La maison fait la ruine et la ruine les pierres,
Elles-mêmes bientôt, mouvement circulaire,
En murs s’entassent haut, dociles sous les mains
Des hommes oublieux du minéral humain.
jeudi 31 décembre 2015
mercredi 30 décembre 2015
Tangente
L’un, l’autre, sur la route, nous allions, serrés
Puis le vent du destin, vif, nous a séparés.
Vingt ans plus tard, j’entends l’étourdissant silence
Entre nous, entaillé comme un canyon immense.
Puis le vent du destin, vif, nous a séparés.
Vingt ans plus tard, j’entends l’étourdissant silence
Entre nous, entaillé comme un canyon immense.
mardi 29 décembre 2015
Organum
L’organique maison s’enracine si loin
Dans l’humeur tellurique et l’humique terrain.
Ses pièces lambrissées sont ses vivants organes
Et dans l’une, son cœur, l’orgue joue des arcanes.
Dans l’humeur tellurique et l’humique terrain.
Ses pièces lambrissées sont ses vivants organes
Et dans l’une, son cœur, l’orgue joue des arcanes.
lundi 28 décembre 2015
Vies passées
Il a mis ses besicles sur son nez camus,
Lisant sa lettre encore, toujours aussi ému,
Qui lui dit qu’elle attend que finisse la guerre…
Il ne l’a pas revu. Peine crépusculaire.
Lisant sa lettre encore, toujours aussi ému,
Qui lui dit qu’elle attend que finisse la guerre…
Il ne l’a pas revu. Peine crépusculaire.
dimanche 27 décembre 2015
Dans tes yeux
Les heures de tes yeux sont d’un noir si profond
Que j’y reste plongé, puis m’y perds et morfonds,
Quand enfin ton sourire ingénu vient briser
Le sort et sur mes lèvres quérir un baiser.
Que j’y reste plongé, puis m’y perds et morfonds,
Quand enfin ton sourire ingénu vient briser
Le sort et sur mes lèvres quérir un baiser.
samedi 26 décembre 2015
Traduttore
Ce verre de cristal qu’en silence tu vides
Et dont tu suis d’un doigt le rebord, intrépide,
Enfin produit le son que tu voulais, flûté,
À la place des mots qui m’auraient contenté.
Et dont tu suis d’un doigt le rebord, intrépide,
Enfin produit le son que tu voulais, flûté,
À la place des mots qui m’auraient contenté.
vendredi 25 décembre 2015
Dénivelé
Que de temps à gravir la côte vengeresse !
Au fond, mon corps, mon cœur sont ici dans l’ivresse
À deviner ce que l’esprit nie tout de go,
Que la beauté sourd d’une faille de l’ego.
Au fond, mon corps, mon cœur sont ici dans l’ivresse
À deviner ce que l’esprit nie tout de go,
Que la beauté sourd d’une faille de l’ego.
jeudi 24 décembre 2015
Structure
Épars, le bois flotté, poli par la rivière,
A fini son parcours en tas sur la gravière,
Enchevêtré, porteur à nouveau d’un plein sens,
Celui qu’à une mort donne une renaissance.
A fini son parcours en tas sur la gravière,
Enchevêtré, porteur à nouveau d’un plein sens,
Celui qu’à une mort donne une renaissance.
mercredi 23 décembre 2015
Félin
C’est entre chien et loup qu’il est le plus matois,
Hésitant entre merle et grive, qu’il chatoie,
Allant du coq à l’âne, habile télépathe,
Toujours sûr, du velours aux pattes acrobates.
Hésitant entre merle et grive, qu’il chatoie,
Allant du coq à l’âne, habile télépathe,
Toujours sûr, du velours aux pattes acrobates.
mardi 22 décembre 2015
Apesanteur
Je chois sans fin, menu, dans la vallée d’Éden,
Aussi léger dans l’air que le grain de pollen,
Aucune peur ne vient, ma chute au fond m’élève :
L’essence de la vie est en ce qu’elle est brève.
Aussi léger dans l’air que le grain de pollen,
Aucune peur ne vient, ma chute au fond m’élève :
L’essence de la vie est en ce qu’elle est brève.
lundi 21 décembre 2015
Voleur de nuit
Je cherche en vain la nuit qui fuit les lampadaires
Et toutes ces ampoules, diodes mensongères,
À la lueur desquelles il faut se réjouir,
Qui forcent dans les cieux chaque étoile à pâlir.
Et toutes ces ampoules, diodes mensongères,
À la lueur desquelles il faut se réjouir,
Qui forcent dans les cieux chaque étoile à pâlir.
dimanche 20 décembre 2015
Nos lointains
Dandy de laine bleue, comme un ciel sur le corps,
Que j’imagine allant dans les ruines d’Angkor,
Le sourire étiré tel un chat qui s’éveille,
Où sont tes mélodies de voiles qui faseyent ?
Que j’imagine allant dans les ruines d’Angkor,
Le sourire étiré tel un chat qui s’éveille,
Où sont tes mélodies de voiles qui faseyent ?
samedi 19 décembre 2015
Amertume
Un violon perdu dans un chaudron de cuivre
Attend d’être joué par la musicienne ivre
Ayant jadis poussé son âme à l’infini,
Mais la rancœur le gagne et gâte son vernis.
Attend d’être joué par la musicienne ivre
Ayant jadis poussé son âme à l’infini,
Mais la rancœur le gagne et gâte son vernis.
vendredi 18 décembre 2015
Pile
Repoussée par le flot tumultueux de l’onde,
Elle tient sans faillir au milieu de la ronde,
Intimement tenue dans la terre qui dort.
Au-dessus des passants s’imaginent la mort.
Elle tient sans faillir au milieu de la ronde,
Intimement tenue dans la terre qui dort.
Au-dessus des passants s’imaginent la mort.
jeudi 17 décembre 2015
Mélodie
Le joueur de cithare aux doigts bleus s’ennuyait
De ne pouvoir jouer qu’un piètre menuet,
Qu’importe, les oiseaux, dans leurs trilles mignardes,
Avaient trouvé le la. Faut-il tuer le barde ?
De ne pouvoir jouer qu’un piètre menuet,
Qu’importe, les oiseaux, dans leurs trilles mignardes,
Avaient trouvé le la. Faut-il tuer le barde ?
mercredi 16 décembre 2015
Rue du jazz
En tanguant dans l’air noir, en transe tu m’étreins,
Vénus sur le trottoir. Aux courbes de tes reins,
Les chats se sont perchés sur d’élégantes pattes,
Entonnant des solos éraillés pour leurs chattes.
Vénus sur le trottoir. Aux courbes de tes reins,
Les chats se sont perchés sur d’élégantes pattes,
Entonnant des solos éraillés pour leurs chattes.
mardi 15 décembre 2015
Infusion
La bouilloire a sifflé sur la plaque de fonte,
Un thé sans fin commence et tu me dis un conte,
Il était une fois, des bêtes et des hommes,
La bouilloire chuchote et le chat fait un somme.
Un thé sans fin commence et tu me dis un conte,
Il était une fois, des bêtes et des hommes,
La bouilloire chuchote et le chat fait un somme.
lundi 14 décembre 2015
Bord de mer
Je rêvais de marcher sur le sable avec toi,
Le long de l’océan, plein d’un amour courtois,
Puis la marée gagnant vient effacer nos traces
Et nous ne fûmes plus que des âmes qui passent.
Le long de l’océan, plein d’un amour courtois,
Puis la marée gagnant vient effacer nos traces
Et nous ne fûmes plus que des âmes qui passent.
dimanche 13 décembre 2015
Oratoire
Rien ne saurait souffrir en ce bois reposé,
Peut-être est-ce l’aplomb d’une abside apaisée,
La mousse aurait couvert depuis longtemps les dalles
Et les gouttes de pluie en guise d’eau lustrale…
Peut-être est-ce l’aplomb d’une abside apaisée,
La mousse aurait couvert depuis longtemps les dalles
Et les gouttes de pluie en guise d’eau lustrale…
samedi 12 décembre 2015
Étages
Dans les soutes viciées les rats cherchent pitance
Et la voile au-dessus se gonfle d’importance,
Entre les deux, la barre est tenue par le Vieux,
En bas roule la mer et là-haut vont les cieux.
Et la voile au-dessus se gonfle d’importance,
Entre les deux, la barre est tenue par le Vieux,
En bas roule la mer et là-haut vont les cieux.
vendredi 11 décembre 2015
Instantané
Ta robe est bleue, toute piquée de taches claires
À la mesure des néants de Baudelaire,
Enfant, tu chantes dans le square des Buissons.
Je n’ai pas écouté la fin de la chanson.
À la mesure des néants de Baudelaire,
Enfant, tu chantes dans le square des Buissons.
Je n’ai pas écouté la fin de la chanson.
jeudi 10 décembre 2015
Revers
Accroupi contre un mur qui monte jusqu’au ciel,
Tu ressens le plaisir des gens, superficiel,
Aucun moyen de fuir, ton vieux cœur fait des bonds.
Le destin des passants. Celui des vagabonds…
Tu ressens le plaisir des gens, superficiel,
Aucun moyen de fuir, ton vieux cœur fait des bonds.
Le destin des passants. Celui des vagabonds…
mercredi 9 décembre 2015
Piste
Dans le cercle d’argent surgit la contrebasse
Au tempo dérangeant de bossa nova lasse.
Une robe en lamé, tu danses sans effort
À côté du danseur qui t’oblige et dévore.
Au tempo dérangeant de bossa nova lasse.
Une robe en lamé, tu danses sans effort
À côté du danseur qui t’oblige et dévore.
mardi 8 décembre 2015
Effluves
Des soupiraux sortent d’étranges fumerolles
Encore mues par la mémoire des idoles,
Au fond des caves des ruelles de Paris,
Fées souterraines, mortes reines de la nuit.
Encore mues par la mémoire des idoles,
Au fond des caves des ruelles de Paris,
Fées souterraines, mortes reines de la nuit.
lundi 7 décembre 2015
Chemin faisant
Espérance gardée, je vais à l’horizon
Sans que jamais ne vienne à moi cette raison
Qui fait que l’univers hors de mon temps vacille,
Alors que tout mon fait tient dans une brindille.
Sans que jamais ne vienne à moi cette raison
Qui fait que l’univers hors de mon temps vacille,
Alors que tout mon fait tient dans une brindille.
dimanche 6 décembre 2015
Hivernales
Elle part en lambeaux, cette arrogance d’être
Au cœur de la forêt des charmes et des hêtres.
À bruire sous le vent, les branches sont amies,
Quand bien même elles sont, dans l’hiver, endormies.
Au cœur de la forêt des charmes et des hêtres.
À bruire sous le vent, les branches sont amies,
Quand bien même elles sont, dans l’hiver, endormies.
samedi 5 décembre 2015
Vestiaire
Appuyée sur le bord du casier métallique,
Elle écoute dans l’ombre un morceau de musique
Et les ombres sont nues devant ces notes-là.
Celle du casier semble être un grand coutelas.
Elle écoute dans l’ombre un morceau de musique
Et les ombres sont nues devant ces notes-là.
Celle du casier semble être un grand coutelas.
vendredi 4 décembre 2015
Petit lai
Il a cherché les mots qui lentement s’imposent,
Intimidés, de ceux qui, tenant le cap, osent
Un baiser dans le cou, caché dans les cheveux,
Des mots qui disent tant « je te veux, tu me veux ».
Intimidés, de ceux qui, tenant le cap, osent
Un baiser dans le cou, caché dans les cheveux,
Des mots qui disent tant « je te veux, tu me veux ».
jeudi 3 décembre 2015
Dans l’air
Ce serait le dernier été, tout en oiseaux
De couleurs, volant dans le ciel, amoroso.
Tous les chats fixeraient ces plumes, ameutés,
Feulant pianissimo d’être ou d’avoir été.
De couleurs, volant dans le ciel, amoroso.
Tous les chats fixeraient ces plumes, ameutés,
Feulant pianissimo d’être ou d’avoir été.
mercredi 2 décembre 2015
Souffle
Le ralentissement trouve en soi sa substance
Et façonne le temps tout à sa convenance.
Au dedans va le souffle et son flot de vigueur,
Écho d’un autre flux plus intime du cœur.
Et façonne le temps tout à sa convenance.
Au dedans va le souffle et son flot de vigueur,
Écho d’un autre flux plus intime du cœur.
mardi 1 décembre 2015
Babylone
Les heures sont piégées dans les rayons des livres
Et je poursuis ma route au fond d’un couloir, ivre,
À rechercher sans fin les destins imprimés,
Le nôtre à peine écrit de mots désarrimés.
Et je poursuis ma route au fond d’un couloir, ivre,
À rechercher sans fin les destins imprimés,
Le nôtre à peine écrit de mots désarrimés.
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