Souplement, la raison s’enroule autour du vide
Et serre lentement cette colonne aride
Au cœur de la pensée. Quand la tension prend fin,
L’idée s’épanouit, l’envol d’un séraphin.
mercredi 31 juillet 2024
Autour du vide
mardi 30 juillet 2024
Si le silence
C’est le profond silence autour qui me ranime,
Où mes sens aiguisés traquent la plus infime
Altération du temps, comme si l’univers
Avait manigancé quelque piège à mes vers.
lundi 29 juillet 2024
Coupons
Des coupons de tissu s’entassent sur les tables,
Et je vais, effleurant des touchers délectables,
Imaginant les corps dansant sous ces étoffes,
Ainsi ma vie ce soir fait de soyeuses strophes.
dimanche 28 juillet 2024
Vieux violon
Un brin de mélodie remonte à la surface,
En contemplant la table d’harmonie, sa grâce…
Et pourtant le violon, son chevalet brisé,
Reste muet, rêvant d’être enfin révisé.
samedi 27 juillet 2024
Au pré
Dans la prairie, le soir, la brise est erratique,
Elle passe furtive, effleurant les colchiques,
Entraînant leur parfum subtil de mort, de vie…
Plus haut, les pâturins et houlques sont ravis.
vendredi 26 juillet 2024
Titi
Il galopait comme un cheval sous les embruns,
Tout à son rêve, sa vision, son jeu sans frein,
Six ou sept ans, les jambes telles des baguettes,
Il galopait, les yeux rieurs, l’âme en goguette.
jeudi 25 juillet 2024
Jade
L’anneau de jade balançait infiniment
Son galbe vert sous le velours du firmament.
La chaîne d’or qui l’entravait menait sa ronde
À la mesure rigoureuse de ce monde.
mercredi 24 juillet 2024
Mangroves
Les mangroves, dit-on, pensent si joliment,
Vibrant de leur feuillage, aux îles Andaman,
De cette grâce singulière, végétale,
Et leurs pensées vous frôlent comme des pétales.
mardi 23 juillet 2024
Cavernicole
Au fond de la caverne, inquiet, j’attendis seul,
Espérant que le jour dévore mon linceul,
L’air et le feu jouait une danse éternelle.
Le clair-obscur ambiant la rendait sensuelle.
lundi 22 juillet 2024
Casse-croûte
J’aurais voulu qu’ici, à l’aise nous posions
Nos sacs à dos remplis de quelques provisions,
Juste pour ce repas, cet instant, cette route,
Assis seuls tous les deux, le temps d’un casse-croûte.
dimanche 21 juillet 2024
Épée de feu
Le maître cisela dans sa folie les signes
Avec tant de furie que s’embrasaient les lignes :
Ainsi l’épée brûlait porteur comme assaillant.
Seule la paix contint le glaive trop vaillant.
samedi 20 juillet 2024
Moisson
C’est partout la moisson. Les monstres de métal
Crachent leur fumée noire, en un élan brutal.
J’ai la vision ténue des moissons à l’ancienne
Où les faucheurs chantaient… que cet âge revienne !
vendredi 19 juillet 2024
Plagiat
L’oiseau vivait en cage et le pianiste osa
L’air qu’il pépiait jadis dans le vieux mimosa.
L’oiseau furieux cassa les barreaux de sa cage
Et s’envola toujours plus haut, vers les nuages.
jeudi 18 juillet 2024
Archives noires
J’ai dû vivre six jours dans les archives noires,
Où ma loupiote était si pâle et l’écritoire
Un singulier refuge au milieu de l’oubli.
Soudain vinrent les noms. La peur s’évanouit.
mercredi 17 juillet 2024
Pouce
J’ai tant répété la prière, éparpillée
Dans le vent céleste ou mauvais ! Le sablier
N’en a pas moins continué sa coulée douce,
Et nul ne sait le dernier grain qui tombe… Pouce !
mardi 16 juillet 2024
Rose lande
La lande est rose de bruyère et les genets
N’osent encor s’épanouir. Sur mon carnet,
Je note les vers oubliés, puis je dessine
Ému, les formes, la beauté, d’un bout de mine.
lundi 15 juillet 2024
Séduction
Vers le ponton j’avance et les rides sur l’eau
Viennent déjà lécher les antiques pilots.
Tu attends, pieds ballants, esquissant un sourire…
Et le temps coule aussi, nul ne peut le séduire.
dimanche 14 juillet 2024
Danse de soie
J’ai tenu dans mes mains la soie Kanchipuram
Et ses couleurs chantaient dans la cour de l’ashram,
Puis je t’ai vu danser, sur un râga antique,
Avec ton sari bleu… souvenir féerique.
samedi 13 juillet 2024
Emprise du désert
La montagne est aride et la poussière grise,
Interminablement, je marche sous l’emprise
Épaisse du désert. Se perdre est ma pensée.
De tous les grains de sable, un seul à ramasser.
vendredi 12 juillet 2024
Esseulée
Elle s’est abîmée dans la contemplation
De son ballon de rouge, un soir de réveillon.
Dans un bar, être seule attise l’amertume.
Autour les gens braillaient, répugnante coutume…
jeudi 11 juillet 2024
Muse vénale
Je ne vais certes pas à cette heure conquise
Hisser un piédestal qu’aussitôt tu détruises
Ô muse décharnée, qui jettes dans le vent
Mauvais tes avis vains, vantant ce qui se vend !
mercredi 10 juillet 2024
Rude amour
C’est notre rude amour qui s’use sur la terre
À s’écarter un peu de l’égo sédentaire
Et donner à l’éclat du nous quelque grandeur,
Pour échapper un temps à nos propres hideurs.
mardi 9 juillet 2024
Jasmin
Tu as l’aplomb, j’ai le vertige, au bord du gouffre
Il faut se taire ou bien parler ? Qui de nous souffre ?
Une fleur blanche de jasmin finit dans l’eau,
Les rides rondes tout autour, comme un sanglot.
lundi 8 juillet 2024
Dans l’arbre
Je suis grimpé dans l’arbre au cœur des frondaisons,
Dans les creux défilait la ligne d’horizon,
La lumière jouait avec les tendres feuilles.
Essoufflé, j’attendais que l’univers me veuille…
dimanche 7 juillet 2024
Un vent de liberté
C’était une balade à vélo sans histoire
Et les gens attendaient l’heure libératoire.
En sortant de la ville, une alouette vint
Chanter son espérance, effleurant le divin…
samedi 6 juillet 2024
Gens de gare
Les uns sont arrivés, les autres sont partis,
La gare est une scène aux plans désassortis.
Je regarde les pieds de la foule qui trotte
Et j’en oublie le temps… qui sans arrêt grignote.
vendredi 5 juillet 2024
La clairière
Ils se sont retrouvés, sans qu’un mot ne soit dit,
Sous la voûte feuillue de la sylve, à midi.
Ils portent tout du roi, le sceptre, la couronne
Et le trône et l’épée. La clairière claironne.
jeudi 4 juillet 2024
D’outre-temps
La péniche a troué la brume du canal,
Son étrave éclairée par l’ultime fanal.
Le chemin de halage est aussi dans la brume
Et je vois les silhouettes des chevaux posthumes.
mercredi 3 juillet 2024
Noir velours
Sur le velours obscur, je posai lentement
Les rubis, émeraude, saphir et diamant,
Cherchant sous la beauté singulière des pierres,
Un infini peuplé de vies intermédiaires.
mardi 2 juillet 2024
La boîte
J’ouvris sans me presser la boîte métallique
Où gisaient des photos noir et blanc, des reliques.
Impossible d’y voir une chronologie.
La mort jalonne mal le passé ressurgi.
lundi 1 juillet 2024
Du lit de l’âme
J’ai ouvert doucement les yeux, fixant les poutres
Au-dessus de mon lit. Mon âme est passée outre.
À l’opposé, la terre, singulière, est là.
Je me déchire un temps, puis songe… au matelas.