Le monde ? Une gravure à l’eau-forte qui souffre
Et dans les sillons fins où le mordant s’engouffre,
Un grand œuvre paraît, fait de chair éreintée.
Le graveur est parti. Reste l’humanité.
mercredi 31 mai 2017
mardi 30 mai 2017
Colloque
Les jardins des maisons se parlent à la brune
Avec les chuchotis des branches sous la lune
Et tous les bruissements des bêtes de la nuit.
Je n’y suis pas convié. Je passe mon ennui.
Avec les chuchotis des branches sous la lune
Et tous les bruissements des bêtes de la nuit.
Je n’y suis pas convié. Je passe mon ennui.
lundi 29 mai 2017
Voisine
Tes rideaux sont coquets, pimpants, jaunes et bleus,
Je vois parfois ta main qui les écarte un peu,
Ton regard qui se perd dans le reflet des vitres.
Entre ces murs, ta vie n’a pas voix au chapitre.
Je vois parfois ta main qui les écarte un peu,
Ton regard qui se perd dans le reflet des vitres.
Entre ces murs, ta vie n’a pas voix au chapitre.
dimanche 28 mai 2017
Varanasi
Les eaux du Gange roulent un parfum de limon
Mêlé de cendres et d’os. Au loin, vont les démons.
Sur les marches de grès, les hindous prient, se pressent
Et le sâdhu qui veille en silence se dresse.
Mêlé de cendres et d’os. Au loin, vont les démons.
Sur les marches de grès, les hindous prient, se pressent
Et le sâdhu qui veille en silence se dresse.
samedi 27 mai 2017
Accordéon
Sous des planches clouées, la maison, bâillonnée,
Se meurt au milieu d’un jardin abandonné.
Un air d’accordéon, soudain, de la cuisine,
Envahit la maison puis glisse dans la bruine.
Se meurt au milieu d’un jardin abandonné.
Un air d’accordéon, soudain, de la cuisine,
Envahit la maison puis glisse dans la bruine.
vendredi 26 mai 2017
Du néant
Un peu de temps n’est rien, la chair à l’os se mêle
En quittant peu à peu la poussière informelle
Et dans ce peu de temps qui nous est dévolu,
Nous cherchons frénétiques un signe d’absolu.
En quittant peu à peu la poussière informelle
Et dans ce peu de temps qui nous est dévolu,
Nous cherchons frénétiques un signe d’absolu.
jeudi 25 mai 2017
À tomes
Sans discontinuer, l’immense librairie
S’étend, labyrinthique, au fil des boiseries.
Les livres s’accumulent, laissant subsister
Des alcôves cachées. Des âmes sont restées…
S’étend, labyrinthique, au fil des boiseries.
Les livres s’accumulent, laissant subsister
Des alcôves cachées. Des âmes sont restées…
mercredi 24 mai 2017
Encontre
Il aima sa fragilité de porcelaine
Au bar, quand elle faisait sa corvée quotidienne,
Et ses yeux noirs, enfin son sourire têtu.
Pourquoi faut-il que l’un et l’autre se soient tus ?
Au bar, quand elle faisait sa corvée quotidienne,
Et ses yeux noirs, enfin son sourire têtu.
Pourquoi faut-il que l’un et l’autre se soient tus ?
mardi 23 mai 2017
Navigation
Ta robe de mariée prit tout mon horizon,
Tant souleva le voile un vent de déraison.
Nous partîmes sans peur sur la mer des aurores
Et face aux vents mauvais nous nous serrons encore.
Tant souleva le voile un vent de déraison.
Nous partîmes sans peur sur la mer des aurores
Et face aux vents mauvais nous nous serrons encore.
lundi 22 mai 2017
Avant la soupe
Son évier débordait de racines charnues,
De tubercules gris, de pétioles menus,
De feuilles colorées prêtes pour la découpe.
Encore un peu de temps, que mijote la soupe.
De tubercules gris, de pétioles menus,
De feuilles colorées prêtes pour la découpe.
Encore un peu de temps, que mijote la soupe.
dimanche 21 mai 2017
Parfum
C’est un homme anonyme, à verve contagieuse
Assis sur le trottoir, qui tend des tubéreuses
Aux passantes pressées, celles qui seulement
Portent des robes bleues. Inexplicablement.
Assis sur le trottoir, qui tend des tubéreuses
Aux passantes pressées, celles qui seulement
Portent des robes bleues. Inexplicablement.
samedi 20 mai 2017
Circuit
La roue tourne. Il fait froid. Le vent fantasque file
Avec ou contre moi. La campagne et les villes
Autour se font ténues. Le temps jamais ne plie.
Les roues tournent toujours. Je repasse et j’oublie.
Avec ou contre moi. La campagne et les villes
Autour se font ténues. Le temps jamais ne plie.
Les roues tournent toujours. Je repasse et j’oublie.
vendredi 19 mai 2017
Vers-galets
Sur les galets d’Honfleur, vous fîtes des poèmes
Après les longs baisers de la Seine, deuxième
Vie de presse-papier, retour possible au fond
Normand du fleuve : est-il mot plus profond ?
Après les longs baisers de la Seine, deuxième
Vie de presse-papier, retour possible au fond
Normand du fleuve : est-il mot plus profond ?
jeudi 18 mai 2017
Lettres
Il est resté longtemps ce parfum de jasmin,
Là où j’avais brûlé tes plis à pleines mains.
Le remords a, depuis, recouvert l’amertume
Et je respire encor la tendresse posthume.
Là où j’avais brûlé tes plis à pleines mains.
Le remords a, depuis, recouvert l’amertume
Et je respire encor la tendresse posthume.
mercredi 17 mai 2017
En veine
Le hasard des instants me comble, et de l’errance,
Au fil discontinu des pensées en partance,
Oiseaux noirs du chaos qui croassent sans but.
J’écris de cette veine rouge des débuts.
Au fil discontinu des pensées en partance,
Oiseaux noirs du chaos qui croassent sans but.
J’écris de cette veine rouge des débuts.
mardi 16 mai 2017
Vieux fagots
Les fagots sont couverts de lichen et de mousse.
Ils retrouvent parfois, au clair de lune rousse,
Un peu du temps jadis, quand les hommes coupaient
Les rameaux des taillis et des breuils… temps de paix.
Ils retrouvent parfois, au clair de lune rousse,
Un peu du temps jadis, quand les hommes coupaient
Les rameaux des taillis et des breuils… temps de paix.
lundi 15 mai 2017
Réalisme
L’ange n’a pas gardé, ce soir, dessous son aile,
Une pensée que j’eus, escarbille, étincelle,
Infime réflexion sur l’authenticité
De soi. Quelques vapeurs d’une tasse de thé.
Une pensée que j’eus, escarbille, étincelle,
Infime réflexion sur l’authenticité
De soi. Quelques vapeurs d’une tasse de thé.
dimanche 14 mai 2017
Particules
La splendeur est secrète et les plis sont scellés.
Dans l’immobile rai de lumière, je les
Discerne, ces poussières d’or, aubaine vaine,
Échoué sur le sol et dans ce temps de peine.
Dans l’immobile rai de lumière, je les
Discerne, ces poussières d’or, aubaine vaine,
Échoué sur le sol et dans ce temps de peine.
samedi 13 mai 2017
Faux bond
Dans le hall de l’hôtel, la dame s’est lassée.
Les flaques de lumière en silence ont glissé.
Pourquoi n’est-il pas là ? Le temps est une impasse.
À l’hôtel, un client ne laisse pas de traces.
Les flaques de lumière en silence ont glissé.
Pourquoi n’est-il pas là ? Le temps est une impasse.
À l’hôtel, un client ne laisse pas de traces.
vendredi 12 mai 2017
Hologramme
Dans la blessure d’un couchant, j’ai lâché prise
Et vu la mer en chaque goutte, perle exquise
Au bord de tes lèvres tenue, comme un baiser.
Sur nos corps accores la vague s’est brisée.
Et vu la mer en chaque goutte, perle exquise
Au bord de tes lèvres tenue, comme un baiser.
Sur nos corps accores la vague s’est brisée.
jeudi 11 mai 2017
Espérance
Elle serrait très fort les bras du rocking-chair,
La nuit, sur la terrasse, et regardait au clair
De lune les lilas, qui fleuraient l’heure tendre.
Elle espérait toujours. Le feu tient sous la cendre.
La nuit, sur la terrasse, et regardait au clair
De lune les lilas, qui fleuraient l’heure tendre.
Elle espérait toujours. Le feu tient sous la cendre.
mercredi 10 mai 2017
Médiévale
La gargouille de pierre est une manticore
Et le choucas venu s’y poser la picore,
Au fond, le ciel moiré distille le venin,
Sur le parvis, j’attends mon double féminin.
Et le choucas venu s’y poser la picore,
Au fond, le ciel moiré distille le venin,
Sur le parvis, j’attends mon double féminin.
mardi 9 mai 2017
Petites mines
Les
crayons de couleur dans le pot de faïence
Appellent
ton regard bien plus que l’apparence
Ingénue
du dessin que je viens de finir.
Tes yeux
sont des saphirs qu’aimer n’est pas tenir.
lundi 8 mai 2017
Gabare
Je m’attardais, chagrin, sur le bord du canal
À regarder le ciel dans l’eau, près du fanal
De l’écluse fermée. Puis vint cette gabare
Et toi, coquelicot, délicate, à la barre.
À regarder le ciel dans l’eau, près du fanal
De l’écluse fermée. Puis vint cette gabare
Et toi, coquelicot, délicate, à la barre.
dimanche 7 mai 2017
Son portrait
Toile après toile, il regardait ses mains tracer
Les contours noirs de son visage dispersé,
Le souvenir se mêlait à l’instant qui passe
Et le dessin, comme la vie, laissait des traces.
Les contours noirs de son visage dispersé,
Le souvenir se mêlait à l’instant qui passe
Et le dessin, comme la vie, laissait des traces.
samedi 6 mai 2017
Fertilité
La clairière chatoie de mille rais de lune.
Est-ce l’heure rêvée pour que ton infortune
Ici finisse enfin ? De nos rêves unis,
Par l’alchimie des lieux, naissent des infinis.
Est-ce l’heure rêvée pour que ton infortune
Ici finisse enfin ? De nos rêves unis,
Par l’alchimie des lieux, naissent des infinis.
vendredi 5 mai 2017
Vie propre
La maison se dérobe et laisse dans les ombres
Arcanes et folies, dont nul ne sait le nombre.
Elle chuchote aussi quelques secrets d’antan
Pour qui sait écouter les silences, longtemps…
Arcanes et folies, dont nul ne sait le nombre.
Elle chuchote aussi quelques secrets d’antan
Pour qui sait écouter les silences, longtemps…
jeudi 4 mai 2017
Herboristerie
Hier soir
j’ai pénétré dans l’étrange boutique
Et longé
sans effroi les murs labyrinthiques
Où
s’entassent les pots, les baumes, les onguents.
Quelque
part sont tapis les derniers korrigans.
mercredi 3 mai 2017
Boussole
Avoir la tête ailleurs, c’est la juste mesure
Entre les différents mondes qui se figurent
Être chacun l’unique. Alors n’y être pas,
Ou partout, c’est pareil. J’ai cassé le compas.
Entre les différents mondes qui se figurent
Être chacun l’unique. Alors n’y être pas,
Ou partout, c’est pareil. J’ai cassé le compas.
mardi 2 mai 2017
Toutes tailles
L’herbe de ma prairie n’est pas une herbe sage.
Elle ondule lascive au gré des vents volages
Et rien ne la dispose à finir en gazon,
Puisse-t-il être doux, le temps des fauchaisons.
Elle ondule lascive au gré des vents volages
Et rien ne la dispose à finir en gazon,
Puisse-t-il être doux, le temps des fauchaisons.
lundi 1 mai 2017
Respirations
L’espace est fascinant, mais les maisons l’emportent
Et je reste souvent sur le seuil de la porte
À sentir les flux d’air du dehors, du dedans,
Comme le chuchotis de secrets obsédants.
Et je reste souvent sur le seuil de la porte
À sentir les flux d’air du dehors, du dedans,
Comme le chuchotis de secrets obsédants.
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