L’hiver s’est reposé sur les feuilles ténues
Blanchies sous un soleil pâle, heures inconnues
Qui s’instillent dans l’air en éternelles ondes
Au carrefour, sans bruit, des routes et des mondes.
samedi 31 décembre 2016
vendredi 30 décembre 2016
Roseau
Intime il ne l’était, ce vers de Mallarmé,
Que lorsque le désert avait, fourbe, charmé
Les éclats de mon âme, éphémères volutes :
« Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte ».
Que lorsque le désert avait, fourbe, charmé
Les éclats de mon âme, éphémères volutes :
« Ne murmure point d’eau que ne verse ma flûte ».
jeudi 29 décembre 2016
Contre-saison
Le parterre de fleurs doucement m’assassine
En poussant dans mon cœur de curieuses racines.
Il faut que je m’en aille à l’estive enneigée
Mourir un peu l’hiver, le temps de m’alléger.
En poussant dans mon cœur de curieuses racines.
Il faut que je m’en aille à l’estive enneigée
Mourir un peu l’hiver, le temps de m’alléger.
mercredi 28 décembre 2016
Cylindrée
Le moteur dans les tours indéfiniment gronde
Et le berceau répand sa puissance à la ronde.
Au bout, la route perce, immense, l’horizon,
La vitesse m’emporte à tort ou à raison.
Et le berceau répand sa puissance à la ronde.
Au bout, la route perce, immense, l’horizon,
La vitesse m’emporte à tort ou à raison.
mardi 27 décembre 2016
Tendre éteule
Les chaumes sont couchés, l’empreinte de nos corps
Y laisse un souvenir de nos regards encor
À la voûte étoilée, perdus toujours ensemble.
Entre la terre et nous, quelques saisons qui tremblent…
Y laisse un souvenir de nos regards encor
À la voûte étoilée, perdus toujours ensemble.
Entre la terre et nous, quelques saisons qui tremblent…
lundi 26 décembre 2016
Récurrence
De son cou vers le sol elle tombe, nuage,
À peine retenue par quelque noir présage,
Écharpe de soie grège, un mien cadeau d’antan.
Sans fin je la ramasse et toujours la lui tend…
À peine retenue par quelque noir présage,
Écharpe de soie grège, un mien cadeau d’antan.
Sans fin je la ramasse et toujours la lui tend…
dimanche 25 décembre 2016
De peau
Au sourire fuyant du visage empesé
Répond hors de raison la peur inapaisée,
C’est ainsi, l’esprit cherche en vain les flétrissures,
Un bonheur sous la peau n’attend qu’une morsure.
Répond hors de raison la peur inapaisée,
C’est ainsi, l’esprit cherche en vain les flétrissures,
Un bonheur sous la peau n’attend qu’une morsure.
samedi 24 décembre 2016
Mouillage
Un plumier de bambou flotte sur la lagune,
Au loin la jonque suit, à l’horizon, la lune.
Une larme se perd en cercles tout autour,
L’amour gravé dans l’eau s’évanouit toujours.
Au loin la jonque suit, à l’horizon, la lune.
Une larme se perd en cercles tout autour,
L’amour gravé dans l’eau s’évanouit toujours.
vendredi 23 décembre 2016
Enclave
Pas d’électricité dans ce coin de montagne,
Ici la nature est, qui ne perd ni ne gagne,
Entière, sans accroc, pas même un fil tiré.
Le souffle est une forge au cœur désamarré.
Ici la nature est, qui ne perd ni ne gagne,
Entière, sans accroc, pas même un fil tiré.
Le souffle est une forge au cœur désamarré.
jeudi 22 décembre 2016
Frais baiser
Je suis reclus dans le froid vif de la lisière.
En meute les étoiles brillent meurtrières
Et sur ma peau fond un flocon, tout éclatant,
Cristal menu, tant de beauté, si peu de temps.
En meute les étoiles brillent meurtrières
Et sur ma peau fond un flocon, tout éclatant,
Cristal menu, tant de beauté, si peu de temps.
mercredi 21 décembre 2016
Magie des mots
La légende arriva, portée par un murmure,
Fut-ce le bruit de l’eau, du vent dans la ramure ?
Un berger la fit sienne, « Il était une fois… »
La bergère enchantée, ne resta pas de bois…
Fut-ce le bruit de l’eau, du vent dans la ramure ?
Un berger la fit sienne, « Il était une fois… »
La bergère enchantée, ne resta pas de bois…
mardi 20 décembre 2016
Ouverture
La volière est ouverte, en ce ciel de beau froid,
La perruche s’enfuit à mon grand désarroi,
Je l’entends jaboter un couple de secondes
Avant que le faucon droit sur elle ne fonde.
La perruche s’enfuit à mon grand désarroi,
Je l’entends jaboter un couple de secondes
Avant que le faucon droit sur elle ne fonde.
lundi 19 décembre 2016
Si jamais
Dans le coffret des presque mots, j’ai déposé
Les paroles interrompues par un baiser,
Les oui, les non, qu’on osa pas à l’instant dire,
Et si tu veux, je casse cette tirelire…
Les paroles interrompues par un baiser,
Les oui, les non, qu’on osa pas à l’instant dire,
Et si tu veux, je casse cette tirelire…
dimanche 18 décembre 2016
Magnésium
Cette photographie vous la fîtes gaiement,
Le soir, à contre-jour, dans la cour des amants.
J’étais dissimulé derrière un chapeau claque,
Votre flash m’éblouit, magique aphrodisiaque.
Le soir, à contre-jour, dans la cour des amants.
J’étais dissimulé derrière un chapeau claque,
Votre flash m’éblouit, magique aphrodisiaque.
samedi 17 décembre 2016
Rinçage
Laure a laissé tomber son mouchoir de dentelle
Au pied d’un peuplier qui pleure en cascatelles
Et, lasse, le ramasse imbibé, vain tissu.
Ses larmes sont lavées, la pluie tombe dessus.
Au pied d’un peuplier qui pleure en cascatelles
Et, lasse, le ramasse imbibé, vain tissu.
Ses larmes sont lavées, la pluie tombe dessus.
vendredi 16 décembre 2016
À vivre
Surtout ne touchons pas nos anciennes blessures,
Entre nous, seulement, quelques mots qui rassurent.
As-tu fermé la porte ? Il fera beau demain.
J’ai fendu quelques bûches et tremble un peu des mains.
Entre nous, seulement, quelques mots qui rassurent.
As-tu fermé la porte ? Il fera beau demain.
J’ai fendu quelques bûches et tremble un peu des mains.
jeudi 15 décembre 2016
Tableau de nuit
Sous la voûte du ciel, le grillon, ravi, chante,
Espérant qu’une étoile enfin vienne, élégante,
Orner de tous ses feux sa tanière menue,
Mais le pré, cette nuit, se love sous les nues.
Espérant qu’une étoile enfin vienne, élégante,
Orner de tous ses feux sa tanière menue,
Mais le pré, cette nuit, se love sous les nues.
mercredi 14 décembre 2016
Haine
Lourde est la croix plantée dans les terres arides,
Aux vents d’indifférence offerte, qui trépide,
Aux premières lueurs de l’aube, je le sens,
Le monde sans amour met à feu et à sang.
Aux vents d’indifférence offerte, qui trépide,
Aux premières lueurs de l’aube, je le sens,
Le monde sans amour met à feu et à sang.
mardi 13 décembre 2016
Cosmographie
Il avait retrouvé l’atlas de tous les mondes,
Enterré dans l’obscure crypte d’Aiguefonde,
Reliure de cuir, vélin d’antique pli…
La vérité toujours restait ensevelie.
Enterré dans l’obscure crypte d’Aiguefonde,
Reliure de cuir, vélin d’antique pli…
La vérité toujours restait ensevelie.
lundi 12 décembre 2016
Cohue
Ton cou sentait l’orange douce et tes cheveux
Coulaient sur tes épaules nues, comme un aveu
D’oasis et de liberté, dans cette impasse
Où se pressait la foule pleine d’idées basses.
Coulaient sur tes épaules nues, comme un aveu
D’oasis et de liberté, dans cette impasse
Où se pressait la foule pleine d’idées basses.
dimanche 11 décembre 2016
Sens du vertige
Tu regardes de haut les bêtes que nous sommes
Et d’en bas, te voyant, je doute qu’être un homme
Ait pu te fasciner, sinon notre hideur,
À moins qu’un peu d’amour t’attire en profondeur…
Et d’en bas, te voyant, je doute qu’être un homme
Ait pu te fasciner, sinon notre hideur,
À moins qu’un peu d’amour t’attire en profondeur…
samedi 10 décembre 2016
Suspension
C’est un moment de rien, même pas une attente,
On frôle des pensées qui dérivent, flottantes
Aucune ne s’arrête et la durée n’est plus.
La conscience en passant dans le vain s’est complu.
On frôle des pensées qui dérivent, flottantes
Aucune ne s’arrête et la durée n’est plus.
La conscience en passant dans le vain s’est complu.
vendredi 9 décembre 2016
Chaos liquide
Un filet d’eau glougloute entre les pierres bleues,
Le soleil brille ici mais sur l’estive il pleut.
J’y resterais sans fin. La mélodie me berce.
Encore un peu, mon âme en gouttes se disperse…
Le soleil brille ici mais sur l’estive il pleut.
J’y resterais sans fin. La mélodie me berce.
Encore un peu, mon âme en gouttes se disperse…
jeudi 8 décembre 2016
Carrelage
Les carreaux de la salle, intriqués, donnent l’onde
Imperceptiblement. La perspective est ronde.
Intrigante, tu foules, aux heures de la nuit
Ce sol que je contemple et qui me désennuie.
Imperceptiblement. La perspective est ronde.
Intrigante, tu foules, aux heures de la nuit
Ce sol que je contemple et qui me désennuie.
mercredi 7 décembre 2016
Chinguetti
Vinrent les manuscrits de maintes caravanes,
À l’amble des chameaux, protégeant les arcanes,
Enfin se reposant à l’ombre des murs clos,
Savoir dans le désert, miraculeux îlot.
À l’amble des chameaux, protégeant les arcanes,
Enfin se reposant à l’ombre des murs clos,
Savoir dans le désert, miraculeux îlot.
mardi 6 décembre 2016
Labours
Quand la lumière fend de ses blonds camaïeux
Le cuir de l’écritoire où tu fis tes adieux,
Je regarde au-delà du vitrail qui me serre
Un vol de sansonnets. Puissé-je être sincère.
Le cuir de l’écritoire où tu fis tes adieux,
Je regarde au-delà du vitrail qui me serre
Un vol de sansonnets. Puissé-je être sincère.
lundi 5 décembre 2016
À défaut
Un rêve sous le rêve, un vilain coup du sort,
M’a laissé dans l’image, incrusté, sans ressort,
Poussé par les autans vers des lisières blanches
Où mes arbres d’antan périlleusement penchent.
M’a laissé dans l’image, incrusté, sans ressort,
Poussé par les autans vers des lisières blanches
Où mes arbres d’antan périlleusement penchent.
dimanche 4 décembre 2016
Imaginaire
Tout en fermant les yeux, je te vois caresser
Quelque paille sortie des javelles dressées,
Ton rire part soudain, joyeux comme une aubade.
Ouvrant les yeux, l’hiver me tient dans ses mains froides.
Quelque paille sortie des javelles dressées,
Ton rire part soudain, joyeux comme une aubade.
Ouvrant les yeux, l’hiver me tient dans ses mains froides.
samedi 3 décembre 2016
Kyrie
La galerie de pierre attend le pèlerin,
Qui s’arrête parfois, le visage serein,
Porté par la lumière et le chant des mystères,
Un instant projeté dans la beauté des sphères.
Qui s’arrête parfois, le visage serein,
Porté par la lumière et le chant des mystères,
Un instant projeté dans la beauté des sphères.
vendredi 2 décembre 2016
Miscellanée
La danse de ton corps est un langage sûr
Et mon silence seul convole dans l’azur.
Libres sont nos amours autour de l’éphémère
Envol. L’instant s’étire en veines douces-amères.
Et mon silence seul convole dans l’azur.
Libres sont nos amours autour de l’éphémère
Envol. L’instant s’étire en veines douces-amères.
jeudi 1 décembre 2016
Ontologie
Il y avait tant de questions, comme des fruits
Sur cette pente, au soleil d’août. Mais pas un bruit.
Les réponses comptaient si peu. Paroles d’hommes.
Aux questions, la vraie profondeur de qui nous sommes.
Sur cette pente, au soleil d’août. Mais pas un bruit.
Les réponses comptaient si peu. Paroles d’hommes.
Aux questions, la vraie profondeur de qui nous sommes.
mercredi 30 novembre 2016
Raccourci
Où est ton rire de mouette, oiseau frôlant
La crête des vagues perlées, puis s’envolant
Dans le ciel clair de nos étés ? Las, je frissonne,
Humide encore des embruns. Le téléphone.
La crête des vagues perlées, puis s’envolant
Dans le ciel clair de nos étés ? Las, je frissonne,
Humide encore des embruns. Le téléphone.
mardi 29 novembre 2016
Jardin clos
Que de murs hérissés de tessons de bouteille
Où sont juchées parfois les railleuses corneilles !
Un magot maraudeur emporte quelques fruits,
Les murs n’existent pas. Je rêve donc je suis.
Où sont juchées parfois les railleuses corneilles !
Un magot maraudeur emporte quelques fruits,
Les murs n’existent pas. Je rêve donc je suis.
lundi 28 novembre 2016
Fin de saison
L’hiver est déjà là, quelques rudes bourrasques.
Il clôt ses contrevents, sachant comme est fantasque
Ici la nuit sauvage au pied du mont Tabor.
Le monde se referme, en dedans, en dehors.
Il clôt ses contrevents, sachant comme est fantasque
Ici la nuit sauvage au pied du mont Tabor.
Le monde se referme, en dedans, en dehors.
dimanche 27 novembre 2016
Libre
Râganika, la ballerine, un jour osa,
Sur qui jamais le destin d’être ne pesa,
Ne pas faire, devant le roi, la révérence.
Un tel affront la fit mourir sur la potence.
Sur qui jamais le destin d’être ne pesa,
Ne pas faire, devant le roi, la révérence.
Un tel affront la fit mourir sur la potence.
samedi 26 novembre 2016
Architecture
La voûte a des échos de plaintes anciennes
Et les flammes dessinent, mathématiciennes,
Un entrelacs savant de formes projetées
Qui filent sur la pierre en toute impunité.
Et les flammes dessinent, mathématiciennes,
Un entrelacs savant de formes projetées
Qui filent sur la pierre en toute impunité.
vendredi 25 novembre 2016
Traquenard
Le verre était posé sur la table d’acier,
Rempli de la liqueur ambrée des initiés,
Mais la rouille rongeait le plateau métallique
Et la couleur de l’ambre était machiavélique.
Rempli de la liqueur ambrée des initiés,
Mais la rouille rongeait le plateau métallique
Et la couleur de l’ambre était machiavélique.
jeudi 24 novembre 2016
Quiétude
Le doux moment s’étire après le dur labeur,
Que près de toi je passe, aux dernières lueurs
Du soir venu, comptant sur ton épaule lasse.
Il se fait tard, je crois, veux-tu que je t’enlace ?
Que près de toi je passe, aux dernières lueurs
Du soir venu, comptant sur ton épaule lasse.
Il se fait tard, je crois, veux-tu que je t’enlace ?
mercredi 23 novembre 2016
Marais
Éparpillé sur terre en flaques de néant,
Je reflète le ciel et ses monstres changeants,
Le vent parfois le soir vient me chercher querelle,
Alors l’engoulevent lance un cri de crécelle.
Je reflète le ciel et ses monstres changeants,
Le vent parfois le soir vient me chercher querelle,
Alors l’engoulevent lance un cri de crécelle.
mardi 22 novembre 2016
Le prix à payer
Pour quelques diamants des ruines de Golconde,
Ils auraient traversé bien des mers et des mondes
Et leur voile tendue par la cupidité
Gonflait, plus que leur âme, en toute vanité.
Ils auraient traversé bien des mers et des mondes
Et leur voile tendue par la cupidité
Gonflait, plus que leur âme, en toute vanité.
lundi 21 novembre 2016
Ricochets
Les enfants s’amusaient le long de la rivière
À lancer des cailloux sur l’eau, la mine fière
Au troisième rebond, lançant des cris d’oiseaux
Quand la pierre glissait parfois jusqu’aux roseaux.
À lancer des cailloux sur l’eau, la mine fière
Au troisième rebond, lançant des cris d’oiseaux
Quand la pierre glissait parfois jusqu’aux roseaux.
dimanche 20 novembre 2016
Cabotage
Je suis marin de terre et mon vaisseau louvoie
Dans la vallée austère où belle je te vois,
Mais es-tu repartie pour des cieux sans partage ?
Aux âmes assorties, l’espace est un mirage.
Dans la vallée austère où belle je te vois,
Mais es-tu repartie pour des cieux sans partage ?
Aux âmes assorties, l’espace est un mirage.
samedi 19 novembre 2016
Dans le fond
Dans le salon de nuit, le vernis se craquelle
Au pied du vaisselier qui n’a plus de vaisselle,
Au fond du vieux fauteuil de cuir noir je me plie
Sous le poids clandestin de la mélancolie.
Au pied du vaisselier qui n’a plus de vaisselle,
Au fond du vieux fauteuil de cuir noir je me plie
Sous le poids clandestin de la mélancolie.
vendredi 18 novembre 2016
Rôdeur
L’horizon fragmenté de la rue m’accompagne,
Enseignes déglinguées où l’on perd ou l’on gagne.
Les flaques d’ombre vont à l’assaut des néons,
Dans le clair ou l’obscur je suis caméléon.
Enseignes déglinguées où l’on perd ou l’on gagne.
Les flaques d’ombre vont à l’assaut des néons,
Dans le clair ou l’obscur je suis caméléon.
jeudi 17 novembre 2016
Confusion
Cette étendue me glace, il fait noir en dedans.
Je pars. Je reviendrai quand je serai plus grand.
À cet instant précis, fourbu, je me réveille.
Au point du jour, un fil d’aurore m’ensoleille.
Je pars. Je reviendrai quand je serai plus grand.
À cet instant précis, fourbu, je me réveille.
Au point du jour, un fil d’aurore m’ensoleille.
mercredi 16 novembre 2016
Ribambelle
Le jaune généreux de tes feuilles m’inspire
Ô tremblant peuplier, à l’automne, qui vires,
Un chapelet de mots qui s’envolent au vent,
Qui caresse les yeux du poète suivant.
Ô tremblant peuplier, à l’automne, qui vires,
Un chapelet de mots qui s’envolent au vent,
Qui caresse les yeux du poète suivant.
mardi 15 novembre 2016
Épave
Il manœuvra sans peur le grand volant de fonte
Ouvrant sur les entrailles nues du mastodonte,
Après soixante années d’injuste châtiment.
Il entendit monter les anciens grondements.
Ouvrant sur les entrailles nues du mastodonte,
Après soixante années d’injuste châtiment.
Il entendit monter les anciens grondements.
Promesses
La forêt des géants s’étire à la lumière
Incertaine du soir. Fut-elle ici, première ?
Au sein de la beauté le silence est requis.
Nous irons tous les deux y décrocher le gui.
Incertaine du soir. Fut-elle ici, première ?
Au sein de la beauté le silence est requis.
Nous irons tous les deux y décrocher le gui.
dimanche 13 novembre 2016
Partir
Le toit de la maison semble être bleu turquoise,
Un soleil blanc se lance à l’assaut des ardoises,
Il est temps de partir. J’ai dans mon sac à dos
Tes lettres d’autrefois, comme un tendre fardeau.
Un soleil blanc se lance à l’assaut des ardoises,
Il est temps de partir. J’ai dans mon sac à dos
Tes lettres d’autrefois, comme un tendre fardeau.
samedi 12 novembre 2016
Virée
Il est parti tout seul en ville virtuelle
Où, du plat de l’écran, s’enfoncent les ruelles.
Il s’accroche à son double, un sublime avatar.
Peut-être voudra-t-il revenir ? C’est trop tard.
Où, du plat de l’écran, s’enfoncent les ruelles.
Il s’accroche à son double, un sublime avatar.
Peut-être voudra-t-il revenir ? C’est trop tard.
vendredi 11 novembre 2016
Motel
J’ai entendu claquer la porte de secours,
Le couloir est baigné de vert et de velours.
L’horloge est arrêtée. Ma voisine sanglote,
Appuyée sur le mur, au souvenir qui flotte.
Le couloir est baigné de vert et de velours.
L’horloge est arrêtée. Ma voisine sanglote,
Appuyée sur le mur, au souvenir qui flotte.
jeudi 10 novembre 2016
Mouvant miroir
Les bateaux du canal bien sagement rangés
Restent bord contre bord, rêvant de voyager,
Mais l’eau montre le ciel et le ciel se défile,
Au gris répond le gris, l’eau part vers d’autres villes.
Restent bord contre bord, rêvant de voyager,
Mais l’eau montre le ciel et le ciel se défile,
Au gris répond le gris, l’eau part vers d’autres villes.
Fille océane
Je suis dos à la mer, j’entends le grondement
Des vagues. Je t’attends. Le sable gris nous ment.
Un goéland criaille après le vent qui rôde,
Un océan de toi par vagues me taraude.
Des vagues. Je t’attends. Le sable gris nous ment.
Un goéland criaille après le vent qui rôde,
Un océan de toi par vagues me taraude.
mardi 8 novembre 2016
Ouroboros
D’or et d’argent niellé, l’anneau double se perd
Dans les amours venues du fond de tes yeux pers,
Tel un sceau du destin qui réunit les franges
Effilochées des jours. Osons l’ultime échange.
Dans les amours venues du fond de tes yeux pers,
Tel un sceau du destin qui réunit les franges
Effilochées des jours. Osons l’ultime échange.
lundi 7 novembre 2016
Galerie
Dans l’étroite demeure où je me sens tenu,
Les tableaux sur les murs sont des seuils inconnus
Vers un monde sensible à l’encre de ma plume
Et j’aspire sans fin, des vains amours, l’écume.
Les tableaux sur les murs sont des seuils inconnus
Vers un monde sensible à l’encre de ma plume
Et j’aspire sans fin, des vains amours, l’écume.
dimanche 6 novembre 2016
Palais des vents
Teint de blanc, d’ocre et d’or, l’exubérant palais
Voluptueusement se lance en un ballet
De voûtes, de créneaux, de profuses coupoles,
Et le vent le caresse en tendres caracoles.
Voluptueusement se lance en un ballet
De voûtes, de créneaux, de profuses coupoles,
Et le vent le caresse en tendres caracoles.
samedi 5 novembre 2016
Vies de chat
Chat de gouttière, moustachu, tu finiras
Dans une impasse, fort déchu parmi les rats,
Mais peu te chaut, matou, des rites funéraires.
Ombre ou soleil, tu vas ta vie surnuméraire.
Dans une impasse, fort déchu parmi les rats,
Mais peu te chaut, matou, des rites funéraires.
Ombre ou soleil, tu vas ta vie surnuméraire.
vendredi 4 novembre 2016
Ruines
Le mur est toujours là, l’arbuste s’insinue
Par de fines racines dans les pierres nues.
L’une d’elle pendille au-dessus de la porte
Et moi je rêve en bas de quelques amours mortes.
Par de fines racines dans les pierres nues.
L’une d’elle pendille au-dessus de la porte
Et moi je rêve en bas de quelques amours mortes.
jeudi 3 novembre 2016
Sud
Tout finit dans un bus entre Austin et Tampa,
Mais lorsque je la vis, je ne le savais pas.
Dans l’air climatisé tous deux nous discutâmes.
Au bout du soir, la route avait serré nos âmes.
Mais lorsque je la vis, je ne le savais pas.
Dans l’air climatisé tous deux nous discutâmes.
Au bout du soir, la route avait serré nos âmes.
mercredi 2 novembre 2016
Pêche
Elle épiait, jambes de diable et tête d’ange,
Avec des yeux tapis dans l’ombre d’une frange,
Incessamment les proies que l’on croisait ici,
Sûre que l’un d’entre eux serait à sa merci.
Avec des yeux tapis dans l’ombre d’une frange,
Incessamment les proies que l’on croisait ici,
Sûre que l’un d’entre eux serait à sa merci.
mardi 1 novembre 2016
Tranchant
L’étincelle glissait tout au long du couteau,
Sur le tranchant, jouait un air, pizzicato.
C’était mon âme allant sur le fil de la vie,
Sait-on jamais de quel côté la mort sévit ?
Sur le tranchant, jouait un air, pizzicato.
C’était mon âme allant sur le fil de la vie,
Sait-on jamais de quel côté la mort sévit ?
lundi 31 octobre 2016
Notre aurore
L’aurore se fait ciel quand vers moi tu te penches
Et caresses mon front d’un revers de ta manche
Élégante et soyeuse, à l’aune de ton corps.
Nul doute que l’instant persiste… et plus encor.
Et caresses mon front d’un revers de ta manche
Élégante et soyeuse, à l’aune de ton corps.
Nul doute que l’instant persiste… et plus encor.
dimanche 30 octobre 2016
Alauda
L’inutile alouette ayant perdu le ciel
D’un plomb vilainement enfoui dans une aile
Se traîne sur la plaie d’un automnal sillon.
Passe juste au-dessus l’ombre d’un papillon.
D’un plomb vilainement enfoui dans une aile
Se traîne sur la plaie d’un automnal sillon.
Passe juste au-dessus l’ombre d’un papillon.
samedi 29 octobre 2016
Pèlerinage
Le temple est loin devant, je gravis les rochers,
Bancs de brume, soleil, maigres arbres perchés,
L’air vibre autour de moi, soudain le temple en ruine
Apparaît. C’est la joie qui monte dans la bruine.
Bancs de brume, soleil, maigres arbres perchés,
L’air vibre autour de moi, soudain le temple en ruine
Apparaît. C’est la joie qui monte dans la bruine.
vendredi 28 octobre 2016
Vanne
Ce petit rien qui fait de toute irrévérence
Une blue note au fil du flot des apparences
Arrive par un geste, un sourire, un regard
Et notre monde alors a des lueurs d’Asgard.
Une blue note au fil du flot des apparences
Arrive par un geste, un sourire, un regard
Et notre monde alors a des lueurs d’Asgard.
jeudi 27 octobre 2016
Alep
Je glisse entre les draps, dans l’armoire vosgienne,
Enfouis, des savons d’Alep, une douzaine.
En cascade l’air filtre au travers des tissus.
La griffe de la mort y est brodée dessus.
Enfouis, des savons d’Alep, une douzaine.
En cascade l’air filtre au travers des tissus.
La griffe de la mort y est brodée dessus.
mercredi 26 octobre 2016
Équilibre
Au milieu du courant, le morceau de bois flotte
Alors que les flots verts gentiment le ballottent,
Il reste sans bouger dans les ondes qu’il fend,
Léger comme un oiseau, juste comme un enfant.
Alors que les flots verts gentiment le ballottent,
Il reste sans bouger dans les ondes qu’il fend,
Léger comme un oiseau, juste comme un enfant.
mardi 25 octobre 2016
Ô temps
Fut-il jamais plus beau sourire, que nimbait
Le soleil se levant sur la Botany bay ?
La grâce de l’instant s’éparpillait en mille
Éclats d’éternité… Que la grâce est fragile !
Le soleil se levant sur la Botany bay ?
La grâce de l’instant s’éparpillait en mille
Éclats d’éternité… Que la grâce est fragile !
lundi 24 octobre 2016
Miskatonic
Les colonnes tendues vers les arches obscures
Évitent de frôler les vieilles reliures.
Armitage le sait, dans ces rayons maudits
Sont toujours à l’affût les livres interdits.
Évitent de frôler les vieilles reliures.
Armitage le sait, dans ces rayons maudits
Sont toujours à l’affût les livres interdits.
dimanche 23 octobre 2016
Au revoir
Du portail, elle nous fit signe de la main,
Tandis que nous partions déjà sur le chemin.
Elle s’en retourna, gauche sur le dallage,
Éprouvant encor plus le poids de son grand âge.
Tandis que nous partions déjà sur le chemin.
Elle s’en retourna, gauche sur le dallage,
Éprouvant encor plus le poids de son grand âge.
samedi 22 octobre 2016
Flûte
Il ôta ses lunettes, les mis doucement
Dans un mouchoir de soie, comme en ont les amants,
Puis chercha l’horizon lointain des rêveries
Dans la magie de Bach et sa badinerie.
Dans un mouchoir de soie, comme en ont les amants,
Puis chercha l’horizon lointain des rêveries
Dans la magie de Bach et sa badinerie.
vendredi 21 octobre 2016
Ultimes tomes
Je les ai vus passer ce soir dans le ciel brun,
Volant bas sous le plomb des nuages d’airain,
Bruissant de mille mots dans l’air qui les rend ivres.
Ils passent tous ainsi. Ce sont les derniers livres.
Volant bas sous le plomb des nuages d’airain,
Bruissant de mille mots dans l’air qui les rend ivres.
Ils passent tous ainsi. Ce sont les derniers livres.
jeudi 20 octobre 2016
Écrire
Est-il jamais sorti de
sa tour aux corbeaux ?
Tant de marches à
gravir, pâlies sous les flambeaux…
S’empilent tout
autour des myriades de livres.
Il ne sait plus parler,
il écrit pour survivre.
mercredi 19 octobre 2016
En pensée
Un jour pareil, se mettre sur son trente-et-un
C’était inévitable et peut-être opportun,
Je t’attendais transi sur le pas de la porte,
Un feu de bois brûlait, en est-il d’autre sorte ?
C’était inévitable et peut-être opportun,
Je t’attendais transi sur le pas de la porte,
Un feu de bois brûlait, en est-il d’autre sorte ?
mardi 18 octobre 2016
Bûcheron
De l’aube jusqu’au soir, au cœur du bois joli,
Ma hache sur l’épaule, achevant les chablis
Que la tempête à mis souche par-dessus terre.
À l’arbre aussi la mort apporte le mystère.
Ma hache sur l’épaule, achevant les chablis
Que la tempête à mis souche par-dessus terre.
À l’arbre aussi la mort apporte le mystère.
lundi 17 octobre 2016
Gouttes
La rivière s’enroule au pied des monts serrés,
Tu files t’y baigner, perles d’eau, peau cuivrée,
Ton rire se disperse en mille éclaboussures
Autour, comme un collier que le soleil azure.
Tu files t’y baigner, perles d’eau, peau cuivrée,
Ton rire se disperse en mille éclaboussures
Autour, comme un collier que le soleil azure.
dimanche 16 octobre 2016
Dans la rue
Derrière ton vélo, c’est un ancien landau
Qui te sert de remorque, improbable fardeau
Que tu traînes partout dans les rues de la ville.
Au milieu des nantis, c’est là que tu t’exiles.
Qui te sert de remorque, improbable fardeau
Que tu traînes partout dans les rues de la ville.
Au milieu des nantis, c’est là que tu t’exiles.
samedi 15 octobre 2016
Il fait bon
Couché sur tes genoux, le tressaut d’une veine
À ton poignet m’étonne ; il faut que je réfrène
Une angoisse de n’être auprès de toi qu’un temps.
Chaque minute est belle et je goûte l’instant.
À ton poignet m’étonne ; il faut que je réfrène
Une angoisse de n’être auprès de toi qu’un temps.
Chaque minute est belle et je goûte l’instant.
vendredi 14 octobre 2016
Mon arbre
La façon dont tu ploies sous les forts vents d’automne
Et les feuilles rougies qu’alors tu abandonnes
Ont l’étrange reflet de notes et de mots.
Ta parole s’étend aux plus grêles rameaux.
Et les feuilles rougies qu’alors tu abandonnes
Ont l’étrange reflet de notes et de mots.
Ta parole s’étend aux plus grêles rameaux.
jeudi 13 octobre 2016
S’aimer
Mon corps est détenu par l’idée que j’en ai
Quand je lâche l’idée, mon corps alors renaît.
Doucement, lui et moi, réapprenons à vivre
Ensemble. Une alouette, élégante, s’enivre.
Quand je lâche l’idée, mon corps alors renaît.
Doucement, lui et moi, réapprenons à vivre
Ensemble. Une alouette, élégante, s’enivre.
mercredi 12 octobre 2016
Dans les cordes
Dans cet instant, les deux violons qui se répondent
Éparpillent mon cœur aux quatre coins du monde,
Un cœur ainsi brisé ne craint plus le destin,
La musique l’emporte au près comme au lointain.
Éparpillent mon cœur aux quatre coins du monde,
Un cœur ainsi brisé ne craint plus le destin,
La musique l’emporte au près comme au lointain.
mardi 11 octobre 2016
Chat muse
Précisément sa patte a franchi le néant
Qui sépare ma plume d’or du papier blanc
Brisant net, ce faisant, un vilain sortilège,
Autorisant mes mots à imprimer la neige.
Qui sépare ma plume d’or du papier blanc
Brisant net, ce faisant, un vilain sortilège,
Autorisant mes mots à imprimer la neige.
lundi 10 octobre 2016
Clair de lune
Sur la plage de sable
noir, la lune blême
A laissé des traînées
d’argent, comme un diadème
Au milieu de tes
cheveux roux. La mer entend
Ton cœur qui cherche
dans l’hiver tous les printemps.
dimanche 9 octobre 2016
Constat
Est-il jamais trop tard ? De n’avoir pas tenu
La promesse d’aimer sans raison convenue
Me laisse comme un fleuve en l’absence de rives,
Et toi comme une plaine où le désert arrive.
La promesse d’aimer sans raison convenue
Me laisse comme un fleuve en l’absence de rives,
Et toi comme une plaine où le désert arrive.
samedi 8 octobre 2016
Humanité
Les cadavres exquis ne sont plus à la mode,
On préfère employer de triviales méthodes,
Assassiner des gens, puis empiler les corps
Dans la fosse commune. Appréciez le décor.
On préfère employer de triviales méthodes,
Assassiner des gens, puis empiler les corps
Dans la fosse commune. Appréciez le décor.
vendredi 7 octobre 2016
Dilatation
L’océan ne m’a pas suffi. Le vent s’enroule
Et me confie : « Je suis l’écume sur la houle. »
Au sommet, la vague qui croule en vain défie
La verte goule. Au-dessus l’air se raréfie…
Et me confie : « Je suis l’écume sur la houle. »
Au sommet, la vague qui croule en vain défie
La verte goule. Au-dessus l’air se raréfie…
jeudi 6 octobre 2016
Cent-trois
Elle s’est éclipsée dans un bruit de moteur
Deux temps, visière haute, air désapprobateur.
Les mains dans le cambouis, j’en eus pincé pour elle,
Un sourire eut suffi. Voguent les hirondelles.
Deux temps, visière haute, air désapprobateur.
Les mains dans le cambouis, j’en eus pincé pour elle,
Un sourire eut suffi. Voguent les hirondelles.
mercredi 5 octobre 2016
Clos
Le clos du presbytère est isolé du monde.
Un troglodyte y vole et son étrange ronde
Enchante le jardin. La rose ensauvagée,
Délicate, s’entrouvre. Au fond, rien n’a changé.
Un troglodyte y vole et son étrange ronde
Enchante le jardin. La rose ensauvagée,
Délicate, s’entrouvre. Au fond, rien n’a changé.
mardi 4 octobre 2016
En voûte
Les piliers sont plantés dans le socle de pierre,
Une chauve-souris volette, aventurière.
Au-dessus, les démons accroupis dans le noir
Accueillent les pensées du haut de leur perchoir.
Une chauve-souris volette, aventurière.
Au-dessus, les démons accroupis dans le noir
Accueillent les pensées du haut de leur perchoir.
lundi 3 octobre 2016
Prison
Il a cloué des gens sur les murs du cachot.
Les clous se sont rouillés, ou trop froids ou trop chauds,
Les murs, l’esprit, gauchis sous la pression de l’âge,
Ont fini par ouvrir des brèches dans sa rage.
Les clous se sont rouillés, ou trop froids ou trop chauds,
Les murs, l’esprit, gauchis sous la pression de l’âge,
Ont fini par ouvrir des brèches dans sa rage.
dimanche 2 octobre 2016
Feuille morte
Avec grâce elle chut
sur la terre assoupie,
La feuille du bouleau
près de la source aux pies.
Sur ton pull elle eut
fait une broche élégante,
Hélas, d’un tel
argent, tu ne fus qu’ignorante.
samedi 1 octobre 2016
Disjoints
Les images font corps mais le corps est gisant,
L’esprit l’a laissé mort, ou presque, soi-disant,
Chacun va son chemin, l’un tout contre la terre
Et l’autre dans le fleuve antique des mystères.
L’esprit l’a laissé mort, ou presque, soi-disant,
Chacun va son chemin, l’un tout contre la terre
Et l’autre dans le fleuve antique des mystères.
vendredi 30 septembre 2016
Chiffre
Le code est contenu dans l’elliptique phrase
Où gisent les mots vains que le silence écrase.
Entre eux, les blancs chaînés en lézardes ténues
Nourrissent les hivers des heures ingénues.
Où gisent les mots vains que le silence écrase.
Entre eux, les blancs chaînés en lézardes ténues
Nourrissent les hivers des heures ingénues.
jeudi 29 septembre 2016
Lotus
J’ai peint sur le revers de ses bras de chemise
Un lotier jaune et feu, faut-il que je précise
À quel feu ce pétale est de rouge vêtu ?
Petite est sa corolle et grande sa vertu…
Un lotier jaune et feu, faut-il que je précise
À quel feu ce pétale est de rouge vêtu ?
Petite est sa corolle et grande sa vertu…
mercredi 28 septembre 2016
Au chaud
Les violons sont passés
comme un vol d’oies sauvages
Et l’hiver vibre
encor, oubliant d’être sage.
À côté du fourneau,
le chat noir engourdi
Rêve de gras lérots
et de nids interdits.
mardi 27 septembre 2016
Bagatelle
J’ai tourneboulé
toute la boutique, en vain.
Je voulais t’offrir
quelque magnifique écrin,
Mais tout était fade
au vu de combien je t’aime,
Alors j’ai cueilli
quelques fleurs comme un poème.
lundi 26 septembre 2016
Ami
De ce qu’il m’a laissé, ce sourire contrit
Reste planté tout droit, qui le soir me meurtrit
Quand le souvenir vient des jours de nous ensemble,
Ému, chuchote encor le feuillage des trembles.
Reste planté tout droit, qui le soir me meurtrit
Quand le souvenir vient des jours de nous ensemble,
Ému, chuchote encor le feuillage des trembles.
dimanche 25 septembre 2016
Notre grange
Les bras de la charrette encor au ciel se tendent
À la grange d’en bas. Il faut que je t’attende.
Un moineau s’est posé qui piaille tout son cœur.
J’irai jusqu’au fenil. Les oiseaux sont moqueurs.
À la grange d’en bas. Il faut que je t’attende.
Un moineau s’est posé qui piaille tout son cœur.
J’irai jusqu’au fenil. Les oiseaux sont moqueurs.
samedi 24 septembre 2016
Bain de minuit
Elle tendit ses mains vers les reflets changeants
Des vagues de hasard, aussi loin que l’argent
De la lune courait. La mer était immense.
Elle entra dans les flots de sa désespérance.
Des vagues de hasard, aussi loin que l’argent
De la lune courait. La mer était immense.
Elle entra dans les flots de sa désespérance.
vendredi 23 septembre 2016
Feuillée
Le feuillage est sans âge et la lumière tord
L’espace chaotique au fond duquel je dors.
Au bord de ma vision, ton corps menu se livre,
Étendu sur les feuilles. Il est grand temps de vivre.
L’espace chaotique au fond duquel je dors.
Au bord de ma vision, ton corps menu se livre,
Étendu sur les feuilles. Il est grand temps de vivre.
jeudi 22 septembre 2016
Heure brune
L’heure m’est étrangère et la nuit fait écrin
Tandis que vers le sol retombe le serein.
La petite chevêche en silence s’envole,
En ce velours je vais, les astres batifolent.
Tandis que vers le sol retombe le serein.
La petite chevêche en silence s’envole,
En ce velours je vais, les astres batifolent.
mercredi 21 septembre 2016
Chu
Quand le livre tomba, les pages contre terre,
Il sut que le combat contre l’élémentaire
Allait être mortel. Il affronta, serein,
Dès lors, la gravité des mondes souterrains.
Il sut que le combat contre l’élémentaire
Allait être mortel. Il affronta, serein,
Dès lors, la gravité des mondes souterrains.
mardi 20 septembre 2016
Bal
Les taches de lumière en tourbillons scintillent
Au milieu des danseurs. Voir tes yeux qui pétillent
Attire alors mes pas, la vie prend des couleurs,
Ton parfum me saisit comme une jolie fleur.
Au milieu des danseurs. Voir tes yeux qui pétillent
Attire alors mes pas, la vie prend des couleurs,
Ton parfum me saisit comme une jolie fleur.
lundi 19 septembre 2016
Faucheur
Le nez camard, le cou saillant, l’austère allure,
Il a fauché tous les refus de la pâture,
Il aiguisait de temps en temps le fil d’acier,
Le geste sûr, les yeux gris-bleu, le port princier.
Il a fauché tous les refus de la pâture,
Il aiguisait de temps en temps le fil d’acier,
Le geste sûr, les yeux gris-bleu, le port princier.
dimanche 18 septembre 2016
Deux voies
Le désamour te prit dans un tournant de l’âge
Où les cieux pavoisés de rutilants nuages
En paréidolies transformaient les destins.
Le soir diverge alors tellement du matin.
Où les cieux pavoisés de rutilants nuages
En paréidolies transformaient les destins.
Le soir diverge alors tellement du matin.
samedi 17 septembre 2016
Montségur
Il avait traversé des maquis, des torrents
Pour arriver au pied des murs, son balandran
Souillé. Le château fort crevait le ciel immense
En volutes, son souffle exhalait des silences.
Pour arriver au pied des murs, son balandran
Souillé. Le château fort crevait le ciel immense
En volutes, son souffle exhalait des silences.
vendredi 16 septembre 2016
Photothèque
La rue s’est teinte en bleue sur la vieille photo
Polaroïd où tu serres ton noir manteau.
Malicieusement tu regardes la rive
Et les jours qui s’en vont, pensant à ceux qui suivent.
Polaroïd où tu serres ton noir manteau.
Malicieusement tu regardes la rive
Et les jours qui s’en vont, pensant à ceux qui suivent.
jeudi 15 septembre 2016
Dès l’aube
Dans l’entonnoir du temps je fis une glissade
En cherchant pour te plaire une plaisante aubade.
Il n’y avait autour aucun lieu plus ouvert,
Mais tu n’écoutais pas dans ton salon d’hiver.
En cherchant pour te plaire une plaisante aubade.
Il n’y avait autour aucun lieu plus ouvert,
Mais tu n’écoutais pas dans ton salon d’hiver.
mercredi 14 septembre 2016
Table pour deux
Notre avenir dans un dessin que tu as fait
Sur une serviette en papier m’a stupéfait,
Si tu n’y as vu qu’un portrait de circonstance,
Au fond de tes yeux j’ai perçu d’autres nuances…
Sur une serviette en papier m’a stupéfait,
Si tu n’y as vu qu’un portrait de circonstance,
Au fond de tes yeux j’ai perçu d’autres nuances…
mardi 13 septembre 2016
Noyée
Abusée, offerte ou vénale, on ne le sut.
Son corps flottait sur le Canal, cruelle issue.
Tout près surnageait, rouge sang, une pivoine
Où mènent ses reflets dansant que l’aube fane ?
Son corps flottait sur le Canal, cruelle issue.
Tout près surnageait, rouge sang, une pivoine
Où mènent ses reflets dansant que l’aube fane ?
lundi 12 septembre 2016
Croix de fer
La croix du vieux calvaire a subi les affronts
Du temps. La rouille court et tout devient marron,
Le corps de l’homme mort se tait (à Dieu ne plaise)
Et la seule chaleur provient de la fournaise.
Du temps. La rouille court et tout devient marron,
Le corps de l’homme mort se tait (à Dieu ne plaise)
Et la seule chaleur provient de la fournaise.
dimanche 11 septembre 2016
Friche
Le chemin creux de Taille, à la nuit comme au jour,
Soupire aux temps anciens de ses plus beaux atours.
La ronce griffe et mord, il n’est plus de bergère
À venir se lover au creux de ses fougères.
Soupire aux temps anciens de ses plus beaux atours.
La ronce griffe et mord, il n’est plus de bergère
À venir se lover au creux de ses fougères.
samedi 10 septembre 2016
Notre jeunesse
Ce silence amoureux, de nous, jeunesse vaine
Et Péguy transporté, furent feu dans nos veines.
Aux clameurs de la foule enfin, plein de remords,
Nous fuîmes douloureux, en escortant les morts.
Et Péguy transporté, furent feu dans nos veines.
Aux clameurs de la foule enfin, plein de remords,
Nous fuîmes douloureux, en escortant les morts.
vendredi 9 septembre 2016
Flottille
Mes fins de sieste accouchent mal de longs silences,
Alors je vais à la fenêtre où se balance,
Osé, le linge sur un fil à tous les vents,
Comme les voiles des bateaux sur l’océan.
Alors je vais à la fenêtre où se balance,
Osé, le linge sur un fil à tous les vents,
Comme les voiles des bateaux sur l’océan.
jeudi 8 septembre 2016
Braise et eau
Les sandales menues, tu vas dans la poussière
Aux heures de soleil brûlant, vaine coursière
Et la sueur te coule, en ruisseaux dans le dos.
La terre boit ta peine en guise de cadeau.
Aux heures de soleil brûlant, vaine coursière
Et la sueur te coule, en ruisseaux dans le dos.
La terre boit ta peine en guise de cadeau.
mercredi 7 septembre 2016
Mangrove
L’eau se perd dans les bras infiniment fractals,
Éperdue de couleurs et d’ombres, vert létal,
Pourpre de fin du jour, ocre nue des racines,
Où l’ardeur est profuse et la souche assassine.
Éperdue de couleurs et d’ombres, vert létal,
Pourpre de fin du jour, ocre nue des racines,
Où l’ardeur est profuse et la souche assassine.
mardi 6 septembre 2016
Fusain
Un morceau de charbon, trace sur le béton
Les traits de ce visage, arrimé ton sur ton,
Que j’aime. Elle a souri quand j’ai fui la ruelle
Il se pourrait que maintenant je rêve d’elle.
Les traits de ce visage, arrimé ton sur ton,
Que j’aime. Elle a souri quand j’ai fui la ruelle
Il se pourrait que maintenant je rêve d’elle.
lundi 5 septembre 2016
Où
Loin les désirs de jonque, envolés peu ou prou,
Comme le sens donné aux rayons d’une roue
Qui tourne, un jour de pluie, j’entame la descente
En saluant la mort, avec ou sans la pente.
Comme le sens donné aux rayons d’une roue
Qui tourne, un jour de pluie, j’entame la descente
En saluant la mort, avec ou sans la pente.
dimanche 4 septembre 2016
De ce grain
C’est un sable si fin qu’il passe à travers moi
Comme un désir lointain revenant en émoi.
Je le sens desséché de n’avoir connu l’onde,
Il est fils du désert et maraude à la ronde.
Comme un désir lointain revenant en émoi.
Je le sens desséché de n’avoir connu l’onde,
Il est fils du désert et maraude à la ronde.
samedi 3 septembre 2016
Vertes eaux
La pluie sur l’étang frappe et laisse chanter l’air,
Une nuée dérobe à la lune son clair,
Un rien dans tes yeux verts me conduit au silence
Au jardin de nos âmes, au bord de l’étang. Transe.
Une nuée dérobe à la lune son clair,
Un rien dans tes yeux verts me conduit au silence
Au jardin de nos âmes, au bord de l’étang. Transe.
vendredi 2 septembre 2016
Arboriforme
J’ai voulu faire l’arbre à me tenir debout,
Mes bras comme des branches, mes pieds dans la boue.
Le soleil me hâlait, tannait ma peau humaine
Et les arbres riaient, verdure souveraine.
Mes bras comme des branches, mes pieds dans la boue.
Le soleil me hâlait, tannait ma peau humaine
Et les arbres riaient, verdure souveraine.
jeudi 1 septembre 2016
Astronomie
Les astres sont muets mais leur silence est plein
D’un même espace uni de sommets cristallins.
Je songe à tes yeux noirs qui si bien les reflètent,
Ai-je droit de cité dans tes amours secrètes ?
D’un même espace uni de sommets cristallins.
Je songe à tes yeux noirs qui si bien les reflètent,
Ai-je droit de cité dans tes amours secrètes ?
mercredi 31 août 2016
Désarmées
Devant les hommes et les armes, sans céder,
Elles frappèrent dans leurs mains, lancèrent des
Notes d’espoir de leurs voix claires : la musique
À genoux mit tous les soldats, l’onde magique.
Elles frappèrent dans leurs mains, lancèrent des
Notes d’espoir de leurs voix claires : la musique
À genoux mit tous les soldats, l’onde magique.
mardi 30 août 2016
Balade
La route m’a repris, le ruban se déroule,
Il suffit d’un petit instant pour que je coule.
La fin d’été suave imprègne mon chemin,
Des pétales de rose oscillent, blancs, carmins.
Il suffit d’un petit instant pour que je coule.
La fin d’été suave imprègne mon chemin,
Des pétales de rose oscillent, blancs, carmins.
lundi 29 août 2016
Tel état
Peut-être encor demain, les mondes s’entrechoquent,
Une goutte d’eau sur la terre, réciproque
Effet, se heurtera dans un fracas violent
Que seul je percevrai, dans mon espace lent.
Une goutte d’eau sur la terre, réciproque
Effet, se heurtera dans un fracas violent
Que seul je percevrai, dans mon espace lent.
dimanche 28 août 2016
Mains tenues
La chaleur s’est enfuie jusqu’au creux de ton corps,
Dans le jardin secret d’un cœur qui bat encor,
Or rien de ce qui bat ne s’oppose au silence.
Ensemble nous allons dans une même errance.
Dans le jardin secret d’un cœur qui bat encor,
Or rien de ce qui bat ne s’oppose au silence.
Ensemble nous allons dans une même errance.
samedi 27 août 2016
Fermé
Je clos la porte en bois de chêne, aux clous d’airain,
Tourne la clef de fer d’une forge du Rhin.
La rue s’éteint dans un dernier son d’outre-tombe
Et, souffle court, je sens que les heures succombent…
Tourne la clef de fer d’une forge du Rhin.
La rue s’éteint dans un dernier son d’outre-tombe
Et, souffle court, je sens que les heures succombent…
vendredi 26 août 2016
Grégorien
La pierre fait écho du son qui monte clair
Le long des voûtes nues de l’église d’Auvers
Et tous les cœurs serrés peu à peu se dégagent
Aux vagues du plain-chant, libérés de leur cage.
Le long des voûtes nues de l’église d’Auvers
Et tous les cœurs serrés peu à peu se dégagent
Aux vagues du plain-chant, libérés de leur cage.
jeudi 25 août 2016
Sur le sable
Tu marchais sur la côte de Coromandel
En sari jaune et vert. Là-haut les hirondelles
Allaient au ciel trissant, quand la trace de tes
Pieds nus donnait le la, musicale portée.
En sari jaune et vert. Là-haut les hirondelles
Allaient au ciel trissant, quand la trace de tes
Pieds nus donnait le la, musicale portée.
mercredi 24 août 2016
Demeure
Les briques sont rongées, la maison se sent nue
Dans le tumulte vain des passants inconnus…
Elle attend au-dessus les étoiles pâlottes,
Au-dessous l’air ténu d’un vieillard qui sifflote.
Dans le tumulte vain des passants inconnus…
Elle attend au-dessus les étoiles pâlottes,
Au-dessous l’air ténu d’un vieillard qui sifflote.
mardi 23 août 2016
Beau geste
J’ai suspendu le vol de ta main dans l’instant
Pensé comme une grâce offerte et s’ajustant
À nos deux âmes sœurs dans la toile éternelle,
Où nos rires s’égaient en fraîche villanelle.
Pensé comme une grâce offerte et s’ajustant
À nos deux âmes sœurs dans la toile éternelle,
Où nos rires s’égaient en fraîche villanelle.
lundi 22 août 2016
Alchimie
La pierre est incrustée dans la gangue argileuse,
Attendant qu’une main la prenne, ensorceleuse
Et par les mots lui donne une autre densité.
Le hasard fait le jeu de la nécessité.
Attendant qu’une main la prenne, ensorceleuse
Et par les mots lui donne une autre densité.
Le hasard fait le jeu de la nécessité.
dimanche 21 août 2016
Au passage
Je suis resté caché dans la crèche païenne,
Entre la louve noire et l’odieuse hyène,
En un corps éthéré que la dent ne mord pas,
Mais la peur s’enracine de vie à trépas.
Entre la louve noire et l’odieuse hyène,
En un corps éthéré que la dent ne mord pas,
Mais la peur s’enracine de vie à trépas.
samedi 20 août 2016
Ours
Se dressant magistral au cirque du Litor,
Il rugit longuement de sa voix de stentor,
Au cœur de sa montagne, épais comme un orage,
Il dit le monde vrai de son juste lignage.
Il rugit longuement de sa voix de stentor,
Au cœur de sa montagne, épais comme un orage,
Il dit le monde vrai de son juste lignage.
vendredi 19 août 2016
Plus haut
L’horizon se dépouille et je marche devant
Moi-même. Une vanesse assise sur le vent
Guette l’astre solaire en frissonnant des ailes.
Un rayon d’or bientôt dans la brume cisèle…
Moi-même. Une vanesse assise sur le vent
Guette l’astre solaire en frissonnant des ailes.
Un rayon d’or bientôt dans la brume cisèle…
jeudi 18 août 2016
Nid
C’est la maison qui bat au pouls des âmes sœurs,
Les portes et les baies donnent sur la douceur
Des printemps lumineux. Longtemps nous y vécûmes.
Hier je l’ai revue, tout saisi d’amertume…
Les portes et les baies donnent sur la douceur
Des printemps lumineux. Longtemps nous y vécûmes.
Hier je l’ai revue, tout saisi d’amertume…
mercredi 17 août 2016
Horizontal
Je me suis allongé sous le ventilateur
Qui brasse lentement de multiples senteurs
Au gré des fleurs fanées, d’autres épanouies,
Je me laisse porter dans ces flots, enfoui.
Qui brasse lentement de multiples senteurs
Au gré des fleurs fanées, d’autres épanouies,
Je me laisse porter dans ces flots, enfoui.
mardi 16 août 2016
Nous deux
L’espace d’un soupir n’aurait pu s’immiscer
Entre elle et moi ce soir tout juste commencé :
Un thé blanc, des biscuits sur un plateau de laque,
Et nos regards perdus dans les mêmes ressacs.
Entre elle et moi ce soir tout juste commencé :
Un thé blanc, des biscuits sur un plateau de laque,
Et nos regards perdus dans les mêmes ressacs.
lundi 15 août 2016
Concert
Nous nous étions assis sur le bord du talus,
Les corps fourbus, lassés, dans le flot des exclus.
Le concert au-delà du fossé faisait rage
Et sa vague de son secouait le grillage.
Les corps fourbus, lassés, dans le flot des exclus.
Le concert au-delà du fossé faisait rage
Et sa vague de son secouait le grillage.
dimanche 14 août 2016
Prémices
Je reçois une boîte incrustée de laiton
Je l’ouvre plein d’émoi, car j’ai reconnu ton
Parfum. Sur un velours, un seul bouton de rose
Noir, que légèrement d’une larme j’arrose.
Je l’ouvre plein d’émoi, car j’ai reconnu ton
Parfum. Sur un velours, un seul bouton de rose
Noir, que légèrement d’une larme j’arrose.
samedi 13 août 2016
Sombre voie
De la route poudreuse et des pataches blanches,
Il ne reste qu’un long ruban qui sans cœur tranche
En la chair du pays comme un bistouri noir
Où je roule sans fin d’un côté du miroir.
Il ne reste qu’un long ruban qui sans cœur tranche
En la chair du pays comme un bistouri noir
Où je roule sans fin d’un côté du miroir.
vendredi 12 août 2016
Orémus
Qu’importe le pays, l’espace où l’on se tient,
Dans le secret d’un clos, l’escalier quotidien,
Au travail, au repos, même à l’heure dernière,
Aller risquer son âme au feu de la prière.
Dans le secret d’un clos, l’escalier quotidien,
Au travail, au repos, même à l’heure dernière,
Aller risquer son âme au feu de la prière.
jeudi 11 août 2016
Conversion
Le figuier de justice aux rebuts s’enracine
Il explore les fonds, les plus noires latrines
Et sa sève remonte une liqueur nacrée
Qui va gonfler les figues tendres et sucrées.
Il explore les fonds, les plus noires latrines
Et sa sève remonte une liqueur nacrée
Qui va gonfler les figues tendres et sucrées.
mercredi 10 août 2016
Planches
Je n’ai pas la tenue propre à la circonstance
Eût-il fallu porter la cravate garance ?
Un micro devant moi, la foule qui attend,
La scène est dérisoire et je n’ai plus le temps.
Eût-il fallu porter la cravate garance ?
Un micro devant moi, la foule qui attend,
La scène est dérisoire et je n’ai plus le temps.
mardi 9 août 2016
Cette route
Rien n’est dit, tout se passe, une faille nodale
Aspire les instants, la trame est un dédale
Où se perdent nos sens, et nos cœurs et nos vies.
Je peine sur la pente et ne l’ai pas gravie.
Aspire les instants, la trame est un dédale
Où se perdent nos sens, et nos cœurs et nos vies.
Je peine sur la pente et ne l’ai pas gravie.
lundi 8 août 2016
Sur le seuil
Dans la fraîcheur des grottes nues de Montbrison,
Je vois le ciel dont l’azur brûle l’horizon.
Derrière moi, la noirceur remplit le silence.
En cette orée, je suis vêtu de cohérence.
Je vois le ciel dont l’azur brûle l’horizon.
Derrière moi, la noirceur remplit le silence.
En cette orée, je suis vêtu de cohérence.
dimanche 7 août 2016
Il vit la guerre
Au retour de la guerre, il ne vit que la faim,
Les petits points crispés sur des grignons de pain.
La victoire avec lui, son drapeau fut sa peine :
Un sang qui coule n’a jamais vaincu la haine.
Les petits points crispés sur des grignons de pain.
La victoire avec lui, son drapeau fut sa peine :
Un sang qui coule n’a jamais vaincu la haine.
samedi 6 août 2016
Trocadéro
Assis au bord de l’esplanade des jets d’eau,
J’observe les enfants qui crèvent les rideaux
D’étincelantes gouttes poussées par la brise
En riant aux éclats, le soleil, l’eau les grisent.
J’observe les enfants qui crèvent les rideaux
D’étincelantes gouttes poussées par la brise
En riant aux éclats, le soleil, l’eau les grisent.
vendredi 5 août 2016
Pandiculation
Se réveiller ainsi, les matins innocents,
S’étirer longuement, bailler en dispersant
Dans l’eau du souvenir la poussière des rêves,
Est un petit bonheur qui toujours me soulève.
S’étirer longuement, bailler en dispersant
Dans l’eau du souvenir la poussière des rêves,
Est un petit bonheur qui toujours me soulève.
jeudi 4 août 2016
Chatterie
Sa bouche a la beauté des plus rouges cerises
À sourire en boudant, d’une manière exquise.
Il se pourrait que je ne puisse à cet émoi
Tenir plus que le temps qui muse d’elle à moi.
À sourire en boudant, d’une manière exquise.
Il se pourrait que je ne puisse à cet émoi
Tenir plus que le temps qui muse d’elle à moi.
mercredi 3 août 2016
Souterrain
Le manoir de Liver s’enfonce dans la terre
Et le seigneur jamais n’a livré son mystère.
Il paraît que les caves, cryptes et tunnels
Recèlent des légions de démons éternels.
Et le seigneur jamais n’a livré son mystère.
Il paraît que les caves, cryptes et tunnels
Recèlent des légions de démons éternels.
mardi 2 août 2016
À la mer
Quand le filet du doute a saisi mes pensées,
Dans l’océan fœtal où je m’étais bercé,
Mon cœur à petits bonds s’est mis à la chamade
Et j’ai vu les yeux verts sans éclat des naïades.
Dans l’océan fœtal où je m’étais bercé,
Mon cœur à petits bonds s’est mis à la chamade
Et j’ai vu les yeux verts sans éclat des naïades.
lundi 1 août 2016
Sol, soleil
L’ultime menue paille a cessé de voler,
La perdrix court encore, un peu déboussolée,
La terre a la toison d’or pour toute parure,
Au bord, les ronciers donnent leurs premières mûres.
La perdrix court encore, un peu déboussolée,
La terre a la toison d’or pour toute parure,
Au bord, les ronciers donnent leurs premières mûres.
dimanche 31 juillet 2016
Refuge
Le président se rêve ailleurs et autrement,
Faisant un pique-nique dans d’un pré normand.
Sur le plaid écossais, la sieste se profile
À l’ombre d’un pommier. Un serpent se faufile…
Faisant un pique-nique dans d’un pré normand.
Sur le plaid écossais, la sieste se profile
À l’ombre d’un pommier. Un serpent se faufile…
samedi 30 juillet 2016
Œuvre-objet
L’œuvre authentique trône au milieu du salon,
La copie se complaît dans son rôle félon,
Seul un certificat marque la différence.
Où donc est passé l’art dans ce jeu d’apparence ?
La copie se complaît dans son rôle félon,
Seul un certificat marque la différence.
Où donc est passé l’art dans ce jeu d’apparence ?
vendredi 29 juillet 2016
Spirale
Dans cet étrange lieu, les cercles sont des spires
Et leur centre se tord dans un infini. Pire,
Il sort des dimensions entières, point fractal,
Faut-il l’irrationnel ou le transcendantal ?
Et leur centre se tord dans un infini. Pire,
Il sort des dimensions entières, point fractal,
Faut-il l’irrationnel ou le transcendantal ?
jeudi 28 juillet 2016
Dans tes rêves
La fine brise joue d’un lit de feuilles mortes,
En ce creux de sous-bois que ton sommeil emporte
À tes côtés, je sens l’univers s’effacer,
Le tien devient le mien, nos mains entrelacées.
En ce creux de sous-bois que ton sommeil emporte
À tes côtés, je sens l’univers s’effacer,
Le tien devient le mien, nos mains entrelacées.
mercredi 27 juillet 2016
Auprès
Je sens les énergies qui se groupent autour,
Les forces de la vie s’épandre dans mes jours,
Sans pudeur, lentement, comme une pleine aurore
À l’unisson mon âme à ces rayons se dore.
Les forces de la vie s’épandre dans mes jours,
Sans pudeur, lentement, comme une pleine aurore
À l’unisson mon âme à ces rayons se dore.
mardi 26 juillet 2016
Crampes
Mille griffes d’acier mordent dans la chair vive
Et la chair, de douleur, en vain se tétanise,
Et les griffes d’acier ne lâchent toujours pas,
Je voudrais être ailleurs que dans cet ici-bas.
Et la chair, de douleur, en vain se tétanise,
Et les griffes d’acier ne lâchent toujours pas,
Je voudrais être ailleurs que dans cet ici-bas.
lundi 25 juillet 2016
Égarement
Rien ne bascule ici, objets, pensées sont stables,
Une pièce inconnue, je suis pris dans ses sables
Mouvants. Rien n’est plus faux que cette éternité,
D’elle à moi, qui s’impose : instamment la quitter !
Une pièce inconnue, je suis pris dans ses sables
Mouvants. Rien n’est plus faux que cette éternité,
D’elle à moi, qui s’impose : instamment la quitter !
dimanche 24 juillet 2016
Vues d’ailleurs
Le jour, la nuit, la Terre va dans le néant
Dans sa robe diaphane, et son bleu d’océan.
Dessus, les pieds d’un enfant secouent la poussière
Au rythme lent des coups de gong, au sanctuaire.
Dans sa robe diaphane, et son bleu d’océan.
Dessus, les pieds d’un enfant secouent la poussière
Au rythme lent des coups de gong, au sanctuaire.
samedi 23 juillet 2016
Preuve
Sur le rebord de la fenêtre, il déposa
Une plume de sansonnet, du mimosa,
Mais le vent fit que tout partit à tire-d’aile,
Et de ce rite elle ne sut la fin cruelle.
Une plume de sansonnet, du mimosa,
Mais le vent fit que tout partit à tire-d’aile,
Et de ce rite elle ne sut la fin cruelle.
vendredi 22 juillet 2016
Dire
Nous nous étions tout dit, nos rêves et nos peines
Avec un flot de mots, posture fellinienne,
Alors nous fûmes las de cette logorrhée.
Le délicat silence était à explorer.
Avec un flot de mots, posture fellinienne,
Alors nous fûmes las de cette logorrhée.
Le délicat silence était à explorer.
jeudi 21 juillet 2016
Être
Je suis le pâtre et ses brebis, l’herbe d’estive,
Un torrent fou qui part au-delà de ses rives,
Un nuage qui dans le ciel, à peine né,
File sur le bleu de l’été, tout effréné.
Un torrent fou qui part au-delà de ses rives,
Un nuage qui dans le ciel, à peine né,
File sur le bleu de l’été, tout effréné.
mercredi 20 juillet 2016
Au centre
C’est arrivé un soir, les volutes splendides
Écrivant dans le ciel les signes des sylphides.
Alors les éléments, convoqués par les Dieux,
N’ont, de la roue du temps, laissé que le moyeu.
Écrivant dans le ciel les signes des sylphides.
Alors les éléments, convoqués par les Dieux,
N’ont, de la roue du temps, laissé que le moyeu.
mardi 19 juillet 2016
Ariège
La montagne est patiente. Accrochée à ses flancs,
Le mur de pierres sèches, même un peu branlant,
Tient ferme la terrasse, à présent inutile,
Attendant le retour des paysans habiles.
Le mur de pierres sèches, même un peu branlant,
Tient ferme la terrasse, à présent inutile,
Attendant le retour des paysans habiles.
lundi 18 juillet 2016
Ail
Mes mains fouillent l’humus et plantent les aulx roses
En regardant le ciel, dans une terre enclose,
Un plessis d’acacia de mon autre jardin.
Le rougequeue bavarde et s’envole soudain.
En regardant le ciel, dans une terre enclose,
Un plessis d’acacia de mon autre jardin.
Le rougequeue bavarde et s’envole soudain.
dimanche 17 juillet 2016
Somme d’été
Le soleil est colère et me point rudement,
Il me faut fuir cet astre en quelque lieu dormant,
Ce bois touffu qu’en plein mitan de la journée
Je gagne, où je me laisse au sommeil entraîner.
Il me faut fuir cet astre en quelque lieu dormant,
Ce bois touffu qu’en plein mitan de la journée
Je gagne, où je me laisse au sommeil entraîner.
samedi 16 juillet 2016
S’accepter
Nous avons déposé nos armes sur la table,
Y compris les mots durs, formules implacables.
Un silence gêné s’installe. Un peu de thé.
Nos regards sont enfin dans la sincérité.
Y compris les mots durs, formules implacables.
Un silence gêné s’installe. Un peu de thé.
Nos regards sont enfin dans la sincérité.
vendredi 15 juillet 2016
Perpétuité
Je cherchais ce qui dure, incidemment, autour,
Épitaphe gravée de lettres aux contours
Incertains, bouquet las d’immortelles fragiles
Et je vis l’hirondelle aux figures agiles.
Épitaphe gravée de lettres aux contours
Incertains, bouquet las d’immortelles fragiles
Et je vis l’hirondelle aux figures agiles.
jeudi 14 juillet 2016
Veillée
Le volet claque au vent, bruit sourd contre la pierre,
Il est minuit peut-être et, quelque part sur Terre,
Une flamme de lampe à huile monte droit,
Sous le regard d’un homme en prière, qui croit.
Il est minuit peut-être et, quelque part sur Terre,
Une flamme de lampe à huile monte droit,
Sous le regard d’un homme en prière, qui croit.
mercredi 13 juillet 2016
À tout vent
Dans mon jardin, j’avais mis des larmes secrètes,
Y ont poussé des fleurs, des œillets de poète,
Après la fleur, la graine, une bien belle mort…
Aussi des mots passés je n’ai pas de remords.
Y ont poussé des fleurs, des œillets de poète,
Après la fleur, la graine, une bien belle mort…
Aussi des mots passés je n’ai pas de remords.
mardi 12 juillet 2016
Essentiel
Je me suis dépouillé (combien je fus rétif)
De choses superflues, pour l’unique motif
Que la vie sans faillir me presse d’être vrai,
Que le froment s’étouffe au milieu de l’ivraie.
De choses superflues, pour l’unique motif
Que la vie sans faillir me presse d’être vrai,
Que le froment s’étouffe au milieu de l’ivraie.
lundi 11 juillet 2016
Image
Tu lisses tes cheveux d’une main longue et belle,
Imaginant que tes accroche-cœurs rebelles
Éloignent les esprits que tu voudrais si près.
Mais qu’en sais-tu ? Le monde est-il dans le portrait ?
Imaginant que tes accroche-cœurs rebelles
Éloignent les esprits que tu voudrais si près.
Mais qu’en sais-tu ? Le monde est-il dans le portrait ?
dimanche 10 juillet 2016
Cible
Être à la fois l’archer à la flèche invincible
Et filer au-devant, pour en être la cible :
Étrange cauchemar, comme un autoportrait,
Tout de ma vie n’étant que de tirer un trait.
Et filer au-devant, pour en être la cible :
Étrange cauchemar, comme un autoportrait,
Tout de ma vie n’étant que de tirer un trait.
samedi 9 juillet 2016
Effroi des roses
Dans la fraîcheur du soir s’endort le jardin clos.
Ses dix boutons de rose non encore éclos
Rêvent de s’échapper au-delà des murailles
Et de s’enfuir très loin du jardinier qui taille.
Ses dix boutons de rose non encore éclos
Rêvent de s’échapper au-delà des murailles
Et de s’enfuir très loin du jardinier qui taille.
vendredi 8 juillet 2016
Excalibur
La forge d’Avalon cogne dans mes oreilles
Où Galan sait férir, il n’a pas son pareil,
L’acier nu de l’épée qui si bien tranche et tue.
Sur l’île de granit, il n’est d’autre vertu.
Où Galan sait férir, il n’a pas son pareil,
L’acier nu de l’épée qui si bien tranche et tue.
Sur l’île de granit, il n’est d’autre vertu.
jeudi 7 juillet 2016
Laie
La forêt de bambous s’élève vers le ciel
Oscillant çà et là sous le souffle essentiel
De l’esprit tutélaire et l’air me fait défaut :
Courir pour échapper, mortel, à cette faux.
Oscillant çà et là sous le souffle essentiel
De l’esprit tutélaire et l’air me fait défaut :
Courir pour échapper, mortel, à cette faux.
mercredi 6 juillet 2016
Nicotine
La minute se tait, la cigarette fume,
Il te faut ce moment qui simple se consume,
Un petit bout de vie que le plaisir retient
Dans le flot sans couleurs des jours, du quotidien.
Il te faut ce moment qui simple se consume,
Un petit bout de vie que le plaisir retient
Dans le flot sans couleurs des jours, du quotidien.
mardi 5 juillet 2016
Chuchotis
Vous murmurez en bas, dans le hall à colonnes
Et le bruit de la soie sur votre corps résonne
À l’unisson, l’écho de tout cela s’étend
Sans que ne soit le sens, harmonie de l’instant.
Et le bruit de la soie sur votre corps résonne
À l’unisson, l’écho de tout cela s’étend
Sans que ne soit le sens, harmonie de l’instant.
lundi 4 juillet 2016
Inspiration
Tu tiens dans ta main droite un stylo-plume noir,
Tes avant-bras posés sur le sous-main, sans voir
La feuille de papier vergé qui te fait face,
Embarquée dans un monde aux images fugaces.
Tes avant-bras posés sur le sous-main, sans voir
La feuille de papier vergé qui te fait face,
Embarquée dans un monde aux images fugaces.
dimanche 3 juillet 2016
Apparences
Les cadres, les miroirs, les ombres fugitives
Escortant la pâleur de trois âmes chétives
Ont fait surgir en moi des souvenirs lointains,
S’élevant lentement des gouffres du destin.
Escortant la pâleur de trois âmes chétives
Ont fait surgir en moi des souvenirs lointains,
S’élevant lentement des gouffres du destin.
samedi 2 juillet 2016
L’orée des ténèbres
La lumière caresse étrangement l’espace
En jouant sur les murs et la grande rosace,
Illuminant parfois les verres colorés
Des vitraux que les ombres veulent dévorer.
En jouant sur les murs et la grande rosace,
Illuminant parfois les verres colorés
Des vitraux que les ombres veulent dévorer.
vendredi 1 juillet 2016
Purge
À tituber ainsi au bord de la Tamise,
Il se pourrait qu’un verre ne soit plus de mise
Et pourtant tout s’effondre et vous incite à boire
Ces verres d’alcool blanc qui vous finissent noir.
Il se pourrait qu’un verre ne soit plus de mise
Et pourtant tout s’effondre et vous incite à boire
Ces verres d’alcool blanc qui vous finissent noir.
jeudi 30 juin 2016
Air en terrasse
Ce vieil air traîne sur la place poussiéreuse,
Une chanson qui flâne et qui te rend songeuse,
Un solo de banjo finit la mélodie :
J’ai osé entré dans ton rêve… est-ce interdit ?
Une chanson qui flâne et qui te rend songeuse,
Un solo de banjo finit la mélodie :
J’ai osé entré dans ton rêve… est-ce interdit ?
mercredi 29 juin 2016
En joue
Toute d’argent, la crosse, finement niellée,
Précède le canon de sa courbe enroulée
Qui pointe élégamment vers un homme saisi
De terreur : la beauté de l’objet non choisi.
Précède le canon de sa courbe enroulée
Qui pointe élégamment vers un homme saisi
De terreur : la beauté de l’objet non choisi.
mardi 28 juin 2016
Pierre dure
Le soleil prend de l’or aux pierres abbatiales.
Au bord des murs épais sont gravés quelques dalles
Où gisent les défunts célèbres du moûtier.
Sur les stèles, les noms se perdent à moitié.
Au bord des murs épais sont gravés quelques dalles
Où gisent les défunts célèbres du moûtier.
Sur les stèles, les noms se perdent à moitié.
lundi 27 juin 2016
Sans visibilité
Les murs sont tout autour, aucun d’eux ne se voit.
L’invisibilité fait que je me fourvoie,
Pieds nus dans un désert de cailloux et de djinns,
Est-ce un rêve, un mystère ? Au bord, je m’imagine…
L’invisibilité fait que je me fourvoie,
Pieds nus dans un désert de cailloux et de djinns,
Est-ce un rêve, un mystère ? Au bord, je m’imagine…
dimanche 26 juin 2016
Hermitage
Nul ne l’a jamais vue, la hutte de l’hermite,
Elle est furtive, au creux d’une forêt inscrite
En un repli du temps. Lui veille sur le seuil,
Dans le regard d’un geai, d’un loup, d’un écureuil.
Elle est furtive, au creux d’une forêt inscrite
En un repli du temps. Lui veille sur le seuil,
Dans le regard d’un geai, d’un loup, d’un écureuil.
samedi 25 juin 2016
Aux heures vives
Nous nous tenions dans les remous de la pavane,
Enlacés comme aux premiers jours en filigrane
Et nos mains sur nos corps l’un vers l’autre pressées
Prenaient à tout jamais soin de nos cœurs blessés.
Enlacés comme aux premiers jours en filigrane
Et nos mains sur nos corps l’un vers l’autre pressées
Prenaient à tout jamais soin de nos cœurs blessés.
vendredi 24 juin 2016
Minor swing
Au-delà de la baie du bar joue Angelo,
J’appuie mon nez, mes mains sur la vitre. En solo,
Le maître, sans me voir, a son swing de légende,
Alors le sommeil file… Il faut que je me rende.
J’appuie mon nez, mes mains sur la vitre. En solo,
Le maître, sans me voir, a son swing de légende,
Alors le sommeil file… Il faut que je me rende.
jeudi 23 juin 2016
Ton fleuve
Le fleuve sous la brise a des senteurs de brumes.
Assise près de lui, silencieuse tu fumes
Et tes pensées s’en vont, fugaces, au fil de l’eau,
Fuyant les vains regrets et les premiers sanglots.
Assise près de lui, silencieuse tu fumes
Et tes pensées s’en vont, fugaces, au fil de l’eau,
Fuyant les vains regrets et les premiers sanglots.
mercredi 22 juin 2016
Fluide
C’est l’eau ! C’est l’eau ! Le violoncelle aux ailes mues
Par le désir d’une onde fraîche d’un vieux mu-
Sicien qui joue sur le trottoir une sonate
Au milieu d’une foule indifférente, ingrate.
Par le désir d’une onde fraîche d’un vieux mu-
Sicien qui joue sur le trottoir une sonate
Au milieu d’une foule indifférente, ingrate.
mardi 21 juin 2016
Désir d’être
Dessinée de la sorte à grands traits de fusain,
Tu donnes de l’ampleur à ce format raisin
Derrière la vitrine. Inquiète tu compares
Ainsi les deux reflets : l’un et l’autre t’effarent.
Tu donnes de l’ampleur à ce format raisin
Derrière la vitrine. Inquiète tu compares
Ainsi les deux reflets : l’un et l’autre t’effarent.
lundi 20 juin 2016
Matérialité
Maudits soient les objets au fond desquels se tient
La déraison du temps. L’entropie n’appartient
À personne. Il suffit d’un rayon pour le rêve,
Onde au-delà du monde, au pas des heures brèves.
La déraison du temps. L’entropie n’appartient
À personne. Il suffit d’un rayon pour le rêve,
Onde au-delà du monde, au pas des heures brèves.
dimanche 19 juin 2016
Nona
Je sens la jeune parque à sa quenouille vaine,
Aux jours donnant du fil à retordre sans haine.
À la moindre seconde, elle donne la vie
Ou la reprend, selon le tour de son envie.
Aux jours donnant du fil à retordre sans haine.
À la moindre seconde, elle donne la vie
Ou la reprend, selon le tour de son envie.
samedi 18 juin 2016
Rêve d’estive
Les soulanes tenues par les pierres dansaient
Parfois sous le soleil, tout au long des lacets.
Je montais lentement au-dessus de l’asphalte
En rêvant de n’avoir jamais à faire halte.
Parfois sous le soleil, tout au long des lacets.
Je montais lentement au-dessus de l’asphalte
En rêvant de n’avoir jamais à faire halte.
vendredi 17 juin 2016
Loudenvielle
Même les gris du lac sous le ciel en bataille
Ont des rides jolies, scintillantes entailles,
Et les canards colverts plongent sans s’inquiéter
De la pluie qui redouble en ce début d’été.
Ont des rides jolies, scintillantes entailles,
Et les canards colverts plongent sans s’inquiéter
De la pluie qui redouble en ce début d’été.
jeudi 16 juin 2016
Limite
Il était stationné juste au bord de la route,
Un camping-car usé qui était là sans doute
Ainsi depuis longtemps. Quelques rêves filtraient
Par les vitres ternies, suivis de maints regrets.
Un camping-car usé qui était là sans doute
Ainsi depuis longtemps. Quelques rêves filtraient
Par les vitres ternies, suivis de maints regrets.
mercredi 15 juin 2016
Air et terre
Le souffle se dilate au fur et à mesure,
Il suffit d’un sommet dans le rose qui dure,
Un lotier jaune et feu qui hoche lentement
Ses délicates fleurs. Dans le col, rien ne ment.
Il suffit d’un sommet dans le rose qui dure,
Un lotier jaune et feu qui hoche lentement
Ses délicates fleurs. Dans le col, rien ne ment.
mardi 14 juin 2016
Dans les hauts
Les beaux ors des genêts entre les asphodèles
Oscillent sous le vent et le ciel en dentelles.
Il pleut. Dans le lointain, la neige est encor là.
Je suis un milan noir et je vole au-delà.
Oscillent sous le vent et le ciel en dentelles.
Il pleut. Dans le lointain, la neige est encor là.
Je suis un milan noir et je vole au-delà.
lundi 13 juin 2016
Ceux qui vont
Sous leur pesant manteau tissé de certitude,
Ils vont droit vers la mort, mais jamais ne dénudent
Un cœur qui se veut dur, qui simplement n’est pas
Dans le néant des jours martelé sous leurs pas.
Ils vont droit vers la mort, mais jamais ne dénudent
Un cœur qui se veut dur, qui simplement n’est pas
Dans le néant des jours martelé sous leurs pas.
dimanche 12 juin 2016
Émotion
La foule s’est massée sur la petite place
Où le vieux musicien joue de la contrebasse.
Au-dessus, la statue de bronze a laissé choir
Une larme qui brille au milieu du trottoir.
Où le vieux musicien joue de la contrebasse.
Au-dessus, la statue de bronze a laissé choir
Une larme qui brille au milieu du trottoir.
samedi 11 juin 2016
Ellipse
Lorsque tu m’as dit tu, dans cette chambre, tard,
Piètre, je me suis tu, te prisant dans cet art
De raccourcir la phrase et la jupe écossaise
Au point que tu embrases avec très peu de braise.
Piètre, je me suis tu, te prisant dans cet art
De raccourcir la phrase et la jupe écossaise
Au point que tu embrases avec très peu de braise.
vendredi 10 juin 2016
Posthume
Pierre à pierre, il monta la maison chaotique
Et des formes naissaient de ses mains poétiques,
Encore suspendues dans l’azur inquiétant.
Il mourut. Je m’y perds encor, de temps en temps.
Et des formes naissaient de ses mains poétiques,
Encore suspendues dans l’azur inquiétant.
Il mourut. Je m’y perds encor, de temps en temps.
jeudi 9 juin 2016
Magnitude
Le vertige d’en haut me laisse dans la danse
Élégante des nuits, de cette consistance
À peine dévoilée des étoiles ténues.
L’espace me sidère, en suis-je revenu ?
Élégante des nuits, de cette consistance
À peine dévoilée des étoiles ténues.
L’espace me sidère, en suis-je revenu ?
mercredi 8 juin 2016
Au bord du lac
Y revenir était comme une renaissance,
Un reflet sur le lac avait une nuance
Étrange de douceur tintée de déraison.
Les fantômes jouaient pieds nus sur le gazon.
Un reflet sur le lac avait une nuance
Étrange de douceur tintée de déraison.
Les fantômes jouaient pieds nus sur le gazon.
mardi 7 juin 2016
Vol de nuit
La pipistrelle vole au milieu de la cour
Aux heures de la nuit, faisant mille détours
Pour éviter les fils qu’elle seule devine,
Alors mon insomnie s’étend. Je m’imagine…
Aux heures de la nuit, faisant mille détours
Pour éviter les fils qu’elle seule devine,
Alors mon insomnie s’étend. Je m’imagine…
lundi 6 juin 2016
Sous le vent
Mo balayait la rue, dans sa robe en velours
Avec désinvolture un jour de soleil lourd,
Les papiers gras faisaient sous l’assaut mille feintes,
Au ciel, les martinets jouaient sans nulle crainte.
Avec désinvolture un jour de soleil lourd,
Les papiers gras faisaient sous l’assaut mille feintes,
Au ciel, les martinets jouaient sans nulle crainte.
dimanche 5 juin 2016
À genoux
La poussière au soleil lentement se dépose
Et le temps se complaît en la chapelle close
À tenir corps et âme au bord du Tout, saisis
Par cet instant secret que l’on n’a pas choisi.
Et le temps se complaît en la chapelle close
À tenir corps et âme au bord du Tout, saisis
Par cet instant secret que l’on n’a pas choisi.
Déambulation
Les rues sont maquillées de néons impudiques
Où tu marches sans fin. Les ombres spasmodiques
Entourent ton corps frêle en gardes rapprochés.
Les pavés sont si loin de tes talons perchés.
Où tu marches sans fin. Les ombres spasmodiques
Entourent ton corps frêle en gardes rapprochés.
Les pavés sont si loin de tes talons perchés.
vendredi 3 juin 2016
Verre à moitié
Je ne dis rien de l’heure, il faisait déjà nuit,
Le silence glissait sur les rails de l’ennui,
Chacun dans son ghetto d’infimes certitudes.
Encore un peu de vin. La vérité s’élude.
Le silence glissait sur les rails de l’ennui,
Chacun dans son ghetto d’infimes certitudes.
Encore un peu de vin. La vérité s’élude.
jeudi 2 juin 2016
Cosmicité
Les étoiles par deux vont toujours, paraît-il,
Comme tes yeux fixés sur le monde subtil
Dont tu te joues sans fin, moi gravitant dans l’ombre,
Essayant de mourir, que tu te désencombres.
Comme tes yeux fixés sur le monde subtil
Dont tu te joues sans fin, moi gravitant dans l’ombre,
Essayant de mourir, que tu te désencombres.
mercredi 1 juin 2016
Assaut
Lame d’estoc auprès de qui je me confie,
Étincelante et sombre, il te faut ce défi,
De percer la muraille aux runes agressives
Et d’ouvrir un chemin vers cette terre vive.
Étincelante et sombre, il te faut ce défi,
De percer la muraille aux runes agressives
Et d’ouvrir un chemin vers cette terre vive.
mardi 31 mai 2016
Sortir
Une escarboucle bleue
dans le sol enfouie
Sommeilla tant d’hivers
sous l’éteule rouie
Qu’elle ne crut
pouvoir atteindre la surface
Il suffit d’un
caillou pour vaincre son audace.
lundi 30 mai 2016
Multitude
Les êtres se côtoient comme des grains de sable,
À se frotter l’un l’autre en légions innombrables
Et le sablier coule inexorablement,
Passant du tout au tout chacun des éléments.
À se frotter l’un l’autre en légions innombrables
Et le sablier coule inexorablement,
Passant du tout au tout chacun des éléments.
dimanche 29 mai 2016
D’ici
C’est tout. La vitre est sale et les temps sont petits.
Le paysage fond dans l’or anéanti
De l’espérance, loin. Les nuages défilent
En lourds convois cendrés. Je me perds dans les îles.
Le paysage fond dans l’or anéanti
De l’espérance, loin. Les nuages défilent
En lourds convois cendrés. Je me perds dans les îles.
samedi 28 mai 2016
Pluvieuse
Les os de la ribaude ont du mal à tenir
La chair encore chaude et le charme à venir.
La pluie sur le pavé trempe les escarpins,
Fait couler le rimmel et le sourire peint.
La chair encore chaude et le charme à venir.
La pluie sur le pavé trempe les escarpins,
Fait couler le rimmel et le sourire peint.
vendredi 27 mai 2016
Mes oliviers
De l’an des oliviers la mémoire s’estompe
Où tu marchais, menue, avant que tu ne rompes
Et le soleil dardait les feuilles argentées,
Avec cette folie des astres éreintés.
Où tu marchais, menue, avant que tu ne rompes
Et le soleil dardait les feuilles argentées,
Avec cette folie des astres éreintés.
jeudi 26 mai 2016
Tel un fétu
Il perdit le bon vent, le courant, l’espérance
Au noir soleil de mai, rien ne lui portait chance
En mer, sur son esquif en bois de jatoba.
La vie se fit bien vaine en ce dernier combat…
Au noir soleil de mai, rien ne lui portait chance
En mer, sur son esquif en bois de jatoba.
La vie se fit bien vaine en ce dernier combat…
mercredi 25 mai 2016
Séchez vos larmes
L’orient de vos yeux des larmes se sublime,
Un carré de tissu peut tirer de l’abîme.
Il m’est venu d’instinct ce geste d’amitié,
L’indifférence tue dans ce joli quartier.
Un carré de tissu peut tirer de l’abîme.
Il m’est venu d’instinct ce geste d’amitié,
L’indifférence tue dans ce joli quartier.
mardi 24 mai 2016
Mise en garde
Les flèches bleues des scythes s’envolent encor
En nuages guerriers qui transpercent les corps.
Ne prenez pas ce jour le chemin de la steppe
À moins d’être attiré par ces féroces guêpes.
En nuages guerriers qui transpercent les corps.
Ne prenez pas ce jour le chemin de la steppe
À moins d’être attiré par ces féroces guêpes.
lundi 23 mai 2016
Interlope
Le chat, seul maître du silence, oublie le temps,
Une panthère dans son rêve, va guettant
Les proies qu’elle devine, impuissantes fourrures.
Il s’éveille et son rêve étrangement perdure.
Une panthère dans son rêve, va guettant
Les proies qu’elle devine, impuissantes fourrures.
Il s’éveille et son rêve étrangement perdure.
dimanche 22 mai 2016
Saut du lit
Les matins bleus de Cros chassent les noirs hivers
Qui de tristes pensées prennent pied sur mes vers.
Un rouge-queue se tient, distant sur la clôture,
En sandales je pars muser dans la nature.
Qui de tristes pensées prennent pied sur mes vers.
Un rouge-queue se tient, distant sur la clôture,
En sandales je pars muser dans la nature.
samedi 21 mai 2016
Farce
L’infatué jobard dont les outrances molles
Empeste la saison (qui s’y frotte s’y colle)
Affirme à tous les vents que le monde est soumis
Aux lois de la finance : où est l’économie ?
Empeste la saison (qui s’y frotte s’y colle)
Affirme à tous les vents que le monde est soumis
Aux lois de la finance : où est l’économie ?
vendredi 20 mai 2016
Noire sylve
Le roi est nu sans les feuilles de la forêt
Vertes ou brunes, qui murmurent sans arrêt.
Sous ses pieds poussent les racines de l’aurore,
Aux cordes raides se complaît la mandragore.
Vertes ou brunes, qui murmurent sans arrêt.
Sous ses pieds poussent les racines de l’aurore,
Aux cordes raides se complaît la mandragore.
jeudi 19 mai 2016
Rênes
La vie se fait rétive, un bout de cœur se tend,
L’âme est tenue captive au fond d’un noir étang
Les foules sont pressées dans l’étau des chimères
Et je compte, lassé, les jours en éphémère.
L’âme est tenue captive au fond d’un noir étang
Les foules sont pressées dans l’étau des chimères
Et je compte, lassé, les jours en éphémère.
mercredi 18 mai 2016
Vue plongeante
Tu t’es assise là, dans le creux d’un rocher
Te reposer un peu, d’avoir si haut perché
Tes rêves. Tu contemples la vallée fiévreuse
Où file un torrent plein de larmes sinueuses.
Te reposer un peu, d’avoir si haut perché
Tes rêves. Tu contemples la vallée fiévreuse
Où file un torrent plein de larmes sinueuses.
mardi 17 mai 2016
Vaguelettes
Le lac, de la jetée, murmure des histoires.
Aux caresses du vent remonte la mémoire.
Assise tout au bord, tu écoutes et tu vis,
Bercée par les reflets d’ondoyantes envies.
Aux caresses du vent remonte la mémoire.
Assise tout au bord, tu écoutes et tu vis,
Bercée par les reflets d’ondoyantes envies.
lundi 16 mai 2016
Entrée en matière
Les feuillets d’une lettre ont glissé de la table
Inexorablement, comme si quelque diable
Avait soufflé dessus, mais pas le moindre vent
Coulis. L’être se tait : l’objet prend les devants.
Inexorablement, comme si quelque diable
Avait soufflé dessus, mais pas le moindre vent
Coulis. L’être se tait : l’objet prend les devants.
dimanche 15 mai 2016
Dissipation
À la porte du temps, des bambous s’entrechoquent,
Accompagnant le fou qui du seuil soliloque
Et son chant me dépouille imperceptiblement
De ce moi qui n’est pas, de cet être qui ment.
Accompagnant le fou qui du seuil soliloque
Et son chant me dépouille imperceptiblement
De ce moi qui n’est pas, de cet être qui ment.
samedi 14 mai 2016
Pesanteur
Le monde est lourd, je sens les masses des montagnes
Et les torrents qui rudement les accompagnent.
Au cœur du roc, il y a cette vérité
Qui ne se peut en aucune façon dompter.
Et les torrents qui rudement les accompagnent.
Au cœur du roc, il y a cette vérité
Qui ne se peut en aucune façon dompter.
vendredi 13 mai 2016
Entre amis
Petite histoire sans parole, une amie doute
Et son silence dit trop bien notre déroute,
Est-il temps de crever le ciel de nos émois
Pour qu’à nouveau la joie s’étende d’elle à moi ?
Et son silence dit trop bien notre déroute,
Est-il temps de crever le ciel de nos émois
Pour qu’à nouveau la joie s’étende d’elle à moi ?
jeudi 12 mai 2016
De l’intérieur
Qui peut douter de l’ombre et des chuchotements ?
Le silence a rongé les derniers ossements
De notre incertitude. Il nous faut de l’étrange.
Un fait : notre cerveau tout bonnement dérange.
Le silence a rongé les derniers ossements
De notre incertitude. Il nous faut de l’étrange.
Un fait : notre cerveau tout bonnement dérange.
mercredi 11 mai 2016
Danse de la pluie
À l’orée du désert et des pâtures vaines,
Arrivent les danseurs pour la dernière scène.
Où la pluie fait défaut depuis bien des années,
La prière des pieds saura la ramener !
Arrivent les danseurs pour la dernière scène.
Où la pluie fait défaut depuis bien des années,
La prière des pieds saura la ramener !
mardi 10 mai 2016
Roncier
Les ronces m’ont trahi, laissant sur une main
Quelques gouttes de sang, de ce rouge carmin
Dont tu aimes parer les cols de tes chemises
Et tu ris de me voir confus dans cette mise.
Quelques gouttes de sang, de ce rouge carmin
Dont tu aimes parer les cols de tes chemises
Et tu ris de me voir confus dans cette mise.
lundi 9 mai 2016
Paso
Tes yeux comme tes mains, sur les pages d’un livre,
Explorent les contrées dont les parfums enivrent.
En frissonnant tu chantes un air de saeta,
Tout près la foule porte une immense piétà.
Explorent les contrées dont les parfums enivrent.
En frissonnant tu chantes un air de saeta,
Tout près la foule porte une immense piétà.
dimanche 8 mai 2016
Traque
Dans cette peupleraie les allées sont trop droites
Où des êtres errant dans les ombres convoitent,
Avides, les humains qui se perdent de peur.
Le feuillage se tait. Les sous-bois sont trompeurs.
Où des êtres errant dans les ombres convoitent,
Avides, les humains qui se perdent de peur.
Le feuillage se tait. Les sous-bois sont trompeurs.
samedi 7 mai 2016
Miracle
Il regardait là-haut tous les flocons de neige.
À ses cris, se rompaient cent mille sortilèges,
Une joie de montagne en son être montait,
Du fou naissait le sage : Aziz au ciel chantait.
À ses cris, se rompaient cent mille sortilèges,
Une joie de montagne en son être montait,
Du fou naissait le sage : Aziz au ciel chantait.
vendredi 6 mai 2016
Promenade
Le vieux parc a des airs de cimetière anglais
Je te devine là, cachée dans la tremblaie,
Peut-être as-tu pensé que j’étais un fantôme
Et peut-être est-ce vrai. Le monde est monochrome.
Je te devine là, cachée dans la tremblaie,
Peut-être as-tu pensé que j’étais un fantôme
Et peut-être est-ce vrai. Le monde est monochrome.
jeudi 5 mai 2016
Invite
Les brebis du Portet paissent en pointillé
Dans les soulanes, loin. Je n’ai pas oublié.
Passé le vent coulis, j’ai débarré la porte,
Il y a comme un air qui dans l’azur m’exhorte.
Dans les soulanes, loin. Je n’ai pas oublié.
Passé le vent coulis, j’ai débarré la porte,
Il y a comme un air qui dans l’azur m’exhorte.
mercredi 4 mai 2016
Désir
L’éclat de tes yeux gris, sans même que tu dises
Un mot, trahit si bien la fine gourmandise
À laquelle tu feins de ne pas succomber…
La voile dans le vent ne peut se dérober.
Un mot, trahit si bien la fine gourmandise
À laquelle tu feins de ne pas succomber…
La voile dans le vent ne peut se dérober.
mardi 3 mai 2016
De part et d’autre
Les murs de verre hélas entre nous sont de mise
Aussi loin que l’on aille, écrans qui nous divisent
Imperceptiblement, qui font de nos ailleurs
Des intimes trahis : intérieur, extérieur ?
Aussi loin que l’on aille, écrans qui nous divisent
Imperceptiblement, qui font de nos ailleurs
Des intimes trahis : intérieur, extérieur ?
lundi 2 mai 2016
Parade
Quand la poussière d’or du cirque, délicate,
Illumine la place, et que les acrobates
En parade joyeuse haranguent les badauds,
Mes souvenirs d’enfance émergent crescendo…
Illumine la place, et que les acrobates
En parade joyeuse haranguent les badauds,
Mes souvenirs d’enfance émergent crescendo…
dimanche 1 mai 2016
Gratte-ciel
L’azur de mon entour, d’émail céruléen
Se vêt. Quel est l’oiseau, dans cet empyrée im-
Probable, qui s’y tient ? L’artifice m’afflige,
Immeubles arrogants, rien de vous ne m’oblige.
Se vêt. Quel est l’oiseau, dans cet empyrée im-
Probable, qui s’y tient ? L’artifice m’afflige,
Immeubles arrogants, rien de vous ne m’oblige.
samedi 30 avril 2016
Hors temps
Sans le temps la pensée n’est qu’une lettre morte
Et de cette mort même il faut chercher la porte.
Où la chair est témoin, qui toujours se corrompt,
Le secret du non-être est dans les environs.
Et de cette mort même il faut chercher la porte.
Où la chair est témoin, qui toujours se corrompt,
Le secret du non-être est dans les environs.
vendredi 29 avril 2016
Frisson
Un peu de ta chaleur me manque dans ce temps
De frimas sans refuge et de pâles étangs.
Une photo de nous, la voix de Barbara,
Rien de ce qui était ne dit ce qui sera.
De frimas sans refuge et de pâles étangs.
Une photo de nous, la voix de Barbara,
Rien de ce qui était ne dit ce qui sera.
jeudi 28 avril 2016
Trop plein
La mollesse des jours amortit les assauts
Des âmes s’agitant encor dans les monceaux
De choses. La mienne a pris son vol, irréelle,
Une âme qui s’enfuit dans un battement d’ailes.
Des âmes s’agitant encor dans les monceaux
De choses. La mienne a pris son vol, irréelle,
Une âme qui s’enfuit dans un battement d’ailes.
mercredi 27 avril 2016
Chasse
Le tigre à pas feutrés dans la roseraie passe.
Et les roses, de son indifférence lasses,
Éraflent le félin de leurs épines drues…
À peine les sent-il tant vers sa proie se rue.
Et les roses, de son indifférence lasses,
Éraflent le félin de leurs épines drues…
À peine les sent-il tant vers sa proie se rue.
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