Les pierres sont placées sur la terre battue,
D’une manière étrange. Au-dessus les statues
Creusées dans la paroi, fixent le champ des pierres,
Avec le souvenir de cet ancien mystère.
samedi 31 octobre 2020
Des pierres
vendredi 30 octobre 2020
Fous
Je me suis échoué sur une île déserte
Et je reste allongé sur le rivage, inerte
À contempler là-haut les fous virevoltants.
Le monde est à l’envers. Plus rien n’est important.
jeudi 29 octobre 2020
Énergie noire
J’ai vu les armadas stellaires dans l’espace,
Ignorant la sagesse, élémentaire audace,
En quête de pouvoir vers un sombre chaos.
Nul n’apprend. Quelque part ou partout, le tao.
mercredi 28 octobre 2020
Meditatio
Ce n’est pas arrivé. Le grand effacement
Des jours reste à l’affût derrière le moment.
D’aucuns disent le corps céleste… insignifiance.
Il faut se préparer dans le temps des offenses.
mardi 27 octobre 2020
Coquillage
Un cauri vert autour du cou, suspendu par
Un simple fil, se remémore, un peu épars,
Les souvenirs des chaudes mers de sa jeunesse,
Ainsi bercé dans le giron de sa maîtresse.
lundi 26 octobre 2020
Non identifié
Dans l’épaisseur du temps se glisse l’improbable,
Un instant qui n’a rien d’un instant raisonnable,
Étiré sur un fil de pensée qui se noie.
Je me sens dispersé. Les étoiles tournoient.
dimanche 25 octobre 2020
Couvre-feu
La lampe à gaz ronronne au milieu du salon.
J’ai l’humeur passagère (état qui en dit long).
D’autres bruits : les tics-tacs de pendules diverses.
Au-dehors, la rue noire est morte. Il pleut à verse.
samedi 24 octobre 2020
Mots ultimes
Le livre est terminé. Le silence s’installe.
Un silence du cœur qui laisse des étoiles
Accrochées sur les murs, ou dans mes yeux cernés.
Vivre est juste devant...quand la page est tournée.
vendredi 23 octobre 2020
Croisière
Droit devant, la mer bleue, tel un métal liquide,
Envahissaient les creux de nos âmes languides
Et nous voguions sans fin, voiles tendues, heureux,
Les dauphins tout autour, le sel dans nos cheveux.
jeudi 22 octobre 2020
Mission
C’est une allée de neems, amère, qui m’ombrage
Où j’avance pieds nus sur l’argile sans âge.
Un soleil au-dessus fomente la torpeur.
La certitude est rare et le moment trompeur.
mercredi 21 octobre 2020
Gisement
Mémo sur le trottoir : je note mes pensées.
Les gens filent masqués, préoccupés, pressés.
Je me mets à l’écart sous un hall de libraire,
Où gisent des bouquins en tas. Quel ossuaire !
mardi 20 octobre 2020
Morte-saison
C’est la morte-saison, profitez, achetez,
Les prix sont au plus bas, vous pouvez emprunter !
Que peut être une vie sans ces produits uniques ?
Et dire qu’un instant j’écoutais… pathétique.
lundi 19 octobre 2020
Le piège
La pièce était garnie d’objets électroniques,
Écrans, claviers, souris. Je sentis la panique
Attiser mon dégoût. Je m’élançais dehors.
Un beau ciel étoilé palpitait… mais encor ?
dimanche 18 octobre 2020
Fête
Je les voyais danser, heureux comme personne,
Et le sol qui tremblait comme une chair frissonne.
Il y avait le vent, les oiseaux par-dessus.
Pourquoi tant de bonheur ? Je ne l’ai jamais su.
samedi 17 octobre 2020
Génétique
« Il a de qui tenir », disait de l’Homme Dieu.
Nous, poussière cosmique, écarquillant les yeux,
Ne sachant s’Il parlait de l’art ou de la haine,
Attendions incertains que finissent les peines.
vendredi 16 octobre 2020
La musique aidant
Vois ces caisses de bois rondes comme une femme
En prière posée sur nos genoux, nos âmes
Et les cordes pincées, qui résonnent devant,
Qui joue ? Qui ne joue pas ? Nous allons, dérivant.
jeudi 15 octobre 2020
Versiculture
Autour de moi les mots sont tombés dans l’humus.
Au-dessus, bienveillant, pleure un gris cumulus
Et bientôt c’est la terre où lèvent des poèmes,
Herbettes sans façon qui fugaces se sèment...
mercredi 14 octobre 2020
À clé
Sur mon pêne est gravé le bleu myosotis,
Ainsi va le secret longtemps, de père à fils,
Que ma porte sépare étonnamment le monde,
Ouverte ou refermée, qu’elle me corresponde.
mardi 13 octobre 2020
Dernier pli
Le service est fini. C’est une vie nouvelle
Ici qui peut s’ouvrir à vous. C’est la part belle,
Un chemin de printemps, de toutes les couleurs
(Pas seulement le jaune), orné de mille fleurs !
lundi 12 octobre 2020
Lâcher prise
Je me suis délaissé moi-même une minute,
Assis près d’un ruban de fumée qui volute,
Abandonnant, le temps de cette combustion,
Mon esprit qui toujours s’enivre de questions.
dimanche 11 octobre 2020
Pâturin
Ce pied de pâturin fleurit toute l’année.
Je ne sais même pas s’il mourra, s’il est né,
S’il est réellement une plante annuelle,
Un petit brin de vie comme une ritournelle.
samedi 10 octobre 2020
Lourde est la pluie
Qui se joua de nous ? Quelque pluie traversière
Avec le vent complice emperlant les visières,
Et des gouttes coulant sur nos visages froids,
Nos sacoches pansues, le cuir de nos courroies.
vendredi 9 octobre 2020
Ensemble
J’ai tout enveloppé dans un tissu vieux rose,
Une fleur desséchée, des poèmes en prose,
Une montre à gousset avec à l’intérieur
La photo d’une femme à l’étrange blancheur.
jeudi 8 octobre 2020
Vallonnement
Ce paysage doux de colline en colline
Entraîne mon vélo dans des courbes câlines
Et le ciel moutonneux glisse aussi lentement,
Le soleil au milieu jetant quelques diamants.
mercredi 7 octobre 2020
Symbologie
C’est sans doute l’étrange singularité
De ces chiffres gravés sur les pierres jointées
Qui fit que je restais devant, l’heure évasive,
À ne pas voir le sens des gravures cursives.
mardi 6 octobre 2020
Dysharmonie
Le corps et le mental l’un l’autre se repoussent
Et les pensées rétives, folles, m’éclaboussent.
Une pluie fine emplit l’automne de frissons.
La musique de l’être effleure l’unisson.
lundi 5 octobre 2020
Sans toi
La courette est pavée de longues dalles brunes
Où je marche, rêvant de souplesse opportune,
Imaginant la chute à peine retenue.
Les ombres dansent. J’erre où tu n’es pas venue
dimanche 4 octobre 2020
Suspendus
Il a fixé les grappes mûres de muscat
Aux poutres par des fils. Le parfum délicat
Se répand lentement dans toute la cuisine,
Entre les saucissons, le jambon, les terrines...
samedi 3 octobre 2020
Dame tristesse
La tristesse à cette heure est une femme étrange
Avec un taffetas léger, des bas oranges
Et des yeux sans ciller qui percent au travers
D’un lac où j’ai noyé de trop nombreux hivers.
vendredi 2 octobre 2020
Ensablés
Le sable revenait avec l’eau sur vos pieds
Qui semblaient se lover, tandis que vous trompiez
Le temps, dans la chaleur accumulée des heures,
Il était sablier. J’étais l’âme extérieure.
jeudi 1 octobre 2020
Rame
Ce sont des corps debout, serrés dans l’habitacle
Où chacun n’est pour l’autre en ce lieu qu’un obstacle.
Un cylindre lancé dans un tunnel profond
File comme un navire au milieu d’un typhon.