Sur la jetée du crépuscule ils sont tous deux,
L’une est en habit de soirée, l’autre piteux.
Quand elle arpente le ponton, fort aguicheuse,
Il reconnaît devant lui la Grande Faucheuse.
lundi 31 août 2015
dimanche 30 août 2015
Feu follet
Tu es la menue fée de la fête foraine
Et voltes çà et là, prête à mille fredaines,
Au milieu des flonflons, ton rire tant ravi,
Ces paillettes dorées sur ta peau, me convient.
Et voltes çà et là, prête à mille fredaines,
Au milieu des flonflons, ton rire tant ravi,
Ces paillettes dorées sur ta peau, me convient.
samedi 29 août 2015
Fat
Il arbore grossier de l’or à pleines dents,
Stupide carnassier d’un monde décadent.
Tout au fond, sous les fards, les poses de flambeur,
Les costumes blafards, dissimulée, la peur.
Stupide carnassier d’un monde décadent.
Tout au fond, sous les fards, les poses de flambeur,
Les costumes blafards, dissimulée, la peur.
vendredi 28 août 2015
Binaire
Dans la cabine nue vit le projectionniste,
Il n’a plus ses charbons, sa pellicule, triste.
Ici la croix de Malte est un rêve lointain,
Le numérique est froid comme un petit matin.
Il n’a plus ses charbons, sa pellicule, triste.
Ici la croix de Malte est un rêve lointain,
Le numérique est froid comme un petit matin.
jeudi 27 août 2015
Au-dessus
L’échelle est suspendue dans le fond du grenier.
Je devine dans l’ombre un vieux sac de meunier.
Le rayon de soleil qui tranche la poussière
Ouvre le temps perdu comme une orange amère.
Je devine dans l’ombre un vieux sac de meunier.
Le rayon de soleil qui tranche la poussière
Ouvre le temps perdu comme une orange amère.
mercredi 26 août 2015
Duo
Tu n’as pas ta pareille à dire avec les yeux
Ce gonflement du cœur qui monte silencieux,
Je le prends au dedans, ma main contre la tienne.
Ensemble nous avons la joie comme la peine.
Ce gonflement du cœur qui monte silencieux,
Je le prends au dedans, ma main contre la tienne.
Ensemble nous avons la joie comme la peine.
mardi 25 août 2015
Les mots roulent
De ma peine puisées, les paroles s’enchaînent,
Rondes comme les roues de ma petite reine.
Un lacet, deux lacets, le col me joue des tours,
Tandis que plane haut l’impassible vautour.
Rondes comme les roues de ma petite reine.
Un lacet, deux lacets, le col me joue des tours,
Tandis que plane haut l’impassible vautour.
lundi 24 août 2015
Lithosphère
Des pierres sont gravées parmi les pavés nus
Sans que nul ne les voie. La foule est convenue.
Quand bruissent les statues, que les ombres bleuissent,
Une humeur minérale en mon âme se glisse.
Sans que nul ne les voie. La foule est convenue.
Quand bruissent les statues, que les ombres bleuissent,
Une humeur minérale en mon âme se glisse.
dimanche 23 août 2015
Le goût de la terre
Il ne me reste plus, en terre nourricière,
Au milieu des gravats, qu’à mordre la poussière,
Avoir un goût de sel et de sang mélangés.
Qui a, d’elle ou de nous, de nature changé ?
Au milieu des gravats, qu’à mordre la poussière,
Avoir un goût de sel et de sang mélangés.
Qui a, d’elle ou de nous, de nature changé ?
samedi 22 août 2015
Gros son
Des basses saturées, les noires harmoniques
Exhalent dans la rue leur fièvre mécanique
Et le vent qui maraude en fait bien peu de cas :
L’orage qui s’approche est d’un autre fracas.
Exhalent dans la rue leur fièvre mécanique
Et le vent qui maraude en fait bien peu de cas :
L’orage qui s’approche est d’un autre fracas.
vendredi 21 août 2015
Fossile
Dans l’argile, le corps, imprimé de sa peine,
Étire en ronde-bosse une histoire lointaine
Et nous, dans la pénombre où gisent nos cités,
Dissertons inconscients de notre vanité.
Étire en ronde-bosse une histoire lointaine
Et nous, dans la pénombre où gisent nos cités,
Dissertons inconscients de notre vanité.
jeudi 20 août 2015
Confiance
En terres inconnues, nous sommes mains serrées,
Bouches avides, nus, l’un ou l’autre effleurés,
Des silences précis, sur nos peaux frémissantes
Entièrement données, jamais ici ne mentent.
Bouches avides, nus, l’un ou l’autre effleurés,
Des silences précis, sur nos peaux frémissantes
Entièrement données, jamais ici ne mentent.
mercredi 19 août 2015
En liberté
Vivante, titubant de ne pas regarder
Le monde à l’aune des affiches placardées,
Sa jupe cingle loin dans les mers insipides
Et son rire fracasse : elle est source limpide.
Le monde à l’aune des affiches placardées,
Sa jupe cingle loin dans les mers insipides
Et son rire fracasse : elle est source limpide.
mardi 18 août 2015
Si loin
Il n’est que l’horizon, de la blancheur des routes,
À résister encore au bitume sans doute.
Et qu’en est-il des jours que tous deux nous rêvions ?
L’arc-en-ciel jaillissant des traînées d’un avion ?
À résister encore au bitume sans doute.
Et qu’en est-il des jours que tous deux nous rêvions ?
L’arc-en-ciel jaillissant des traînées d’un avion ?
lundi 17 août 2015
Chaînes sans fin
Des tombereaux roulent encor sur les chemins
Creux, dans les brumes de l’aurore, mais d’humains,
Pas une trace, il s’agit de fantômes liges
Assidûment à la besogne, vains auriges.
Creux, dans les brumes de l’aurore, mais d’humains,
Pas une trace, il s’agit de fantômes liges
Assidûment à la besogne, vains auriges.
dimanche 16 août 2015
Boniment
Du commercial sourire, en vain réitéré,
Je n’ai cure. Il suffit d’attendre qu’effleuré
Par la fragile fleur de la vérité nue,
L’homme enfin se dessille au seuil de l’inconnu.
Je n’ai cure. Il suffit d’attendre qu’effleuré
Par la fragile fleur de la vérité nue,
L’homme enfin se dessille au seuil de l’inconnu.
samedi 15 août 2015
Fin de soirée
Les flonflons se sont tus, les gens quittent la place.
Au loin, quelques éclairs de chaleur s’entrelacent.
Une chouette chevêche hulule au creux d’un tronc,
La nuit reprend son dû, le temps se love en rond.
Au loin, quelques éclairs de chaleur s’entrelacent.
Une chouette chevêche hulule au creux d’un tronc,
La nuit reprend son dû, le temps se love en rond.
vendredi 14 août 2015
Repos
Ménage tes efforts, ma vieille haridelle,
Il se fait tard, rejoins ta petite pradelle
Où la flouve odorante et le trèfle te font
La plus douce litière et des rêves profonds.
Il se fait tard, rejoins ta petite pradelle
Où la flouve odorante et le trèfle te font
La plus douce litière et des rêves profonds.
jeudi 13 août 2015
Ferrailleur
Je suis dans la ferraille et laisse tout dehors,
Des poutrelles d’acier, de vieux escalators,
Devant, c’est ma muraille en carcasses de tôle.
Au pied je suis blotti, je sais tout, je contrôle.
Des poutrelles d’acier, de vieux escalators,
Devant, c’est ma muraille en carcasses de tôle.
Au pied je suis blotti, je sais tout, je contrôle.
mercredi 12 août 2015
Sorcière
Tu es, insoucieuse, à l’orée des hivers
Et vas, sans que le temps te frôle d’un revers,
Mais faut-il à ce prix se priver de mémoire
Au point de ne compter que sur de vieux grimoires ?
Et vas, sans que le temps te frôle d’un revers,
Mais faut-il à ce prix se priver de mémoire
Au point de ne compter que sur de vieux grimoires ?
mardi 11 août 2015
Mémoire de chêne
Tu t'appelais Gauvin, tu m'as planté jadis
Au bord d'un champ de blé, maintenant de maïs.
J'ai gardé la mémoire enfouie de mes branches,
Il se fera longtemps avant que l'on me tranche.
Au bord d'un champ de blé, maintenant de maïs.
J'ai gardé la mémoire enfouie de mes branches,
Il se fera longtemps avant que l'on me tranche.
lundi 10 août 2015
Ébloui
L'eau du canal se ride au vent du crépuscule,
Où les derniers rayons en mille particules
Éparpillent l'espace, et sur ta peau bronzée
Laissent de lumineuses taches t'embraser.
Où les derniers rayons en mille particules
Éparpillent l'espace, et sur ta peau bronzée
Laissent de lumineuses taches t'embraser.
dimanche 9 août 2015
Calcul
Le vingt-trois, boulevard des apothicaires
Est presque en face du quarante-deux, notaires
Et rien ne dit, pour celui qui bat le pavé
Que le secret se trouve entre les deux, rêvé…
Est presque en face du quarante-deux, notaires
Et rien ne dit, pour celui qui bat le pavé
Que le secret se trouve entre les deux, rêvé…
samedi 8 août 2015
Choses sues
Les croisillons gauchis, les vitres fissurées,
La fenêtre gémit, offerte aux vents madrés.
J'écoute. Au bord du lit, un rayon de lumière
Illumine aussi la mémoire de poussière.
La fenêtre gémit, offerte aux vents madrés.
J'écoute. Au bord du lit, un rayon de lumière
Illumine aussi la mémoire de poussière.
vendredi 7 août 2015
Relief
La granulosité du monde est un message,
En ronde-bosse avec les strates de nuages,
Océans et déserts, montagnes et forêts,
Qui donc a le recul pour trouver le secret ?
En ronde-bosse avec les strates de nuages,
Océans et déserts, montagnes et forêts,
Qui donc a le recul pour trouver le secret ?
jeudi 6 août 2015
Rêve de terre
La passagère clandestine rêve encor,
Oubliant que fument les ruines, tous ces corps.
Elle s'envole avec le vent, la brigantine.
Au loin, la côte des vivants la prédestine.
Oubliant que fument les ruines, tous ces corps.
Elle s'envole avec le vent, la brigantine.
Au loin, la côte des vivants la prédestine.
mercredi 5 août 2015
Vade-mecum
Sa veste était trouée, mais les poches étaient sûres
Et jamais rien ne se perdait dans la doublure.
À sa mort on trouva dans sa poche de cœur
Une lettre d'amour, et dessus, une fleur.
Et jamais rien ne se perdait dans la doublure.
À sa mort on trouva dans sa poche de cœur
Une lettre d'amour, et dessus, une fleur.
mardi 4 août 2015
Avant la fugue
Prélude en la mineur. La nef soudain palpite,
Et les voûtes déploient leurs ailes de granite.
En dessous, la musique est un pur océan
Dans lequel je m’immerge avec un cœur béant.
Et les voûtes déploient leurs ailes de granite.
En dessous, la musique est un pur océan
Dans lequel je m’immerge avec un cœur béant.
lundi 3 août 2015
Là-haut
Tu monteras plus haut que tous les bancs de brume
Et le sel de ta peau blanchira sous l'écume,
Encore un peu, la joie dans l'air pur des sommets
Te saisira. La vie, quand le corps n'en peut mais.
Et le sel de ta peau blanchira sous l'écume,
Encore un peu, la joie dans l'air pur des sommets
Te saisira. La vie, quand le corps n'en peut mais.
dimanche 2 août 2015
Glissade
En chaussettes, tu cours sur la dalle de marbre,
On dirait un chaton voulant quitter un arbre,
Et même en cahotant, ta grâce me séduit,
Je te lance : « Une danse ? Et c'est moi qui conduis ! »
On dirait un chaton voulant quitter un arbre,
Et même en cahotant, ta grâce me séduit,
Je te lance : « Une danse ? Et c'est moi qui conduis ! »
samedi 1 août 2015
Ordre
Le sous-main de cuir vert est posé tout au bord
Du bureau. Les classeurs, les cahiers à ressort,
Le stylo, le buvard sont à la place dite,
Or le chaos jaillit de ma plume maudite.
Du bureau. Les classeurs, les cahiers à ressort,
Le stylo, le buvard sont à la place dite,
Or le chaos jaillit de ma plume maudite.
Inscription à :
Articles (Atom)