dimanche 30 avril 2017

On tourne

Sur la piste de danse un écho rebondit
D’une dernière note au bal d’un samedi.
La fête se termine et je reste immobile.
Un bras mauvais se lève au-dessus du vinyle.

samedi 29 avril 2017

Rossignol

Le joli gazouillis qui me fait la soirée !
Lassé, je trime encor sur mon petit carré
De terre et tu poursuis tes trilles, Philomèle !
À la sueur salée, mes larmes s’entremêlent.

vendredi 28 avril 2017

Unification

À t’entendre ce soir, j’ai deviné ta faim
D’être autant que toi-même, ainsi qu’un sable fin
Qui cherche à s’assembler dans une seule ampoule,
Irrésistiblement, ton âme ainsi s’écoule.

jeudi 27 avril 2017

Lectrice

Au soleil qui rasait la table du jardin,
J’écrivais quelques mots sur un papier. Soudain,
Tout près, vint se poser une abeille sauvage,
Arpentant follement mes arabesques sages...

mercredi 26 avril 2017

Déconstruction

Lorsque l’envie de rire vint, la nuit venue,
Quand nous nous regardions tous deux, les mains tenues,
Je sus que vous et moi n’avions de consistance
En cet instant qu’au gré de notre connivence...

mardi 25 avril 2017

À travers

La vitre du salon s’emperle sous le froid.
Les gouttes vers le bas tracent sur la paroi
Des chemins de couleur à travers la lumière
En veines du matin. L’aube est aventurière.

lundi 24 avril 2017

À côté

Le long de l’autoroute, il existe un chemin
Caché par des tilleuls, où courent des gamins
Derrière une roulotte. Un homme tient les rênes.
Il dort. Ses deux chevaux jamais ne se méprennent.

dimanche 23 avril 2017

Île céleste

Le nuage paraît, lourd, immense, glacé,
Noire ou blanche pudeur de gouttes condensées,
Projetant sur la terre une ombre de nuances.
Au-dessus le soleil joue son indifférence.

samedi 22 avril 2017

Du vent

L’estrade était jonchée de fleurs, de cotillons.
Le vent n’en avait cure et de ses tourbillons
Malmenait l’équilibre étudié des décors,
Poussait même son art à dénuder les corps…

vendredi 21 avril 2017

Temps passé

Il y a si longtemps. Ce soir, tu es venue.
Tu m’as dit les vingt ans passés, temps inconnus.
Nous avons bu un thé fleurant le cardamome,
Un rien qui fit un peu de nous ce que nous sommes.

jeudi 20 avril 2017

Superposition

En silence, pressants, défilent les visages
Observés à travers les barreaux d’une cage.
Un instant la lumière altère la vision :
Ce n’est qu’une charmille au gré de l’illusion.

mercredi 19 avril 2017

Signification

La serre du manoir est une cathédrale
Où pousse un choix curieux de plantes tropicales.
Un tel assortiment témoigne d’un secret
Pour qui sait voir des liens de loin comme de près.

mardi 18 avril 2017

Fons mystica

Déserte, un soir d’avril, la fontaine des fées
M’enchante, au souvenir de l’ancienne nymphée.
La clairière se cache où l’énigme est profonde
Et si je la perçois, suis-je encor de ce monde ?

lundi 17 avril 2017

En réalité

L’écart est un désert peuplé d’ondes lascives
Entre mensonge et vérité, elles avivent
Illusions et remords. Tel est le poids du sang.
Le silence du Vrai est un cri fracassant.

dimanche 16 avril 2017

À livre ouvert

Le livre s’est ouvert à la page marquée.
Les mots ne disaient rien. Je me suis embarqué
Dans une histoire vide. Errance négligeable.
Un instant de papier sur le chemin des fables.

samedi 15 avril 2017

Grand largue

Le vent caresse ainsi les courbes de la terre,
En quête d’océan, de force élémentaire,
Entraînant les voiliers sur des routes sans fin.
J’entends les cris des albatros et des puffins.

vendredi 14 avril 2017

Ici-bas

On naît. On est, peut-être, un mouchoir qui s’envole
Avant de retomber, inerte sur le sol.
Un rien le fait trembler dans la brise naissante,
Il se peut que le sol jamais ne s’en ressente.

jeudi 13 avril 2017

Mobile

La lanterne est pendue sous la poutre de chêne.
Au gré des courants d’air, elle tourne, sereine,
Et ses faces renvoient les reflets du canal,
Rouges, précipités, comme un dernier signal.

mercredi 12 avril 2017

Chance

Tu es solidement plantée sur la bordure.
En dessous le chaos, devant l’architecture
Étrange de la nuit. Tu sais de l’incertain
Tirer les fils ténus, en suivant ton instinct.

mardi 11 avril 2017

Là où les mots

La chemise écarlate a contenu des mots
Finement ajustés, seul un fieffé grimaud
Y aurait à redire. Elle est sur le banc vert.
J’attends quelques oiseaux pour réciter mes vers.

lundi 10 avril 2017

Minaudière

Le désordre est voulu, vos cheveux vous racontent
Et ces accroche-cœur qui descendent, qui montent
En guise de ressorts, mesurent les émois
Qu’autour vous suscitez. Je passe, laissez-moi.

dimanche 9 avril 2017

Livre de bord

Le livre était cousu, fort de ses marque-pages
Et sa reliure en cuir, beau malgré le naufrage.
Autour, l’indifférence extrême des puissants…
Moi j’entendais les quarantièmes rugissants.

samedi 8 avril 2017

Circulaire

Lancé, son pied gravait un cercle de douleur,
Hallucinante danse à la parfaite ampleur.
Ainsi dans l’épaisseur de l’air et son sillage,
Au bord de l’outre-temps, il dissipait sa rage.

vendredi 7 avril 2017

Vespéral

As-tu senti le chaud souffle des fins de jour
Qui caresse la peau comme un vivant velours ?
Le sentier se dérobe et les ombres s’allongent,
Un peu de nos amours vont repeupler les songes.

jeudi 6 avril 2017

Haut lit

Les flots de soie dansent autour et les ballons
Multicolores sont pour moi de clairs jalons.
Mon lit s’élance dans le ciel. Je tiens ma tête
Hors de la couette, auprès grisolle une alouette.

mercredi 5 avril 2017

Fissure

Cette lézarde sur le mur, interrompue,
N’a pas cessé de m’attirer, mais je n’ai pu
Ni la creuser, ni la combler, seul le temps donne
Ou non les clés des chemins sans rien ni personne.

mardi 4 avril 2017

Tatouages

Sur la peau de l’homme illustré coulent les graines
Et celle de la femme fleur cache la reine,
Autour des myriades d’abeilles font l’essaim.
Leurs peaux s’effleurent, l’univers est leur dessein.

lundi 3 avril 2017

Mensonge

Je vais dans le couloir en marbre, aux veines bleues.
Les fontaines d’argent, leur fond miraculeux,
Fascinent les chalands. Les parements rutilent
Et pourtant, c’est la Mort qui dans ce lieu jubile.

dimanche 2 avril 2017

Lit

Sous le roncier qui couvre, âpre, le ruisselet,
J’ai déposé mon corps sur le lit de galets,
L’eau fraîche me caresse et continue sa route.
Je ne vois pas le ciel, le ciel me voit sans doute.

samedi 1 avril 2017

Escapade

Les pinceaux de lumière découpent la nuit,
J’essaie de transpercer le brouillard de l’ennui,
Les serpents de vapeur se tordent sous l’orange
Éclat de ma douleur, et la fuite m’arrange.
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