en entrant
Dans les replis de l’âme ? Un univers se lance
À chaque instant vécu, quelle est la vraisemblance ?
vendredi 11 juillet 2014
Primesautière
Escarpins de ballerine et jambes de fée,
Tu danses en fermant les yeux, dans ce bar-café,
Mais tu fascines les vieux clients, sensuelle,
Aussi près de ton envol, si loin de tes ailes.
Tu danses en fermant les yeux, dans ce bar-café,
Mais tu fascines les vieux clients, sensuelle,
Aussi près de ton envol, si loin de tes ailes.
jeudi 10 juillet 2014
Aria
Les voies du chœur, tenues, dans l’espace des voûtes
Emplissent l’océan de nos âmes qui doutent.
Après, dans le silence infiniment laissé,
Le parfum de l’encens efface les pensées.
Emplissent l’océan de nos âmes qui doutent.
Après, dans le silence infiniment laissé,
Le parfum de l’encens efface les pensées.
mercredi 9 juillet 2014
Mésalliance
Le clos du prieuré se niche au fond du val.
La nuit venue, les fées s’y protègent du mal
Qui rode tout autour, la bête à gueule d’ange.
Au prieuré, unies, fées et nonnes dérangent.
La nuit venue, les fées s’y protègent du mal
Qui rode tout autour, la bête à gueule d’ange.
Au prieuré, unies, fées et nonnes dérangent.
mardi 8 juillet 2014
Pouvoirs
On ne devine plus les pierres sentinelles,
Enfouies sous les banians aux branches éternelles.
Une sculpture sort des troncs entrelacés :
De Kali ou Laksmî, les quatre bras dressés ?
Enfouies sous les banians aux branches éternelles.
Une sculpture sort des troncs entrelacés :
De Kali ou Laksmî, les quatre bras dressés ?
lundi 7 juillet 2014
Une bière
Le flipper est cassé, la tireuse s’égoutte,
Un grand écran diffuse un mauvais match de foot.
Assise près de moi, elle passe l’index
Sur le rebord d’un bock. Je lui tends un kleenex.
Un grand écran diffuse un mauvais match de foot.
Assise près de moi, elle passe l’index
Sur le rebord d’un bock. Je lui tends un kleenex.
dimanche 6 juillet 2014
Inutile de fuir
Je t’ai revue ce soir, toi que rien ne désole
Autant que la bêtise humaine, ce pactole,
Et nous avons serré nos corps dans un taxi.
La pluie ne dure pas, mais la bêtise, si.
Autant que la bêtise humaine, ce pactole,
Et nous avons serré nos corps dans un taxi.
La pluie ne dure pas, mais la bêtise, si.
samedi 5 juillet 2014
De la grandeur
Des joyaux enchâssés, les ors lisses renvoient
Les reflets fugitifs des nobles et des rois,
Mais sur la sobre alliance au doigt d’une épousée,
Comme une perle rare, une larme est posée.
Les reflets fugitifs des nobles et des rois,
Mais sur la sobre alliance au doigt d’une épousée,
Comme une perle rare, une larme est posée.
vendredi 4 juillet 2014
Avant l’orage
Les volets battent sans fureur la nuit fragile
Et l’air s’essouffle à torturer les gonds sans huile :
Est-ce le vent ou bien l’esprit de la maison
Qui pousse ainsi les volets plus que de raison ?
Et l’air s’essouffle à torturer les gonds sans huile :
Est-ce le vent ou bien l’esprit de la maison
Qui pousse ainsi les volets plus que de raison ?
jeudi 3 juillet 2014
Décor
Mur de photos, mélaminé, bâtons d’encens
Sont au-dessus du canapé couleur de sang,
D’en bas le chat, qui ne sait pas ce que raconte
Une photo, sur un rai de lumière compte…
Sont au-dessus du canapé couleur de sang,
D’en bas le chat, qui ne sait pas ce que raconte
Une photo, sur un rai de lumière compte…
mercredi 2 juillet 2014
Velléité
Comme elles sont ténues, tel un pauvre sourire
À tes lèvres, venu quand tu ne peux me dire
Un mot, ces tentations d’aller dans notre faim,
Chercher une tendresse à partager sans fin.
À tes lèvres, venu quand tu ne peux me dire
Un mot, ces tentations d’aller dans notre faim,
Chercher une tendresse à partager sans fin.
mardi 1 juillet 2014
Uns
Le silence et la joie, de n’être un instant, rien,
Mais à deux : l’âme pleine en des corps aériens.
L’éternité nous frôle en ce qu’elle nous échappe,
À nous de laisser choir tout ce dont on se drape…
Mais à deux : l’âme pleine en des corps aériens.
L’éternité nous frôle en ce qu’elle nous échappe,
À nous de laisser choir tout ce dont on se drape…
lundi 30 juin 2014
Recommencement
D’une fosse océane, ondoyante beauté,
Tiamat la colossale, émerge en majesté.
Sereine, indifférente aux navires qui coulent,
Elle glisse sur l’eau tout en brisant la houle.
Tiamat la colossale, émerge en majesté.
Sereine, indifférente aux navires qui coulent,
Elle glisse sur l’eau tout en brisant la houle.
dimanche 29 juin 2014
Biomimétisme
Des artifices mus par quelque force humaine,
Il voulait conserver toujours un spécimen.
Enseveli bientôt sous leur masse compacte,
Il comprit qu’il était lui-même…un artefact.
Il voulait conserver toujours un spécimen.
Enseveli bientôt sous leur masse compacte,
Il comprit qu’il était lui-même…un artefact.
samedi 28 juin 2014
Mime
Tes doigts agiles vont sur trois bouts de ficelle,
À jouer du violon ou bien du violoncelle.
Elle me plaît l’illusion de ton archet de chair,
Tes yeux, tes bras me sont, dans la musique, chers.
À jouer du violon ou bien du violoncelle.
Elle me plaît l’illusion de ton archet de chair,
Tes yeux, tes bras me sont, dans la musique, chers.
vendredi 27 juin 2014
Patience de l’eau
Des antiques marais des Marges de Guyenne
Il ne reste qu’un saule encor qui se souvienne.
À la place des eaux, poussent des hêtres fiers,
Mais l’âme des palus sait demain comme hier.
Il ne reste qu’un saule encor qui se souvienne.
À la place des eaux, poussent des hêtres fiers,
Mais l’âme des palus sait demain comme hier.
jeudi 26 juin 2014
Rivages
Ton temps n’est pas le mien, nous sommes en exil,
En des contrées tendues de soieries sur le Nil.
Chacun sur une rive, au milieu de la foule.
Entre nous, vois les flots qui sans cesse s’écoulent.
En des contrées tendues de soieries sur le Nil.
Chacun sur une rive, au milieu de la foule.
Entre nous, vois les flots qui sans cesse s’écoulent.
mercredi 25 juin 2014
Auto-stop
Les plastiques s’envolent, en loques désœuvrées,
Quand passent les camions, que les corbeaux navrés
Conspuent de leurs cris noirs. Je suis seul et je doute :
Une vérité fugue à l’orée de la route…
Quand passent les camions, que les corbeaux navrés
Conspuent de leurs cris noirs. Je suis seul et je doute :
Une vérité fugue à l’orée de la route…
mardi 24 juin 2014
Balbuzards
Les aigles sans effort, se hissent dans le ciel
Puis sur un pli de l’air, virent du bout de l’aile
Au-dessus des torrents, mille paillettes d’eau
Reflétant leur image, en un vain glissando.
Puis sur un pli de l’air, virent du bout de l’aile
Au-dessus des torrents, mille paillettes d’eau
Reflétant leur image, en un vain glissando.
lundi 23 juin 2014
Au contraire
Le silence ne vaut qu’à l’or de tes soupirs,
La noirceur de la nuit, qu’à la lueur d’un rire
Au fond de tes yeux verts, la parfaite justesse
Entre nous, de si près, vient de nos maladresses.
La noirceur de la nuit, qu’à la lueur d’un rire
Au fond de tes yeux verts, la parfaite justesse
Entre nous, de si près, vient de nos maladresses.
dimanche 22 juin 2014
Dévoyé
Lourd est l’huis de bois noir, longue la voûte sombre,
À qui ne tient qu’aux sens et ne s’en désencombre.
Épaisse est la raison, rude est le vent mauvais,
Dans les couloirs perdus où vainement je vais.
À qui ne tient qu’aux sens et ne s’en désencombre.
Épaisse est la raison, rude est le vent mauvais,
Dans les couloirs perdus où vainement je vais.
samedi 21 juin 2014
Halte
Vous posez le trousseau de clefs impatiemment.
Le temps n’est pas à votre cadence, qui ment.
Juste en-dedans de vous, dans l’océan de l’âme,
Écoutez le chant vrai des baleines, Madame.
Le temps n’est pas à votre cadence, qui ment.
Juste en-dedans de vous, dans l’océan de l’âme,
Écoutez le chant vrai des baleines, Madame.
vendredi 20 juin 2014
Ta main
De près ta main tendue se donne en belles rides,
Aux feuilles des tilleuls, sa nature s’hybride :
Identiques nervures. Des sols, des labours,
Elle a mêmes sillons, c’est le travail des jours.
Aux feuilles des tilleuls, sa nature s’hybride :
Identiques nervures. Des sols, des labours,
Elle a mêmes sillons, c’est le travail des jours.
jeudi 19 juin 2014
Réveil
À travers la persienne, un rayon s’est glissé,
Qui va sur l’abat-jour, sans hâte, caresser
La porcelaine bleue. C’est ma mansarde quiète.
Au loin, le merle flûte et mon rêve s’émiette.
Qui va sur l’abat-jour, sans hâte, caresser
La porcelaine bleue. C’est ma mansarde quiète.
Au loin, le merle flûte et mon rêve s’émiette.
mercredi 18 juin 2014
Grâce
À l’entrée d’un métro, la mendiante fragile,
Un lota de laiton comme unique sébile,
Avec lenteur se lève, et sa beauté me tend
Ses ailes de rayonne… ô je bois cet instant.
Un lota de laiton comme unique sébile,
Avec lenteur se lève, et sa beauté me tend
Ses ailes de rayonne… ô je bois cet instant.
mardi 17 juin 2014
Trébuchet
Le fléau noir oscille en un maigre interstice
Où l’équilibre naît, d’un échange complice
Entre deux plateaux ronds, l’un contenant du riz,
L’autre des grains de plomb : la pesanteur se rit…
Où l’équilibre naît, d’un échange complice
Entre deux plateaux ronds, l’un contenant du riz,
L’autre des grains de plomb : la pesanteur se rit…
lundi 16 juin 2014
Isotrope
La nef encalminée dont les voiles fasient
Se tient sans cap au vent, les ralingues transies.
Je suis au bastingage à regarder la mer
Étale et les marsouins sillonnant l’éphémère.
Se tient sans cap au vent, les ralingues transies.
Je suis au bastingage à regarder la mer
Étale et les marsouins sillonnant l’éphémère.
dimanche 15 juin 2014
Alphabet originel
Une oasis, dans le désert, dissimulée
Par le simoun, veilleur des dunes ondulées,
Distille une eau sacrée, celle qui donne sens
Aux paroles de l’homme avec sa transcendance.
Par le simoun, veilleur des dunes ondulées,
Distille une eau sacrée, celle qui donne sens
Aux paroles de l’homme avec sa transcendance.
samedi 14 juin 2014
Sur un toit
Des tiges de métal surgissent du béton,
Comme des dents de herse à l’envers. Le menton
Dans tes mains, tu soupires après les hirondelles.
Au-delà de ces fers, l’univers a des ailes…
Comme des dents de herse à l’envers. Le menton
Dans tes mains, tu soupires après les hirondelles.
Au-delà de ces fers, l’univers a des ailes…
vendredi 13 juin 2014
Première
Dans le jardin d’Éden, les tropismes se nouent,
Les chaînes opiacées de la mémoire nous
Entraînent loin du bord, du Monde qui s’effrange
Eve a raison de tout, le soleil la dérange.
Les chaînes opiacées de la mémoire nous
Entraînent loin du bord, du Monde qui s’effrange
Eve a raison de tout, le soleil la dérange.
jeudi 12 juin 2014
Dernier panneau
Au bord du bois d’été, Gasparin craint la Mort
Qui rôde en jupe noire et qui jamais ne dort.
Il assemble une croix avec deux bouts de planches,
Y gravant : « S’il le faut, la Mort, qu’ici, je flanche ».
Qui rôde en jupe noire et qui jamais ne dort.
Il assemble une croix avec deux bouts de planches,
Y gravant : « S’il le faut, la Mort, qu’ici, je flanche ».
mercredi 11 juin 2014
Connivence
La passerelle est fine et de cordes tendues,
De son ballant, plus fine encore tu as dû
Te jouer maintes fois, si vive en ce passage,
À moins que le vent fol ne te rendît hommage.
De son ballant, plus fine encore tu as dû
Te jouer maintes fois, si vive en ce passage,
À moins que le vent fol ne te rendît hommage.
mardi 10 juin 2014
Ocelles
Millepertuis, mille pensées, les fleurs écloses,
La feuille mise à contre-jour, où s’interposent
Au fond des puits, les esprits du feu détenus,
Me laisse deviner un monde saugrenu.
La feuille mise à contre-jour, où s’interposent
Au fond des puits, les esprits du feu détenus,
Me laisse deviner un monde saugrenu.
lundi 9 juin 2014
Matin calme
Elle a, d’un vert laiteux, quelques billes exquises
Au creux d’un bol de jade, au soleil, qui reluisent,
Au fond des yeux le teint des voiles de sampan,
Les nues, les vents mauvais, au loin, se dissipant.
Au creux d’un bol de jade, au soleil, qui reluisent,
Au fond des yeux le teint des voiles de sampan,
Les nues, les vents mauvais, au loin, se dissipant.
dimanche 8 juin 2014
Battue
Mon bestiaire s’envole ou court ou griffe ou mord,
Dans d’étroites vallées, tapissées de remords,
Par de violets buissons rehaussés d’améthystes
De cette liberté, pas une seule piste…
Dans d’étroites vallées, tapissées de remords,
Par de violets buissons rehaussés d’améthystes
De cette liberté, pas une seule piste…
samedi 7 juin 2014
Stéganographie
Aux contours singuliers de ces mots en cursive,
Un faisceau d’invisibles lignes allusives
Apparaît, se coupant en des points bien précis,
Les lettres désignées donnent la phrase ainsi.
Un faisceau d’invisibles lignes allusives
Apparaît, se coupant en des points bien précis,
Les lettres désignées donnent la phrase ainsi.
vendredi 6 juin 2014
Discours
La toge est écarlate et le rhéteur sourit,
Sa parole s’enroule, ondulante soierie
Mais elle exhale aussi des vapeurs délétères :
Il n’a jamais dompté la force de se taire.
Sa parole s’enroule, ondulante soierie
Mais elle exhale aussi des vapeurs délétères :
Il n’a jamais dompté la force de se taire.
jeudi 5 juin 2014
Morphogenèse
Un grain de sable enfoui dans le cœur de la dune
A rêvé de soleil, d’étoiles et de lune,
Un autre au-dessus cuit le jour, gèle la nuit.
Immobile, la dune se meut sans un bruit.
A rêvé de soleil, d’étoiles et de lune,
Un autre au-dessus cuit le jour, gèle la nuit.
Immobile, la dune se meut sans un bruit.
mercredi 4 juin 2014
Chronos
Dans son noir attaché-case, il avait les clefs
Pour remonter les pendules, sans décaler
Le temps qui sur fond d’émail, unie trajectoire,
Enveloppait son travail d’une vaine gloire.
Pour remonter les pendules, sans décaler
Le temps qui sur fond d’émail, unie trajectoire,
Enveloppait son travail d’une vaine gloire.
mardi 3 juin 2014
Fenaison
Les fourches sont posées contre la grange noire.
À l’abri, la charrette. Eugène sert à boire.
Il glougloute joli le vin qui fait joyeux,
Mais quand tu ris, ma Miette, alors je suis heureux !
À l’abri, la charrette. Eugène sert à boire.
Il glougloute joli le vin qui fait joyeux,
Mais quand tu ris, ma Miette, alors je suis heureux !
lundi 2 juin 2014
Ex anima
Jean de la Terre, hagard, a mis son âme au clou,
Sur le quai d’une gare entre Vanves et Saint-Cloud,
Quand sa belle est allée courir la prétentaine
Avec un employé de la Samaritaine.
Sur le quai d’une gare entre Vanves et Saint-Cloud,
Quand sa belle est allée courir la prétentaine
Avec un employé de la Samaritaine.
dimanche 1 juin 2014
Andine
Quand, à Maimara, tes cheveux, d’un frisson,
Se lèvent sous l’air chaud, tel un jour de moisson,
Je sens, dans les courbures folles de tes hanches,
Une vague qui danse comme une avalanche.
Se lèvent sous l’air chaud, tel un jour de moisson,
Je sens, dans les courbures folles de tes hanches,
Une vague qui danse comme une avalanche.
samedi 31 mai 2014
Plantigrade
Au zoo l’ours attend, quatre pattes à terre,
Afin de maintenir l’orbite planétaire.
Il se sait détenu pour distraire les gens,
Bipèdes inconscients, sinon de leur argent…
Afin de maintenir l’orbite planétaire.
Il se sait détenu pour distraire les gens,
Bipèdes inconscients, sinon de leur argent…
vendredi 30 mai 2014
Mélalcoolie
Masque de porcelaine et robe de satin,
Tu t’assois langoureuse au fauteuil en rotin.
Sur les vieux papiers peints, quelques scènes de chasse,
À l’alcool tu te rends, vaste mer des Sargasses.
Tu t’assois langoureuse au fauteuil en rotin.
Sur les vieux papiers peints, quelques scènes de chasse,
À l’alcool tu te rends, vaste mer des Sargasses.
jeudi 29 mai 2014
Dactyle
La glume au vent palpite et l’étamine sort,
Le pollen se répand comme une poudre d’or
Ou violette aussi, poussière d’améthyste
Égayant tes cheveux… pourquoi es-tu si triste ?
Le pollen se répand comme une poudre d’or
Ou violette aussi, poussière d’améthyste
Égayant tes cheveux… pourquoi es-tu si triste ?
mercredi 28 mai 2014
Projection
Elle est, à nous, liée, sans jamais nous forcer,
Magique anamorphose à l’aube déversée,
Mais quand devant un mur, énorme elle se dresse,
En nous la part obscure, avide, nous agresse.
Magique anamorphose à l’aube déversée,
Mais quand devant un mur, énorme elle se dresse,
En nous la part obscure, avide, nous agresse.
mardi 27 mai 2014
Passeur
Mon chat me voit toujours, même en fermant les yeux,
Traversant les éons, sur les traces des dieux.
Des douze dimensions, toujours il n’en fait qu’une,
Altier il se conduit, conscient de nos lacunes…
Traversant les éons, sur les traces des dieux.
Des douze dimensions, toujours il n’en fait qu’une,
Altier il se conduit, conscient de nos lacunes…
lundi 26 mai 2014
Médium
Dans tes yeux, la douleur et cette lassitude
Au point que tu t’adosses à cette écorce rude,
Et si tu ne dis rien, à ce cri silencieux,
Réponds le bruissement des feuilles vers les cieux.
Au point que tu t’adosses à cette écorce rude,
Et si tu ne dis rien, à ce cri silencieux,
Réponds le bruissement des feuilles vers les cieux.
dimanche 25 mai 2014
Cabinet de curiosités
Derrière la fenêtre, on voit des étiquettes,
Encore attachées à de vieilles éprouvettes,
Et des bocaux posés sur des planches jaunies
Où des cerveaux se créent des pensées racornies.
Encore attachées à de vieilles éprouvettes,
Et des bocaux posés sur des planches jaunies
Où des cerveaux se créent des pensées racornies.
De souche
Les litières dorées de l’automne verdissent
Et la clairière vibre à de curieux indices :
À suivre les fûts longs des hêtres de ce bois,
La terre donne forme à tout le sang qu’elle boit.
Et la clairière vibre à de curieux indices :
À suivre les fûts longs des hêtres de ce bois,
La terre donne forme à tout le sang qu’elle boit.
vendredi 23 mai 2014
Cul-de-sac
Je cours sans m’arrêter, l’air a un goût de fer,
Les bars ferment leur grille, on prétend que l’enfer
A ses entrées ici, les pavées vont trop vite,
Au bout, cette lueur… un calibre trente-huit.
Les bars ferment leur grille, on prétend que l’enfer
A ses entrées ici, les pavées vont trop vite,
Au bout, cette lueur… un calibre trente-huit.
jeudi 22 mai 2014
Randonnée
J’entends le bruissement de mille bicyclettes
Au flot multicolore, en grimpant la Hourquette
Et je suis au milieu, grégaire dans l’instant,
Telle une transhumance belle, serpentant…
Au flot multicolore, en grimpant la Hourquette
Et je suis au milieu, grégaire dans l’instant,
Telle une transhumance belle, serpentant…
mercredi 21 mai 2014
Inversion
J’ai le crâne posé sur la terre sacrée,
Les pieds tendus vers le zénith, le corps ancré.
Je ne suis pas un pont, juste une passerelle
Offerte aux telluriques ondes vers le ciel.
Les pieds tendus vers le zénith, le corps ancré.
Je ne suis pas un pont, juste une passerelle
Offerte aux telluriques ondes vers le ciel.
mardi 20 mai 2014
Noli me tangere
Trois pics dans le brouillard, une musique en si,
Trois corps en équilibre aux contours indécis,
Trois phrases murmurées, sans doute des mots tendres :
Une braise parfois repart de sous la cendre…
Trois corps en équilibre aux contours indécis,
Trois phrases murmurées, sans doute des mots tendres :
Une braise parfois repart de sous la cendre…
lundi 19 mai 2014
Contrastes
La maison me chuchote des mots inconnus,
Le vent qui rôde autour cherche à la mettre à nu.
Les nuits sont blanches encore et les jours bien trop sombres
Et la maison me parle et je poursuis des ombres.
Le vent qui rôde autour cherche à la mettre à nu.
Les nuits sont blanches encore et les jours bien trop sombres
Et la maison me parle et je poursuis des ombres.
dimanche 18 mai 2014
La passée
La chapelle du Temple est sise dans le creux
D’un vallon de verdure où vécut Jean-le-Preux.
La mousse sur le toit, les ronces qui s’évadent
Assistent en silence au retour des Croisades.
D’un vallon de verdure où vécut Jean-le-Preux.
La mousse sur le toit, les ronces qui s’évadent
Assistent en silence au retour des Croisades.
samedi 17 mai 2014
Cycle cosmique
Le plein s’est dispersé pour atteindre le vide
Et jouir au plus près de sa caresse avide,
Or, ce faisant, il tue l’objet de son amour.
Il se rétracte alors… d’où le cycle en retour.
Et jouir au plus près de sa caresse avide,
Or, ce faisant, il tue l’objet de son amour.
Il se rétracte alors… d’où le cycle en retour.
vendredi 16 mai 2014
Boulange
La pâte n’attend pas, qui gonfle sous la pousse
Intime des ferments, puis la mie se fait douce.
Alors le four inflige aux alvéoles blonds
La malice du feu, le pain naît bel et bon.
Intime des ferments, puis la mie se fait douce.
Alors le four inflige aux alvéoles blonds
La malice du feu, le pain naît bel et bon.
jeudi 15 mai 2014
Cinétique
Où ? Dans le mouvement fluide de ton corps,
J’ai vu l’éternité jaillir comme une aurore.
Et tu riais de voir ma mine fascinée,
Les courbes de tes mains vers moi, le ciel, tournées.
J’ai vu l’éternité jaillir comme une aurore.
Et tu riais de voir ma mine fascinée,
Les courbes de tes mains vers moi, le ciel, tournées.
mercredi 14 mai 2014
Basmati
Le riz cuit lentement, de nacre puis tout blanc.
Juste à point je le passe, moelleux sous la dent.
Dans l’assiette, je fais de petites montagnes.
Au pied coule un curry, belle sauce compagne.
Juste à point je le passe, moelleux sous la dent.
Dans l’assiette, je fais de petites montagnes.
Au pied coule un curry, belle sauce compagne.
mardi 13 mai 2014
Légende
Le saule est au bord de l’étang depuis longtemps,
Ses feuilles fines sont d’argent, son bois dolent.
Une belle passe devant, dans l’eau, se meurt.
Alors le saule, se penchant, se fait pleureur.
Ses feuilles fines sont d’argent, son bois dolent.
Une belle passe devant, dans l’eau, se meurt.
Alors le saule, se penchant, se fait pleureur.
lundi 12 mai 2014
Communication
Vu dans la rue deux vieux serrés tels des chatons,
Lui gilet de flanelle, elle robe en coton,
Puis deux adolescents au fond de leur smartphone,
Oubliant que la vie se prend comme se donne…
Lui gilet de flanelle, elle robe en coton,
Puis deux adolescents au fond de leur smartphone,
Oubliant que la vie se prend comme se donne…
dimanche 11 mai 2014
Dernier combat
Je les ai, dans le sac, elles bougent encor.
Pour me les prendre, tu m’affrontes, au corps à corps.
Au ras du sol, l’asphalte est un miroir liquide.
Tu as gagné, ma Vie. Mon sac d’illusions ? Vide.
Pour me les prendre, tu m’affrontes, au corps à corps.
Au ras du sol, l’asphalte est un miroir liquide.
Tu as gagné, ma Vie. Mon sac d’illusions ? Vide.
samedi 10 mai 2014
Distance
Mon respir est un flot, mon souffle est un ressac,
L’ego laisse voler l’âme au-dessus du lac,
Et dans cet abandon, mes amis me rejoignent
Ensemble nous voguons, nos corps, sans fin, s’éloignent.
L’ego laisse voler l’âme au-dessus du lac,
Et dans cet abandon, mes amis me rejoignent
Ensemble nous voguons, nos corps, sans fin, s’éloignent.
vendredi 9 mai 2014
Outre monde
Je vais dans le garage, une porte est fermée,
Je l’ouvre : un escalier descend, je suis paumé,
Il n’y a pas de cave en dessous du garage !
Un cri résonne en bas…je me réveille en nage.
Je l’ouvre : un escalier descend, je suis paumé,
Il n’y a pas de cave en dessous du garage !
Un cri résonne en bas…je me réveille en nage.
jeudi 8 mai 2014
Chambre avec vue
Sur la natte élimée des heures de la nuit,
Le vent mauvais caresse les peaux qui se fuient.
Près du plafond noirci, les néons se balancent.
Une alarme sans fin déchire le silence.
Le vent mauvais caresse les peaux qui se fuient.
Près du plafond noirci, les néons se balancent.
Une alarme sans fin déchire le silence.
mercredi 7 mai 2014
Relativité
Le quai semble glisser quand le train redémarre
Et j’oscille, il est temps de larguer les amarres.
Elle cherche des yeux, son foulard de travers,
Le printemps fait l’automne et l’été fait l’hiver.
Et j’oscille, il est temps de larguer les amarres.
Elle cherche des yeux, son foulard de travers,
Le printemps fait l’automne et l’été fait l’hiver.
mardi 6 mai 2014
Gravité
Les philtres sont puissants, les pierres sont lascives.
Entre elles, sous la pluie, s’écoulent des eaux vives
Et la mousse lovée dans le creux des parois
Recueille l’élixir en frémissant de joie.
Entre elles, sous la pluie, s’écoulent des eaux vives
Et la mousse lovée dans le creux des parois
Recueille l’élixir en frémissant de joie.
lundi 5 mai 2014
Embruns
Du pommeau de sa canne il désignait la mer,
Avec sa rage verte et son ciel à l’envers.
Il disait : « C’est fini, les nuages se taisent »
Et les enfants criaient, du haut de la falaise.
Avec sa rage verte et son ciel à l’envers.
Il disait : « C’est fini, les nuages se taisent »
Et les enfants criaient, du haut de la falaise.
dimanche 4 mai 2014
Basse fréquence
Opus majeur, un ton sous le seuil auditif,
Tu grondes contre l’homme au travail inventif
Qui pollue terre et mer, sans remords et sans honte.
Ô ma planète belle, où en est le décompte ?
Tu grondes contre l’homme au travail inventif
Qui pollue terre et mer, sans remords et sans honte.
Ô ma planète belle, où en est le décompte ?
samedi 3 mai 2014
Répercussion
Peau d’antilope ou peau de lion, les tambours sonnent
À la cour de Castille, l’on bat la chaconne.
Au rythme lent de ces tambours, les pas se font
Loin du désert où la gazelle a fui le lion.
À la cour de Castille, l’on bat la chaconne.
Au rythme lent de ces tambours, les pas se font
Loin du désert où la gazelle a fui le lion.
vendredi 2 mai 2014
Siamois
Jamais au grand jamais deux chats ne se confondent
Où sont donc les sosies des chats ? Ils vagabondent
Ailleurs, dans le miroir des rêves des humains.
Veilleurs des univers … et nous sur le chemin.
Où sont donc les sosies des chats ? Ils vagabondent
Ailleurs, dans le miroir des rêves des humains.
Veilleurs des univers … et nous sur le chemin.
jeudi 1 mai 2014
Cuirasse
Sapant des flagorneurs l’évidente façade,
Ayant la peau rebelle à tout baume ou pommade,
Autonome tu vas, sans jamais que ton cœur
Ne paraisse touché du fond de ton bunker.
Ayant la peau rebelle à tout baume ou pommade,
Autonome tu vas, sans jamais que ton cœur
Ne paraisse touché du fond de ton bunker.
mercredi 30 avril 2014
Céleste vision
Gueules sur champ d’azur, les nuages dévorent,
En chimères outrées, les pans de ciel encore
Et rien ne leur échoit, que le regard perdu
D’un vagabond gisant sur l’herbe du talus.
En chimères outrées, les pans de ciel encore
Et rien ne leur échoit, que le regard perdu
D’un vagabond gisant sur l’herbe du talus.
mardi 29 avril 2014
Śīrṣāsana
Ainsi posé, conscient de la chute imminente,
Et se nourrissant d’elle, en souplesse, il invente,
En son âme, l’aplomb qui convient à l’instant,
À cette finitude, infiniment, s’attend.
Et se nourrissant d’elle, en souplesse, il invente,
En son âme, l’aplomb qui convient à l’instant,
À cette finitude, infiniment, s’attend.
lundi 28 avril 2014
Pelagia noctiluca
Pélagie la méduse a le rose élégant
Qui palpite et flamboie la nuit sur l’océan.
La belle vénéneuse en silence recule
Et malheur à qui frôle un de ses tentacules !
Qui palpite et flamboie la nuit sur l’océan.
La belle vénéneuse en silence recule
Et malheur à qui frôle un de ses tentacules !
dimanche 27 avril 2014
Magie de l’eau
Jaillissante, l’eau des fontaines, en cascade,
Inonde les jardins, puis le bassin de jade
Où tu flottes languide au creux des nymphéas :
Rainette es-tu la reine et suis-je un lauréat ?
Inonde les jardins, puis le bassin de jade
Où tu flottes languide au creux des nymphéas :
Rainette es-tu la reine et suis-je un lauréat ?
samedi 26 avril 2014
Géomancie
Le verre s’est brisé, j’ai compté les morceaux
Par terre, sans souci de passer pour un sot.
Le nombre était premier, les formes chaotiques,
À moins que je ne sois leur propre sémantique…
Par terre, sans souci de passer pour un sot.
Le nombre était premier, les formes chaotiques,
À moins que je ne sois leur propre sémantique…
vendredi 25 avril 2014
Pas de deux
Dans ton esquisse de sourire, j’ai saisi
La liberté qui se levait, qui t’a choisie,
Comme un papillon une fleur, une évidence,
Et tu ne m’as pas invité à cette danse.
La liberté qui se levait, qui t’a choisie,
Comme un papillon une fleur, une évidence,
Et tu ne m’as pas invité à cette danse.
jeudi 24 avril 2014
Banian
Le figuier n’a pas d’âge, il s’enroule et se tord.
Ses racines du ciel, lents boas constrictors,
Font une cathédrale aux colonnes fluides,
Arbre-forêt, naissant du plein comme du vide.
Ses racines du ciel, lents boas constrictors,
Font une cathédrale aux colonnes fluides,
Arbre-forêt, naissant du plein comme du vide.
mercredi 23 avril 2014
Envols
Les oranges lueurs des lanternes célestes
Éclairent les enfants qui montrent à grands gestes
Où se trouve la leur, tandis que les amants,
Déjà plus près du ciel, oublient le firmament…
Éclairent les enfants qui montrent à grands gestes
Où se trouve la leur, tandis que les amants,
Déjà plus près du ciel, oublient le firmament…
mardi 22 avril 2014
Des ombres
Les murs sont à l’affût, les échos se réveillent.
Au son, la pierre vibre en harmoniques vieilles.
Enfin la galerie sous sa voûte répand
Les hurlements des formes noires s’attroupant.
Au son, la pierre vibre en harmoniques vieilles.
Enfin la galerie sous sa voûte répand
Les hurlements des formes noires s’attroupant.
lundi 21 avril 2014
Artefacts
Je nous ai vus couchés sur un lit de ferrailles
Au milieu de robots, en plein champ de bataille
Et le déplacement d’exosquelettes lourds
Souillait, des si jolies violettes, le velours.
Au milieu de robots, en plein champ de bataille
Et le déplacement d’exosquelettes lourds
Souillait, des si jolies violettes, le velours.
dimanche 20 avril 2014
Vert d’eau
Frondaisons reflétées dans le miroir des flots,
Je sens l’éternité vous sourire sous l’eau,
De mon île perchée sur un ciel illusoire.
À vos mille couleurs d’émeraude il faut boire.
Je sens l’éternité vous sourire sous l’eau,
De mon île perchée sur un ciel illusoire.
À vos mille couleurs d’émeraude il faut boire.
samedi 19 avril 2014
Hamac
Juste un balancement qui s’estompe en douceur,
Pendulaire au milieu, cherchant son âme sœur,
Les mailles étirées comme un filet de pêche
Et tes pieds nus frôlant, légers, la terre fraîche.
Pendulaire au milieu, cherchant son âme sœur,
Les mailles étirées comme un filet de pêche
Et tes pieds nus frôlant, légers, la terre fraîche.
vendredi 18 avril 2014
Sombre camée
Noire et blanche couleurs en cet émail, profond
De toutes les nuances, vives, elles font,
Par ces gris attirés dans les ruptures d’ombres,
Un pays d’entre-deux où l’œil se désencombre.
De toutes les nuances, vives, elles font,
Par ces gris attirés dans les ruptures d’ombres,
Un pays d’entre-deux où l’œil se désencombre.
jeudi 17 avril 2014
Montaison
Les forêts de bambous sont dans le clair-obscur,
Érigeant sans pudeur leurs flèches vers l’azur,
Portant des feuilles chues de nettes cicatrices
Auxquelles en m’agrippant faut-il que je me hisse ?
Érigeant sans pudeur leurs flèches vers l’azur,
Portant des feuilles chues de nettes cicatrices
Auxquelles en m’agrippant faut-il que je me hisse ?
mercredi 16 avril 2014
Contracture
La douleur se propage en ondes ramassées.
Que cette distinction, d’elle à moi, m’ait chassé
Vers un bord chaotique, au plus secret du corps,
Me laisse entendre un son, quelque insolite accord.
Que cette distinction, d’elle à moi, m’ait chassé
Vers un bord chaotique, au plus secret du corps,
Me laisse entendre un son, quelque insolite accord.
mardi 15 avril 2014
Regards
Appuyée sur le mur en bois gris de la grange,
Assise, tu me fixes à l’abri de tes franges.
Au-dessus, le hibou me dévisage aussi,
Sans saisir nettement le rêve… wait and see.
Assise, tu me fixes à l’abri de tes franges.
Au-dessus, le hibou me dévisage aussi,
Sans saisir nettement le rêve… wait and see.
lundi 14 avril 2014
Scène privée
Mon gueuloir est bâti sur mes noires pensées,
Des voûtes de grès rouge aux formes insensées.
Dans les soubassements de ma vaine conscience,
Au soir, j’y vais hurler toute mon impuissance.
Des voûtes de grès rouge aux formes insensées.
Dans les soubassements de ma vaine conscience,
Au soir, j’y vais hurler toute mon impuissance.
dimanche 13 avril 2014
Barrière
Les coraux sont des fleurs en offrande aux noyés,
Cimetières marins des âmes effrayées.
Leur chant va palpitant dans la mer qui respire
Et les bateaux parfois sur les coraux chavirent…
Cimetières marins des âmes effrayées.
Leur chant va palpitant dans la mer qui respire
Et les bateaux parfois sur les coraux chavirent…
samedi 12 avril 2014
Révélation
L’icône fut trouvée derrière la cloison,
Depuis longtemps soustraite à la vue, l’oraison,
Peinte sur du tilleul venant du monastère,
Au fond des yeux du Christ, un voile de mystère.
Depuis longtemps soustraite à la vue, l’oraison,
Peinte sur du tilleul venant du monastère,
Au fond des yeux du Christ, un voile de mystère.
vendredi 11 avril 2014
Des talus
Faut-il que l’épareuse une à une détruise
Au bord de nos chemins les mille fleurs exquises,
Oseilles, carnillets, de vieux rose parés,
Clochettes de consoude ou pervenches serrées…
Au bord de nos chemins les mille fleurs exquises,
Oseilles, carnillets, de vieux rose parés,
Clochettes de consoude ou pervenches serrées…
jeudi 10 avril 2014
Principe
Le cercle est immanent, tous les êtres le savent,
Aucun ne le possède, aucun n’en est esclave,
Il occupe l’espace, il étire le temps,
Rien de lui ne s’impose, invisible, et pourtant…
Aucun ne le possède, aucun n’en est esclave,
Il occupe l’espace, il étire le temps,
Rien de lui ne s’impose, invisible, et pourtant…
mercredi 9 avril 2014
Angle de vue
Au creux de l’arbre mort stagne un petit peu d’eau.
Les insectes y vont faire des glissandos
Puis se sèchent sans bruit, dans quelque mousse fine,
Un microcosme plein. La vie n’est pas mesquine.
Les insectes y vont faire des glissandos
Puis se sèchent sans bruit, dans quelque mousse fine,
Un microcosme plein. La vie n’est pas mesquine.
mardi 8 avril 2014
Arythmie
Fermer les yeux, toucher le vent, ouïr l’oiseau,
Humer le ciel, louer la terre, hanter les eaux,
Silence. Une blancheur esquive les persiennes.
En-deçà, dans le cœur, renaît une ode ancienne.
Humer le ciel, louer la terre, hanter les eaux,
Silence. Une blancheur esquive les persiennes.
En-deçà, dans le cœur, renaît une ode ancienne.
lundi 7 avril 2014
À main nue
Je voudrais retrouver l’enchantement du monde,
Au milieu des gravats, des poussières immondes,
(Il faut continuer, le temps est assassin)
Sans rien d’autre qu’un doigt pour y faire un dessin.
Au milieu des gravats, des poussières immondes,
(Il faut continuer, le temps est assassin)
Sans rien d’autre qu’un doigt pour y faire un dessin.
dimanche 6 avril 2014
Échecs
Le séjour est tendu de velours cramoisis
Le cavalier d’ébène a le regard transi
(Deux mètres de bois noir à la sculpture pleine)
Auprès du fou d’ivoire, mort : le Jeu, la peine…
Le cavalier d’ébène a le regard transi
(Deux mètres de bois noir à la sculpture pleine)
Auprès du fou d’ivoire, mort : le Jeu, la peine…
samedi 5 avril 2014
Sūryanamaskāra
La voussure élancée de ton corps qui salue
Lentement le soleil, comme une aube, évolue
Vers un point d’équilibre où les courbes sans fin
De lumière et de chair dessinent des dauphins.
Lentement le soleil, comme une aube, évolue
Vers un point d’équilibre où les courbes sans fin
De lumière et de chair dessinent des dauphins.
vendredi 4 avril 2014
Avis
Je ressens la fraîcheur d’une larme qui sèche
En cet instant de peu. Je relis la Dépêche
Et mes yeux n’y croient pas, l’ami, tu es parti.
Rien n’est, dans cette place, à ma peine assorti.
En cet instant de peu. Je relis la Dépêche
Et mes yeux n’y croient pas, l’ami, tu es parti.
Rien n’est, dans cette place, à ma peine assorti.
jeudi 3 avril 2014
Point focal
Le coffre en palissandre est compartimenté,
Trois boîtes de laiton conservent les grands thés
Que je rêve de boire avec cérémonie
Près de toi, renaissant de nos pensées unies.
Trois boîtes de laiton conservent les grands thés
Que je rêve de boire avec cérémonie
Près de toi, renaissant de nos pensées unies.
mercredi 2 avril 2014
Dérive
Mon toit comme un bateau renversé, dans la nuit,
De son étrave fend l’espace noir, sans bruit.
Soudain les nues s’écartent et les astres jaillissent,
Ô falotes lueurs vers qui je tends, je glisse…
De son étrave fend l’espace noir, sans bruit.
Soudain les nues s’écartent et les astres jaillissent,
Ô falotes lueurs vers qui je tends, je glisse…
mardi 1 avril 2014
Quête
Entre les fumerolles sombres de Mordor,
Au tréfonds des cités antiques d’Erebor,
Dans les élancements des tours de Notre-Dame,
Avec peine et lenteur, je recherche mon âme.
Au tréfonds des cités antiques d’Erebor,
Dans les élancements des tours de Notre-Dame,
Avec peine et lenteur, je recherche mon âme.
lundi 31 mars 2014
Des rails
Le train fend le pays comme une lame vive
Et les flans de métal chuintent, circonscrivent
Un tunnel délétère où jamais le repos
Ne prend le voyageur…le rail use la peau.
Et les flans de métal chuintent, circonscrivent
Un tunnel délétère où jamais le repos
Ne prend le voyageur…le rail use la peau.
dimanche 30 mars 2014
Sève
J’ai compris la prière enfin de l’arbre nu,
Tous ses rameaux tournés vers un ciel inconnu,
Mais le soleil de mars un jour ravi l’écorce
Et feuilles et bourgeons vont de leur douce force…
Tous ses rameaux tournés vers un ciel inconnu,
Mais le soleil de mars un jour ravi l’écorce
Et feuilles et bourgeons vont de leur douce force…
samedi 29 mars 2014
Lichen
Les cratères dolents de soufre s’embellissent
Et des trompettes d’or dans des alcôves glissent :
Y a-t-il un espace où diriger mes pas
Dans cette foule lisse où je ne te sais pas ?
Et des trompettes d’or dans des alcôves glissent :
Y a-t-il un espace où diriger mes pas
Dans cette foule lisse où je ne te sais pas ?
vendredi 28 mars 2014
Au fond
J’entends l’eau qui s’égoutte en filière perlée,
L’eau qui gronde et s’empare des voiles ferlées.
Les masses océanes m’ont enseveli,
Sur la sphère elles sont si bien que l’eau me lie.
L’eau qui gronde et s’empare des voiles ferlées.
Les masses océanes m’ont enseveli,
Sur la sphère elles sont si bien que l’eau me lie.
jeudi 27 mars 2014
Archet
Je ne crains pas ce bois qui de haut se balance,
Et de crins et de voix remplissant le silence,
Aux cordes caressées, répond du juste cri.
Les anges n’ont besoin ni de mots ni d’écrits.
Et de crins et de voix remplissant le silence,
Aux cordes caressées, répond du juste cri.
Les anges n’ont besoin ni de mots ni d’écrits.
mercredi 26 mars 2014
Paysage
La route tortueuse indique sans un mot
La lisière secrète entre les deux hameaux :
Les toits sont effondrés, les clôtures anciennes,
Une troupe d’aigrettes blanches fait des siennes…
La lisière secrète entre les deux hameaux :
Les toits sont effondrés, les clôtures anciennes,
Une troupe d’aigrettes blanches fait des siennes…
mardi 25 mars 2014
Animal
Le loup n’est pas ici même quand il me hante,
Il est dans des contrées de libre vie errante
Où l’horizon se perd. Qui pourrait l’aborder ?
Du loup je n’ai que l’ombre. Un pas, une coudée.
Il est dans des contrées de libre vie errante
Où l’horizon se perd. Qui pourrait l’aborder ?
Du loup je n’ai que l’ombre. Un pas, une coudée.
lundi 24 mars 2014
Surréel
Je me souviens de cette étrange transparence
Où le moindre détail saute, dans le silence,
À mes yeux fascinés, semble poindre et fleurir,
Comme le court instant juste avant de mourir.
Où le moindre détail saute, dans le silence,
À mes yeux fascinés, semble poindre et fleurir,
Comme le court instant juste avant de mourir.
dimanche 23 mars 2014
Île des livres
L’immense labyrinthe où vous fûtes laissée
Combla, dans ces moments de livres enchâssés
Blottis dans des alcôves, lourds tomes de cuir,
Votre âme solitaire, en habits de désir.
Combla, dans ces moments de livres enchâssés
Blottis dans des alcôves, lourds tomes de cuir,
Votre âme solitaire, en habits de désir.
samedi 22 mars 2014
Naturel
Belle aux jambes de laine, en espadrilles vertes,
Aperçue dans le hall, à cette heure déserte
Avec un air de danse à chacun de ses pas,
L’air vibre de sa grâce…elle ne le sait pas.
Aperçue dans le hall, à cette heure déserte
Avec un air de danse à chacun de ses pas,
L’air vibre de sa grâce…elle ne le sait pas.
vendredi 21 mars 2014
À chuchoter
Dors ma grenouille, dors, le petit chat s’endort
Tout près de sa maman, qui ronronne très fort
Sur le coussin tout bleu que tu lui as donné :
Dans son rêve il refait les jeux de la journée…
Tout près de sa maman, qui ronronne très fort
Sur le coussin tout bleu que tu lui as donné :
Dans son rêve il refait les jeux de la journée…
jeudi 20 mars 2014
Conjecture
Syracuse la belle, aux pierres de mémoire,
Abrite sous ses dalles un bien curieux grimoire :
Impair triplé plus un, pair divisé par deux,
Que l’unique l’emporte, est-ce un fait hasardeux ?
Abrite sous ses dalles un bien curieux grimoire :
Impair triplé plus un, pair divisé par deux,
Que l’unique l’emporte, est-ce un fait hasardeux ?
mercredi 19 mars 2014
Tutti frutti
Entendre encore un peu le bruissement des feuilles,
Au-dessous, l’élan fou des bourgeons qui recueillent
En douce les émois des abeilles sorties
Sous la chaleur solaire avec grand appétit.
Au-dessous, l’élan fou des bourgeons qui recueillent
En douce les émois des abeilles sorties
Sous la chaleur solaire avec grand appétit.
mardi 18 mars 2014
Elles reviennent
L’élégance gracile et belle, en noir et blanc,
De l’hirondelle amie, joyeuse, ciselant
Dans le ciel du printemps, ses arabesques folles,
Illumine l’instant comme une girandole.
De l’hirondelle amie, joyeuse, ciselant
Dans le ciel du printemps, ses arabesques folles,
Illumine l’instant comme une girandole.
lundi 17 mars 2014
Flânerie
Découvert en marchant, quelle belle figure,
Au détour d’une rue, ce visage qui jure
Avec cette laideur installée des faubourgs :
Un sourire d’azur pour repeindre le jour.
Au détour d’une rue, ce visage qui jure
Avec cette laideur installée des faubourgs :
Un sourire d’azur pour repeindre le jour.
dimanche 16 mars 2014
Prāṇa
Mes mains sont relâchées comme des univers
En bateau de néant, je vogue sur mon aire,
Attentif aux tressauts du souffle que je vis,
Libre sans que jamais cet air m’ait assouvi.
En bateau de néant, je vogue sur mon aire,
Attentif aux tressauts du souffle que je vis,
Libre sans que jamais cet air m’ait assouvi.
samedi 15 mars 2014
Darchok
Les toiles attachées flottent sur de grands mats,
Tels des chevaux tenus par les vents du dharma.
Voyez ces mots, inscrits dans leur trame candide :
« Illusion dans le plein, vérité dans le vide ».
Tels des chevaux tenus par les vents du dharma.
Voyez ces mots, inscrits dans leur trame candide :
« Illusion dans le plein, vérité dans le vide ».
vendredi 14 mars 2014
Rien ne presse
La presse au bronze noir lutte encore à la cave
En rêvant des folios et de l’encre qu’ils boivent.
Un rai de lune anime étrangement le bras,
Quoiqu' on l’ait sans égard revêtu d’un vieux drap…
En rêvant des folios et de l’encre qu’ils boivent.
Un rai de lune anime étrangement le bras,
Quoiqu' on l’ait sans égard revêtu d’un vieux drap…
jeudi 13 mars 2014
Doline
Sous son manteau de fausse loutre, elle frissonnait
Perdue, silhouette vacillant dans la chênaie,
Gouttes perlant sur les parois de marne blanche,
Et sa mémoire lui contait d’autres dimanches.
Perdue, silhouette vacillant dans la chênaie,
Gouttes perlant sur les parois de marne blanche,
Et sa mémoire lui contait d’autres dimanches.
mercredi 12 mars 2014
Dilemme
Quel beau jour pour mourir – l’alouette s’envole.
Au loin, le geai moqueur éperdument cajole
Et la mousse qui pousse est le lit du désir –
Ou quel beau jour pour vivre, et vivre… est-ce choisir ?
Au loin, le geai moqueur éperdument cajole
Et la mousse qui pousse est le lit du désir –
Ou quel beau jour pour vivre, et vivre… est-ce choisir ?
mardi 11 mars 2014
Un plus un
Juste au-delà du vide, en franchissant le rien
Qui déchire nos corps, auprès du tien, le mien,
J’ai connu le vertige en chute de nos vies,
Insignifiantes parts de notre amour, ravies.
Qui déchire nos corps, auprès du tien, le mien,
J’ai connu le vertige en chute de nos vies,
Insignifiantes parts de notre amour, ravies.
lundi 10 mars 2014
Accord majeur
À ta manière crue de me pétrir la main,
De poser ton barda d’un coup sur le chemin,
Je vis qu’on était fait de la même détresse
Et devant celle-ci, la mort, un temps, paresse…
De poser ton barda d’un coup sur le chemin,
Je vis qu’on était fait de la même détresse
Et devant celle-ci, la mort, un temps, paresse…
dimanche 9 mars 2014
Air de rien
À la folie de qui chante un scat aérien,
Je pose le stylet d’un phonographe ancien,
J’écoute, des Boswell Sisters, Crazy People,
Et je sens là combien frissonnent tes épaules.
Je pose le stylet d’un phonographe ancien,
J’écoute, des Boswell Sisters, Crazy People,
Et je sens là combien frissonnent tes épaules.
samedi 8 mars 2014
Dunes
Les voies de sable vont au-delà des tracés
De l’homme et le soleil abolit le passé.
Le vent file et bâtit les rondeurs minérales,
Entropiques sommets mimant les cathédrales.
De l’homme et le soleil abolit le passé.
Le vent file et bâtit les rondeurs minérales,
Entropiques sommets mimant les cathédrales.
vendredi 7 mars 2014
Ballade
De ta bouche, les mots sont des fleurs de clairière,
Oscillant sous l’écho de fugues buissonnières.
Autour est la musique et si ta voix faiblit,
Le timbre en est si chaud qu’il me porte et m’emplit.
Oscillant sous l’écho de fugues buissonnières.
Autour est la musique et si ta voix faiblit,
Le timbre en est si chaud qu’il me porte et m’emplit.
jeudi 6 mars 2014
Au fil de l’eau
Il arpente le fil des volutes nacrées,
Le roué maraudeur des âmes égarées.
Peu m’importe, je vais dans le calme de l’eau,
La tête reposée, songeuse, les yeux clos.
Le roué maraudeur des âmes égarées.
Peu m’importe, je vais dans le calme de l’eau,
La tête reposée, songeuse, les yeux clos.
mercredi 5 mars 2014
Temple-racines
Sous le banian tu songes, aux portes de la mort,
Et l’enfant qui s’appuie sur ton épaule dort.
Deux éléphants assis, gardiens de ta retraite,
Ont la mémoire longue et la force discrète.
Et l’enfant qui s’appuie sur ton épaule dort.
Deux éléphants assis, gardiens de ta retraite,
Ont la mémoire longue et la force discrète.
mardi 4 mars 2014
À table
Vite tu griffonnais, sur la nappe fragile
Une liste de mots, mais tu étais fébrile
Et souvent tu griffais le papier, du stylo :
Les mots se blottissaient comme dans un enclos.
Une liste de mots, mais tu étais fébrile
Et souvent tu griffais le papier, du stylo :
Les mots se blottissaient comme dans un enclos.
lundi 3 mars 2014
Fausse alerte
La vague est assassine au point de non retour,
Il faut bien écoper, chacun prenant son tour.
Le ciel est gris de mer, la barque et l’eau se jaugent
Et puis la berge est là, les naufragés pataugent.
Il faut bien écoper, chacun prenant son tour.
Le ciel est gris de mer, la barque et l’eau se jaugent
Et puis la berge est là, les naufragés pataugent.
dimanche 2 mars 2014
Confidences
Les arbres m’ont tout dit, sans mot, sans tromperie,
À la manière dont le bourgeon refleurit,
Le rameau se déploie, quand les feuilles s’amorcent
Et plus encore ici, tout contre leur écorce.
À la manière dont le bourgeon refleurit,
Le rameau se déploie, quand les feuilles s’amorcent
Et plus encore ici, tout contre leur écorce.
samedi 1 mars 2014
Torquigener
Le poisson-globe sasse en solo l’eau salée,
Sourd à l’assaut du sable, en sculptant ses allées,
Insensiblement sort sa belle dédicace,
Immense mandala, siliceuse rosace.
Sourd à l’assaut du sable, en sculptant ses allées,
Insensiblement sort sa belle dédicace,
Immense mandala, siliceuse rosace.
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